Euro 2016 : qui est le vrai patron des Bleus ?
Certains observateurs reprochent à la France de manquer de meneur sur le terrain et en dehors. Francetv info épluche les profils des Bleus pour tenter de trouver le vrai patron.
L'Italie a Gianluigi Buffon, le Portugal a Cristiano Ronaldo... Mais chez les Bleus, qui s'impose dans le groupe et remet les pendules à l'heure ? Sur le terrain et en dehors, personne n'a jamais succédé à Zinédine Zidane, dont l'aura a longtemps galvanisé le groupe, lui permettant de soulever une Coupe du monde et une Coupe d'Europe. Alors que les Bleus comptent de nombreux talents, francetv info tente de découvrir leur vrai meneur, capable de les emmener à la victoire finale, le 10 juillet prochain. Plongée dans la vie d'un groupe.
Didier Deschamps : patron paternaliste
Didier Deschamps multiplie les changements tactiques, depuis le début de l'Euro. Certains l'accusent de "naviguer à vue", d'autres vantent au contraire ses capacités d'adaptation. Ce débat sera tranché lors des prochains matchs. En attendant, le sélectionneur a su mettre en place un rapport d'autorité avec ses principales individualités. Après avoir rappelé Antoine Griezmann et Paul Pogba, décevants contre la Roumanie, il les a même alignés sur le banc, contre l'Albanie. A l'entraînement, rapporte Metronews, il est encore capable d'une gueulante contre le milieu de la Juve, coupable d'avoir dévissé une frappe.
Surtout, le sélectionneur défend bec et ongles son groupe, quitte à entretenir des rapports parfois tendus avec la presse. "Didier Deschamps pourrait décrocher un master de gestion de groupe", estime même la presse italienne, qui vante sa capacité à étouffer les polémiques et les états d'âme de ses joueurs. Contrôle positif de Sakho, polémique autour de Benzema, blessures de joueurs... Le sélectionneur a tenu la barre, au cours de semaines agitées. C'est le rôle d'un entraîneur, dites-vous ? Alors, poursuivons.
Hugo Lloris : patron officiel
Et le capitaine ? Face à l'Irlande, Hugo Lloris a battu le record du nombre de matchs passés avec le brassard autour du bras (55 rencontres). Discret et réservé, le gardien de Tottenham s'est imposé au fil des matchs, mais sans jamais imposer sa griffe auprès du grand public. En conférence de presse, son discours est rodé, parfois lisse. Et rares sont les occasions où il fait parler la poudre. "Passer pour des abrutis comme ça, ça n'est pas acceptable", avait-il toutefois lâché, lors d'une défaite mémorable contre l'Albanie, en amical.
Parfois décrit comme un joueur effacé, Hugo Lloris n'est pas dupe. "Il faut savoir que je me protège du monde extérieur, explique-t-il au Parisien. Ce n’est pas une marque de faiblesse d’être discret, c’est un trait de caractère." S'il est moins disert que certains de ses coéquipiers, le sélectionneur n'a pas la moindre envie de lui retirer son brassard. "Il ne parle pas tout le temps mais quand il a quelque chose à dire, il le dit et le fait entendre, explique Didier Deschamps. Il a plus d'assurance." Le portrait manque un peu d'autorité, ce qui n'enlève rien à la classe de ses arrêts.
Patrice Evra : patron déchu (mais patron quand même)
Son prédécesseur, Patrice Evra, lui, n'a plus jamais enfilé le brassard depuis le fiasco de Knysna. A en croire de nombreux observateurs, pourtant, Patrice Evra est bien le patron des vestiaires. "Pour moi, le brassard, je l'ai déjà, donc ce n'est pas un problème", assure d'ailleurs le doyen des Bleus (35 ans) dans Le Parisien. Quitte à se reprendre : "Pas officiellement, hein !" Sincère ou présomptueux ? "Il n’a pas le brassard, puisque c’est Hugo, mais Pat’ a sans doute plus de facilité pour s’exprimer", reconnaît l'ancien international Rio Mavuba, cité par La Voix du Nord.
Polémique autour de Karim Benzema, mésentente à la mi-temps du match contre l'Irlande... Quand il faut défendre le groupe, le latéral monte régulièrement au créneau. "Je n'ai pas un rôle de grand frère, mais mes coéquipiers savent qu'ils peuvent compter sur moi", expliquait-il avant l'Euro. D'ailleurs, le staff admet lui-même son influence auprès de ses coéquipiers. "Pat a souvent le mot juste, il est très respecté, écouté. Il sert aussi de guide à quelques jeunes", estime Guy Stéphan, entraîneur adjoint des Bleus. Parmi eux, Paul Pogba, interrogé par Le Monde avant l'Euro : "Il sait nous parler. (...) Tu veux te battre pour des mecs comme ça."
Laurent Koscielny : patron de la défense
Patrice Evra est certes influent. Mais un patron doit être irréprochable sur le terrain. Et depuis le début de l'Euro, le taulier de la défense s'appelle Laurent Koscielny. D'un naturel plus réservé, le joueur d'Arsenal prend de plus en plus d'assurance, conforté par ses excellentes prestations, notamment contre la Suisse – où il a parfaitement muselé Breel Embolo – et contre l'Irlande – où il a même remporté 100% de ses duels. Impeccable et rassurant, alors qu'Adil Rami semble toujours hésitant. "Les leaders, ce ne sont pas ceux qui parlent, mais ceux qui sont fiables comme Laurent", résume l'entraîneur Christian Gourcuff, cité par Eurosport.
Le caractère du défenseur est de plus en plus affirmé, au fil des rencontres. "[Adil Rami] était stressé, je lui ai dit qu'il fallait qu'il reste calme", explique-t-il après le match de préparation des Bleus contre l'Ecosse. Lors de la rencontre contre l'Irlande, agacé par la performance de son binôme, Laurent Koscielny n'hésite pas à lui remonter les bretelles, rapporte Le Parisien : "Bouge tes c....... !" Encore contesté il y a quelques semaines, Laurent Koscielny a donc pris de l'assurance et affiche la couleur : "On veut gagner l'Euro !" De là à incarner le grand patron des Bleus ? Continuons.
Mandanda et Jallet : lieutenants d'expérience
Faute de patron incontestable, citons d'autres joueurs au rôle important dans le vestiaire, à l'image de Steve Mandanda, 31 ans, gardien condamné à cirer le banc. L'ancien portier de l'OM dispose toujours d'une oreille attentive auprès de Didier Deschamps, son ex-entraîneur. "J'ai un rôle particulier parce que je ne joue pas, expliquait le joueur dans L'Equipe., avant l'Euro. Mais je pense faire partie des éléments importants de ce groupe. Mon avis compte dans le vestiaire."
Egalement cantonné à un rôle de remplaçant, Christophe Jallet, 32 ans, a lui aussi élevé la voix à la mi-temps du match contre l'Irlande, selon Le Parisien et 20 Minutes. Avant le match contre l'Islande, le jeune Kinglsey Coman a d'ailleurs évoqué le rôle bénéfique du défenseur de l'OL : "Quand on voit un 'Jaja' qui crie et encourage tout le monde, on se dit qu’il faut se donner pour les supporters, mais aussi pour ces joueurs-là !" La force de l'âge ?
Pogba et Griezmann : patrons par le talent
Sans minimiser le rôle de Christophe Jallet et Steve Mandanda, difficile de revendiquer le titre de patron, quand on est remplaçant. Reste donc à étudier le cas des deux stars de l'effectif, Antoine Griezmann et Paul Pogba. Le premier la joue modeste : "Le leader, c'est le groupe" ; le second "ne qualifie pas son rôle". "Ambianceur" des vestiaires, Paul Pogba agace parfois son entraîneur, qui lui a passé un savon quand il est arrivé en claquettes au déjeuner. Qu'ils soient bons ou moins bons, pourtant, tout gravite autour des deux joueurs, à commencer par les choix tactiques de Didier Deschamps.
Pour la première fois, signale Libération, des joueurs ont d'ailleurs évoqué des problèmes de positionnement dans le vestiaire, à la mi-temps du match contre l'Irlande. Lesquels ? Mystère. A la reprise, le sélectionneur a replacé Antoine Griezmann dans l'axe, derrière Olivier Giroud, tandis que Paul Pogba évoluait devant la défense, après avoir débuté à gauche, son poste à la Juventus. Avec, pour conséquence, un doublé de l'attaquant et une prestation sobre et convaincante du milieu. Sans ces deux-là, la France a peu de chances d'aller au bout. Et si c'était ça, des patrons ?
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