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Violences policières, expulsions forcées : à Rio, les droits de l'homme victimes collatérales des JO ?

A deux jours du lancement des Jeux olympiques au Brésil, plusieurs associations accusent la ville de Rio et le Comité international olympique d'ignorer volontairement de nombreuses violations des droits de l'homme.

Article rédigé par Elise Lambert
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Des membres de l'armée brésilienne lors du défilé de présentation des forces de sécurité mobilisées pour les Jeux olympiques à Rio, le 22 juillet 2016. (MAXPP)

Le président brésilien par intérim Michel Temer a beau se dire "très tranquille" sur le déroulement des Jeux olympiques de Rio, qui débutent officiellement vendredi 5 août, les associations Amnesty International et Terre des hommes dénoncent déjà de nombreuses atteintes aux droits de l'homme dans le pays.

Des violences policières en hausse

Amnesty International a livré, mardi 2 août, un rapport accablant sur l'escalade de la violence policière dans la "Ville merveilleuse". "Il y a eu 40 morts en mai dans la ville de Rio et cela représente une hausse de 135% par rapport à mai 2015. C'est inadmissible", dénonce Renata Neder, experte en sécurité pour Amnesty. Depuis le début de l'année, plus de 100 personnes ont été tuées par la police. La plupart d'entre elles étaient des jeunes hommes noirs. En 2015, un homicide sur cinq à Rio a été commis par la police, dans une quasi-impunité, déplore également le rapport.

Des membres d'Amnesty International manifestent devant le bâtiment du Comité international olympique à Rio (Brésil), le 27 juillet, pour dénoncer les violences policières. (VANDERLEI ALMEIDA / AFP)

Une situation tristement "normale" selon l'association, qui note qu'avant chaque grand événement sportif, la violence augmente systématiquement dans cette ville de 6 millions d'habitants. "En 2007, avant les Jeux panaméricains, la police avait exécuté 19 personnes lors d'une seule opération policière (...). En 2014, année du Mondial de football, la violence a augmenté de 40% par rapport à 2013." Le directeur d'Amnesty Brésil, Atila Roque, dénonce pour sa part "de véritables opérations de guerre dans les favelas et la périphérie".

Vitor Santiago, un Brésilien de 30 ans dont l'association a recueilli le témoignage, en a fait les frais. Un soir de février 2015, alors qu'il rentrait en voiture chez lui, dans la favela Mare à Rio, des soldats sont arrivés et, sans aucune sommation, ont tiré sur la voiture. Touché par deux balles, au poumon et à la colonne vertébrale, Vitor Santiago est tombé dans le coma et est à présent hémiplégique.

Les faits divers de ce genre sont légion dans le pays et font l'objet de nombreuses vidéos. Amnesty demande aux autorités brésiliennes et au Comité international olympique (CIO) de prendre des mesures préventives pour mieux former les policiers, d'enquêter et "de punir les responsables des violations des droits de l'homme". Elle a même lancé une application pour smartphone baptisée Fogo Cruzado, qui permet aux habitants de signaler une fusillade et de dénoncer les violences policières durant les Jeux.

Des habitants expulsés de leur logement

Un Brésilien assis devant les ruines de sa maison, démolie pour laisser place aux infrastructures des Jeux olympiques, le 8 mars 2016. (YASUYOSHI CHIBA / AFP)

Depuis que Rio a obtenu l'organisation des Jeux en 2009, le ballet des pelleteuses n'a jamais cessé. En l'espace de sept ans, près de 67 000 Cariocas ont été expulsés de leur logement, décrit France Inter. Risques d'éboulement liés à la construction de nouvelles voies de transports, construction du Parc olympique... Les habitants ont été délogés afin de faire place aux infrastructures destinées aux Jeux. Selon le chercheur Lucas Faulhaber, cité par l'hebdomadaire Piaui, le maire actuel de Rio, Eduardo Paes, est l'édile qui a "le plus déplacé d'habitants dans l'histoire de la ville."

L'association Terre des hommes dénonce un déplacement des populations les plus pauvres vers la banlieue de Rio, sans aucune solution alternative, et pointe une spéculation immobilière dans ces lieux désormais "vides". Pour le Comité populaire du Mondial 2014 et des JO 2016, Rio sera une ville encore "plus injuste" après les Jeux, conséquence des expulsions, de la hausse de l'immobilier qui ne bénéficie qu'à une poignée d'entrepreneurs, et de transports insuffisants et inefficaces.

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