Affaire Bettencourt : deux journalistes du "Point" mis en examen
Franz-Olivier Giesbert et Hervé Gattegno, les directeur et rédacteur en chef de l'hebdomadaire, sont poursuivis pour atteinte à la vie privée.
La publication par Le Point, en juin 2010, d'extraits des écoutes réalisées au domicile de Liliane Bettencourt par son majordome avait fait l'effet d'une bombe. Jeudi 29 mars, le directeur et le rédacteur en chef de l'hebdomadaire, Franz-Olivier Giesbert et Hervé Gattegno, ont été mis en examen à Bordeaux pour atteinte à l'intimité de la vie privée au terme d'environ une heure et demi d'audition.
Le directeur de Mediapart, Edwy Plenel, un journaliste du site, Fabrice Arfi, et un ancien journaliste du site, Fabrice Lhomme, aujourd'hui au Monde, sont convoqués pour les mêmes raisons, le 5 avril prochain.
• Que leur reproche la justice ?
En octobre, la Cour de cassation avait estimé que l'information du public n'était pas un but légitime suffisant pour justifier la publication de ces enregistrements. Leur diffusion constituait donc une "atteinte à l'intimité de la vie privée".
Pourtant, dans un premier temps, le tribunal de Paris et la cour d'appel avaient validé ces publications des enregistrements en estimant qu'il était dans l'intérêt du public de connaître ce que des conversations entre la femme la plus riche de France et son gestionnaire de fortune, enregistrées en secret, révélaient.
• D'où viennent ces enregistrements ?
Entre mi-2009 et mi-2010, l'ancien majordome de Liliane Bettencourt avait enregistré les conversations qui se tenaient dans le salon de la milliardaire pour essayer d'obtenir la preuve que l'octogénaire, en situation de faiblesse psychique depuis septembre 2006, était escroquée par ses proches. Il avait porté ces enregistrements à la fille de l'héritière de L'Oréal, qui les avait à son tour confiés à la police.
Certains extraits de ces conversations s'étaient ensuite retrouvés le 16 juin 2010 sur le site d'information Mediapart et sur celui du Point, avant une publication dans l'hebdomadaire le lendemain. Le 1er juillet, le magazine avait par ailleurs fait paraître un cahier spécial avec de nombreux extraits de ces enregistrements. Ces bandes avaient ouvert le volet financier de l'affaire Bettencourt.
• Que révèlent-ils ?
Selon les enregistrements, l'héritière aurait fait plusieurs chèques à l'UMP. Ils suggèrent des opérations financières destinées à échapper au fisc, des immixtions de l'Elysée dans la procédure en abus de faiblesse concernant l'héritière de L'Oréal, ainsi que des liens troubles entre la milliardaire, Eric Woerth, ministre du Travail au moment de la révélation de ces écoutes, et son épouse Florence. Les enregistrements ont par ailleurs été validés le 31 janvier par la Cour de cassation, permettant ainsi leur utilisation comme preuves dans le cadre de l’affaire.
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