170 bébés tortues d'une espèce rare retrouvées sous des concombres de mer à Roissy
Il s'agit de tortues étoilées de Madagascar, une espèce menacée de disparition et prisée par les collectionneurs pour ses motifs de carapace uniques.
Quelque 170 bébés tortues étoilées de Madagascar, une espèce menacée de disparition et prisée par les collectionneurs pour ses motifs de carapace uniques, ont été saisis à l'aéroport de Roissy (Val-d'Oise). Elles étaient cachés dans des caisses de concombres de mer en transit, annonce la douane, lundi 29 décembre.
Ces 170 tortues Astrochelys radiata, une espèce en danger critique d'extinction selon l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), venaient de Madagascar et étaient destinées au Laos. Enveloppées de ruban adhésif, elles étaient dissimulées dans les doubles-fonds de caisses qui contenaient des concombres de mer, un moyen de dissimulation rappelant le trafic d'autres biens et produits très coûteux, comme les stupéfiants.
Quinze tortues sont mortes dans le transport
Le transport de spécimens de cette espèce très menacée et protégée par l'annexe 1 de la Convention de Washington est totalement interdit, sauf permis spécial. Une telle saisie à Roissy est rare, les douaniers tombant plus souvent, en matière d'animaux vivants, sur des tortues du Maghreb, moins menacées, ou des oiseaux tropicaux.
S'agissant d'une saisie "sèche", sans interpellation, il est peu probable que l'affaire ait des suites judiciaires. Sur les 170 bébés reptiles saisis le 14 décembre, 15 avaient succombé du fait de "conditions de transport particulièrement inadaptées", a précisé la douane. Les survivants ont été remis à une association spécialisée, le Village des tortues à Gonfaron (Var).
Les bébés placés en convalescence
Là, "on les a mis au chaud et on les a baignés dans un produit désinfectant", a relaté le directeur de ce centre, Bernard Devaux. "Elles ont manqué d'eau, mais il faut les réhydrater doucement pour éviter un nouveau choc", a-t-il ajouté. Les tortues juvéniles, "magnifiques mais très fragiles, avec chacune un motif de carapace différent", sont dans un premier temps nourries "de fanes de radis et d'herbes sauvages. On pourra ensuite leur donner des fruits de leur pays, comme de la mangue", a-t-il poursuivi.
Trop jeunes, avec leur poids de 20 g et leur 3 à 4 cm de diamètre, pour supporter immédiatement un deuxième vol transcontinental, ces tortues pourraient cependant, après quelques années de convalescence, retourner à Madagascar. Vivant à l'état naturel dans les forêts sèches du sud de l'île africaine, ces herbivores, qui peuvent vivre 100 ans, sont proches de l'extinction. Selon les spécialistes de l'UICN, ces tortues pourraient disparaître totalement d'ici une quarantaine d'années.
Bernard Devaux estime que chaque année, 30 000 à 50 000 tortues sont ramassées dans la nature, une partie gagnant les pays asiatiques par l'Afrique du Sud. "Elles sont considérées comme les plus belles tortues de la planète. On les voit en vente à 10 000 dollars à New York (Etats-Unis) ou à Tokyo (Japon), et la pression s'accroît car les riches Chinois aussi se mettent à la terrariophilie", se désole-t-il. "Elles représentent trop d'argent. Elles sont belles, donc elles sont chassées. A la limite, il vaudrait mieux qu'elles soient laides."
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