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Après l'histoire de l'ours Olaf au zoo d'Amnéville, trois questions sur la fin de vie des animaux en captivité

Le cadavre de l'ours polaire a été emporté "par erreur" à la déchetterie, selon le zoo d'Amnéville.

Article rédigé par Clément Parrot
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Un ours polaire au zoo d'Amnéville (Moselle), le 5 juin 2012. (JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP)

Le zoo d'Amnéville est encore une fois pointé du doigt pour ses pratiques douteuses. Animaux enterrés, eaux usées évacuées dans la nature, liste noire... Des salariés et des ex-salariés ont dénoncé la gestion de ce parc animalier de Moselle. Lundi 9 décembre, l'histoire de l'ours polaire Olaf est venue assombrir un peu plus le tableau.

L'animal, figure du zoo, est mort le 27 juillet 2018 à 31 ans. Selon France Bleu Lorraine Nord, l'établissement a tenté d'envoyer son cadavre à la déchetterie. "Nous avons refusé un cadavre d'ours le 27 juillet 2018 et nous avons signalé l'incident aux autorités", indiquent la communauté de communes de l'Arc mosellan, propriétaire de l'ISDND (Installation de stockage des déchets non dangereux) à Aboncourt, et la direction qui gère la déchetterie. Selon le service vétérinaire du parc, le cadavre de l'ours polaire y a été conduit "par erreur" . Une affaire qui interpelle sur la gestion des carcasses d'animaux par les zoos.

Que deviennent les cadavres d'animaux dans les zoos ?

"La réglementation est claire, assure à franceinfo Rodolphe Delord, directeur général du zoo de Beauval (Loir-et-Cher). Chaque animal qui décède doit faire l'objet d'une autopsie réalisée par un vétérinaire, avant de partir à l'équarrisseur. Et, à chaque fois, cela doit faire l'objet d'un certificat." Le patron du zoo le plus visité de France assure que tous les animaux morts dans l'enceinte de son parc finissent chez l'équarrisseur. "Nos animaux sont autopsiés, puis recousus pour qu'ils puissent partir. On a une chambre froide positive, qui les garde au frais quelques jours et une chambre froide négative, si jamais l'équarrisseur ne passe pas immédiatement. S'il s'agit d'un éléphant, par exemple, il faut s'organiser..."

"L'équarrissage consiste à collecter, à dépecer les animaux et à en extraire la peau, les os, les graisses et d'autres issues d'abattage, détaille un rapport sénatorial daté de 2006. Ces divers sous-produits sont ensuite transformés et valorisés, notamment sur les marchés de la lipochimie et des cosmétiques, de l'alimentation des animaux de production et des animaux domestiques." Rodolphe Delord a bien du mal à croire aux dérives qui se seraient produites au zoo d'Amnéville. "Je ne pense pas que cela soit crédible. Il y a des organismes de contrôle, la DDDP [Direction départementale de la protection des populations] et les autres services de l'Etat. On est très suivis." 

Colomba de La Panouse, directrice générale déléguée du zoo de Thoiry (Yvelines), confirme à franceinfo : "On a une obligation de suivre des inventaires très rigoureux. On a un contrat avec un équarrisseur qui vient tous les quinze jours. Il récupère aussi les déchets carnés, c'est-à-dire les carcasses des animaux qui ont servi de repas aux carnivores."

Existe-t-il un programme de conservation ?

Certains animaux de zoo ont parfois eu le droit à une deuxième vie en étant empaillés et donnés à des musées. Vous pourrez ainsi trouver au muséum d'histoire naturelle de Dijon (Côte-d'Or) la peau d'une girafe de Rothschild, issue du zoo de Maubeuge, rappelle La Voix du Nord.  Le zoo de Thoiry a également fourni des musées il y a quelques années, mais désormais il n'y a plus vraiment de demandes.

"En revanche, on a le droit en alertant la DDDP de garder certaines parties du corps des animaux à des fins pédagogiques, pour les classes vertes, précise Colomba de La Panouse. Par exemple, on enverra le corps de l'animal à l'équarrissage, mais on gardera le crâne d'un lion ou les cornes d'une gazelle."

Peut-on utiliser les cadavres d'animaux pour nourrir d'autres bêtes ?

Au Danemark, l'opinion publique s'était émue il y a quelques années du sort réservé à Marius, un girafon en parfaite santé, qui avait été euthanasié puis dépecé, avant de servir de repas aux lions. Le zoo avait expliqué que son patrimoine génétique n'était pas assez original, ce qui pouvait créer des problèmes de consanguinité au sein de son espèce. Sans parler de l'euthanasie, est-il envisageable de donner à manger aux carnivores les cadavres des animaux morts ? "Oui, c'est tout à fait possible avec une dérogation. C'est d'ailleurs ce qui serait le mieux sur le plan écologique, assure Colomba de La Panouse. On va d'ailleurs étudier la question, ça pourrait être intéressant, même si c'est très contraignant d'un point de vue sanitaire."

Au lieu de faire venir de la nourriture par camion pour les animaux du zoo, le circuit court de l'alimentation pourrait être envisagé. "Même s'il n'y a pas d'interdictions formelles, nous n'avons pas ce genre de pratiques en France", estime de son côté Jimmy Ebel, directeur du zoo de Maubeuge, interrogé par La Voix du Nord (article abonnés). "A Maubeuge, c'est une question éthique aussi. Nous avons une éthique sanitaire. Ces demandes sont refusées pour garantir le suivi de l'animal même dans la mort. Ça permet d'éviter les trafics parallèles."

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