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Indre : tournée dans un abattoir certifié bio et déjà épinglé en 2016, la vidéo de L214 démontre que "les responsabilités sont à toutes les échelles"

Le directeur des enquêtes de L 214, Sébastien Arsac, a expliqué, samedi sur franceinfo, que son association souhaite voir la fermeture de l'abattoir du Boischaut (Indre) et a déposé plainte en ce sens auprès du procureur de Châteauroux.

Article rédigé par franceinfo
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Publié Mis à jour
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Vue sur une partie de l'abattoir du Boischaut, dans l'Indre, en 2013. (CAPTURE ECRAN GOOGLE STREET VIEW / FRANCEINFO)

L'association L214 a porté plainte, vendredi 2 novembre, auprès du procureur de Châteauroux pour "maltraitance et actes de cruauté" contre l'abattoir du Boischaut, dans le département de l'Indre. Ils dénoncent les "pratiques cruelles" de l'établissement public dans une nouvelle vidéo. L'abattoir a lui-même déposé plainte et le parquet a ouvert une enquête préliminaire. Pour Sébastien Arsac, directeur des enquêtes de l'association L 214, invité de franceinfo samedi, les manquements relevés avaient déjà étaient constatés en 2016.

franceinfo : Qu'avez-vous pu constater dans l'abattoir du Boischaut ?

Sébastien Arsac : Les images qu'on a pu collecter représentent moins de trois jours d'abattage, ce qui est très court. On voit des animaux vivants être découpés. On voit des animaux suspendus par une patte encore conscients ou qui reprennent conscience, car il n'y a aucun contrôle de l'inconscience une fois qu'ils ont été étourdis. On sait très bien que l'étourdissement peut être raté. On voit des animaux qui résistent, par exemple un chevreau qui essaie d'échapper à la pince qui donne des chocs électriques pour les étourdir. On constate aussi une hygiène douteuse, notamment un employé qui est en tee-shirt à un moment, des animaux qui tombent dans le sang et les excréments de ceux qui les précèdent ou encore un employé qui pose le couteau par terre.

Cet établissement, qui se décrit comme à taille humaine et est certifié bio, avait déjà été pointé du doigt il y a deux ans par un rapport des services vétérinaires. Est-ce que les pratiques ont changé depuis ?

Absolument, on avait à l'époque montré une série d'images sur différents abattoirs de toutes les tailles. Ces enquêtes avaient conduit le ministre de l'Agriculture de l'époque, Stéphane Le Foll, à faire un audit général sur tous les abattoirs. Pour l'abattoir du Boischaut, tout ce qu'on voit sur les images aujourd'hui en 2018, était déjà constaté par les services vétérinaires en 2016. Clairement, les services vétérinaires ne sont pas compétents, pas assez nombreux ou pas d'assez bonne volonté pour vouloir intervenir sur les manquements dans cet abattoir.

Pourquoi avez-vous porté plainte auprès du procureur de Châteauroux pour maltraitance et actes de cruauté ?

On demande la fermeture de cet abattoir où la situation perdure. La situation est intolérable. Dans les abattoirs, il y a une violence qui est inhérente : on emmène des animaux vivants et on les sort en petits morceaux. Cette pratique-là passe par un meurtre alimentaire, à l'arme blanche. Il y a des règles de, "protection animale", ce qui est assez paradoxal quand on y réfléchit. Il faut au moins que ces règles soient respectées. Les responsabilités sont à toutes les échelles : l'abattoir, la communauté de communes car c'est un abattoir public, les services vétérinaires qui devraient être là pour pallier les carences et les supermarchés. On demande donc à Système U et Carrefour de cesser les approvisionnements. Il faut quelque chose de concret, qu'on ne reste plus sur les mots. Le gouvernement doit lui aussi prendre ses responsabilités.

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