Les papillons souffrent du salage des routes en hiver
Le chlorure de sodium présent dans le sel routier entraîne une plus grande mortalité chez les papillons, selon une étude américaine publiée lundi.
Le salage des routes en hiver paraît modifier le développement de certains papillons et écourter leur vie, selon une recherche menée aux Etats-Unis et publiée lundi 9 juin. Le chlorure de sodium, substance la plus économique, est la plus utilisée pour faire fondre la glace et la neige recouvrant les routes. De précédentes études ont déjà montré que le sel routier avait un impact sur l'écosystème des lacs et des rivières.
Pour cette étude (en anglais) parue dans les Comptes rendus de l'Académie américaine des sciences, les auteurs ont analysé le développement des papillons monarques et des papillons blancs qui se nourrissent de laiteron et de ses fleurs, une mauvaise herbe qui pousse très souvent sur le bord des routes.
Une alimentation trop salée
Les biologistes ont comparé les papillons monarques élevés avec des laiterons ramassés à proximité d'une route dans le Minnesota et les mêmes plantes venues d'une prairie éloignée de toute chaussée. Ils ont constaté que les herbes venant des bords de route peuvent avoir dans leurs tissus une teneur en sel jusqu'à trente fois supérieure à la normale.
Quand les papillons se nourrissent de ces herbes, leur taux de sel augmente aussi nettement, avec différents effets selon leur sexe. Chez les mâles, le sel sur-développe les muscles utilisés pour voler, tandis que chez les femelles c'est l'inverse. En revanche, ces dernières voient la taille de leur cerveau augmenter, mais pas les mâles.
Surmortalité chez les chenilles
Alors qu'un accroissement modéré du sel absorbé peut avoir des effets bénéfiques chez ces papillons, une quantité excessive est toxique et entraîne une plus grande mortalité, ont constaté ces scientifiques. Le taux de survie des chenilles des papillons monarques nourris de laiteron provenant des bords de route, contenant des taux élevés de sel, était nettement plus faible (40,5%) que chez celles élevées avec des herbes d'une prairie (58,2%).
Emilie Snell-Rood, une biologiste de l'Université du Minnesota, principal auteur de cette recherche, estime que des études similaires doivent être effectuées en zones urbaines où des quantités de sel encore plus importantes sont utilisées en hiver sur les chaussées, afin d'en évaluer l'impact sur d'autres organismes.
D'autres recherches ont déjà montré que le salage des routes peut brûler le feuillage des végétaux, dessécher leurs racines et modifier les propriétés des sols.
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