Après Homs, l'armée syrienne s'en prend à Deraa et Rastane
Après avoir repris jeudi le quartier rebelle de Baba Amr, à Homs, le pouvoir syrien continue son offensive contre les insurgés dans d'autres villes. Et la situation humanitaire se dégrade un peu plus.
Après avoir repris jeudi 1er mars le quartier rebelle de Baba Amr, à Homs, le pouvoir syrien continue son offensive contre les insurgés. D'autres villes de Syrie sont maintenant visées par des tirs et des bombardements de l'armée, comme Deraa ou Rastane. Autre conséquence du relatif apaisement à Homs : les réfugiés fuient en masse vers le Liban.
• Des tireurs d'élite à Deraa
D'intenses combats ont éclaté dans la nuit du dimanche 4 au lundi 5 mars à Deraa, dans le sud de la Syrie, après l'attaque coordonnée de barrages routiers tenus par l'armée, rapportent des opposants de l'Armée syrienne libre (ASL). "Les chars ont riposté en tirant des obus antiaériens de 14 mm dans des quartiers résidentiels et des tireurs d'élite de l'armée ouvrent le feu sur tout ce qui bouge, même des sacs en plastique", a déclaré un dissident syrien nommé Maher Abdelhaq.
Selon l'opposition, les combattants de l'ASL multiplient depuis quelques jours les opérations dans le sud, le nord et l'est du pays pour faire diversion et alléger les souffrances des habitants de Homs, martyrisée par l'armée pendant plusieurs semaines.
• Rastane bombardée
L'armée syrienne a également bombardé dimanche la ville de Rastane, dans le centre, pour tenter d'en chasser les combattants rebelles. Située sur l'autoroute reliant Damas au nord du pays, Rastane avait été déclarée "ville libre" par l'ASL le 5 février. Poursuivant leur campagne contre l'ASL, essentiellement formée de déserteurs de l'armée régulière, les troupes de Bachar Al-Assad ont violemment bombardé des positions rebelles dans le nord de la ville. Au moins sept civils sont morts.
De nombreux militants s'attendent à ce que l'armée y concentre désormais son offensive, ainsi que sur Koussair (15 km au sud de Homs), où un civil a été abattu dimanche par un tireur embusqué. "Il s'agit des deux villes qui concentrent le plus de rebelles dans le centre de la Syrie et on s'attend à ce que ça soit la prochaine étape dans l'attaque du régime contre les déserteurs", craint un représentant de l'Observatoire syrien des droits de l'homme.
• La Croix-Rouge peine toujours à entrer à Baba Amr
Aux abords de ce quartier de Homs qui connaît une crise humanitaire aiguë depuis des mois, un convoi de sept camions chargés d'une aide d'urgence du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) attend toujours le feu vert du régime pour entrer, trois jours après être arrivé sur place. Les autorités ont avancé des raisons de sécurité, en particulier la présence de bombes et de mines sur la chaussée, pour justifier ce délai.
Mais d'après des militants, le régime cherche plutôt à cacher ses crimes. "Nous sommes sûrs qu'ils veulent prendre leur temps pour enterrer ou brûler les cadavres et effacer les traces de leurs crimes pour que le CICR ne s'aperçoive de rien", assure Hadi Abdallah, militant de la Commission générale de la révolution syrienne, à Homs.
"Nous avons commencé la distribution d'aides dans le village d'Abel, situé à trois kilomètres de Baba Amr", a toutefois précisé un porte-parole du CICR à Damas. Des aides allaient aussi être distribuées à Inchaat, un autre quartier de Homs.
• Les réfugiés affluent au Liban
Signe que le calme est loin d'être revenu après la prise de Homs, symbole du soulèvement entamé il y a un an, le Liban a connu un afflux de réfugiés sans précédent depuis plusieurs mois. Selon le Haut-Commissariat des Nations unies aux réfugiés, 2 000 Syriens ayant fui des bombardements dans la zone frontalière sont arrivés dimanche au Liban.
Une femme interrogée parmi les réfugiés a dit avoir fui avec sa famille Djoussiah, village voisin de Koussair, pour échapper au pilonnage des forces syriennes. "Les bombardements ont commencé dans la matinée, alors on a dû partir vers le Liban. Il y avait des blessés, mais je ne sais pas ce qu'ils sont devenus."
Selon un journaliste de Reuters présent sur place, les tirs étaient audibles du côté libanais de la frontière. Les effectifs de l'armée libanaise ont été renforcés dans le secteur et plusieurs centaines de militaires ont été déployés à Beyrouth, la capitale libanaise, où pro et anti-Assad ont manifesté chacun de leur côté.
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