Après une nouvelle journée d'attentats, l'Irak s'enfonce dans la violence
Au moins 89 personnes ont été tuées dans une vague d'attentas à la bombe depuis dimanche soir. Francetv info revient sur cette situation qui empire.
Observées depuis plusieurs semaines, la flambée de violence, doublée d'une profonde crise politique, se confirme en Irak. Au moins 89 personnes ont péri dans des attaques commises dimanche 19 mai au soir et dans la journée de lundi. Depuis le début de l'année, les violences ont fait chaque mois plus de 200 morts, avec un pic à plus de 460 en avril. Francetv info revient sur la dégradation de la situation.
Quel bilan lundi soir ?
Des attentats, commis pour la plupart à l'aide de voitures piégées, ont secoué, lundi, des quartiers majoritairement chiites de Bagdad. L'attaque la plus sanglante dans la capitale a fait 12 morts sur un marché. Onze autres personnes ont trouvé la mort dans d'autres attentats. A Hilla, à 100 km au sud de Bagdad, 13 personnes sont mortes lors d'attaques contre deux mosquées chiites. A Bassora, la grande ville portuaire à majorité chiite du sud du pays, deux attentats à la voiture piégée ont fait 13 morts et 48 blessés, selon le chef des services médicaux municipaux.
Près de Samarra, à une centaine de kilomètres au nord de la capitale, un attentat à la voiture piégée visant des pèlerins chiites iraniens a fait 8 victimes. Et, dans la même zone, six hommes ont été tués dans trois incidents. A Mossoul (nord), le propriétaire d'un magasin a été tué dans son échoppe, dimanche soir. A Al-Anbar, douze policiers ont été tués, tout comme à Haditha.
Pourquoi ces violences ?
Les attentats de lundi n'ont pas encore été revendiqués, mais elles semblent s'inscrire dans la lignée de la "guerre des mosquées", qui fait rage depuis le début de l'année dans le pays. Des dizaines d'attaques contre ces lieux ont attisé les tensions confessionnelles, déjà importantes entre la minorité sunnite et la majorité chiite. Les attentats contre les lieux de culte sont très probablement le fait d'extrémistes sunnites et chiites.
Cela ravive le spectre des violences confessionnelles ayant fait des dizaines de milliers de morts après l'invasion américaine de 2003, et éloigne de nombreux fidèles des lieux de culte. Depuis 2003, les attentats sont devenus le lot quotidien du pays, ciblant notamment les civils et les forces de sécurité. Les violences confessionnelles dans le pays sont amplifiées par la guerre civile en Syrie voisine.
Quelle réaction des autorités ?
Pour tenter d'apaiser les tensions, le Premier ministre Nouri al-Maliki a appelé, dimanche, à des prières conjointes sunnites-chiites régulières à Bagdad, qualifiant d'"ennemis" des deux confessions les auteurs d'attaques contre des mosquées. Lundi, il a annoncé un changement imminent de sa "stratégie sécuritaire" et le remplacement de "certaines personnes chargées de la sécurité, à haut niveau et à un niveau intermédiaire". Il a assuré "au peuple irakien que (les insurgés) ne seront pas en mesure de nous replonger dans le conflit confessionnel" des sombres années 2006-2007. A l'époque, le nombre de victimes des violences dépassait le millier chaque mois.
Le chef du gouvernement, de confession chiite, est contesté depuis plus de cinq mois par des manifestants sunnites qui l'accusent de marginaliser leur communauté et réclament son départ. Face aux manifestations, le gouvernement a fait quelques concessions, en libérant des prisonniers et en augmentant les salaires des combattants sunnites engagés contre le réseau Al-Qaïda, mais les questions à l'origine des troubles n'ont pas été réglées.
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