C'est pas moi, c'est la canicule !
La chaleur vous écrase, vous irrite et vous épuise ? C'est normal. FTVi revient sur les effets néfastes de la canicule sur notre vie quotidienne.
CANICULE - La France a eu chaud. Alors que les températures renouent, lundi 20 août, avec le tolérable, force est de constater que le week-end dernier a laissé des traces sur nos organismes. Touristes zombifiés en centre-ville, ouvriers au ralenti sur les chantiers et usagers des transports à l'agonie : FTVi revient sur ces comportements étranges que vous pourrez désormais mettre sur le dos de la canicule. Eh oui, car c'est de sa faute si…
1 … vous êtes un mollusque
Cette fatigue qui s'empare de vous dès lors qu'il s'agit d'accomplir une distance supérieure à celle qui sépare le frigo du canapé, cette tendance à traîner des pieds ostensiblement dans les rues ou encore ce besoin de s'asseoir toutes les quatre minutes (en soufflant un long "pffffiouuuuu") : c'est la canicule.
Pendant ces épisodes chauds, "notre organisme tente de combattre la chaleur en mettant en place des mécanismes de thermorégulation, comme la transpiration, qui demandent beaucoup d'énergie", explique le docteur Jean-Yves Louison, médecin généraliste dans le Rhône. C'est fatigant, d'autant que ces mécanismes sont moins efficaces à mesure que le taux d'humidité grimpe. Plus il est élevé, plus la transpiration peine à s'évaporer, et plus la chaleur ressentie s'accroît, détaillait Le Monde.fr en juillet 2010.
A cette dépense énergétique naturelle se greffent d'autre facteurs, au premier rang desquels "le manque de sommeil", explique le médecin. Entre les soirées passées sur le carrelage de la cuisine, les apéros prolongés en terrasse ou les nuits gâchées par la rencontre d'une fenêtre ouverte et d'une rue bruyante, "il est plus difficile de se reposer pendant une vague de chaleur", justifie Jean-Yves Louison. Ce qui expliquerait vos multiples coups de barre.
Quand ça chauffe, l'oisiveté peut même s'élever en principe de précaution, car les plus actifs ne sont pas à l'abri de crampes de chaleur, rappelle le ministère de la Santé, qui liste les pathologies liées aux températures exceptionnellement élevées. Il est ainsi conseillé de limiter ses activités en extérieur, à commencer par le sport.
2 … vous êtes insupportable
Qui dit fatigue, dit bien souvent agressivité. Dans les symptômes annonciateurs d'un coup de chaleur, on parle d'ailleurs d'irritabilité. "Les gens sont un peu plus excités", concède Jean-Yves Louison, qui a notamment travaillé aux urgences avant d'ouvrir son cabinet. "Il y a plus de rixes, de bagarres, note-t-il, sans doute parce que les personnes s'alcoolisent davantage du fait qu'elles restent plus longtemps dehors."
Dans un article (en anglais) publié en juillet 2011 sur PsychCentral, John Grohol, docteur en psychologie et fondateur du site, rappelle ces étonnants liens entre chaleur et violence établis, entre autres, par la criminologue Ellen G. Cohn et le psychologue James Rotton. "Les vagues de chaleur sont associées à des comportements plus violents et à des agressions" et "pourraient être associées à des abus de drogue et d'alcool", résume Grohol.
Citant notamment la mauvaise humeur comme symptôme, l'association d'automobilistes flamande BAV assure que "prendre le volant sous la canicule revient à conduire avec 0,5 gramme (d'alcool) dans le sang", rapporte Le Vif.be.
3 … vous avez attrapé un rhume
Si le coup de chaleur constitue une urgence médicale, le coup de froid, lui, n'est pas non plus à prendre à la légère. Pour Jean-Yves Louison, "on a vraiment assisté à un avant et un après canicule de 2003 [70 000 victimes en Europe dont 20 000 morts en France]. Les gens sont beaucoup plus vigilants et savent quelles précautions prendre. A tel point que les comportements peuvent être parfois excessifs." Dans les maisons de retraite, où le personnel est particulièrement mobilisé, "il arrive qu'on mette tous les résidents dans une seule pièce climatisée. Lorsqu'on y frôle une température de frigo, personne n'est à l'abri d'un coup de froid", explique-t-il.
Ainsi, il n'est pas rare pour les médecins de voir arriver des victimes de ces rafraîchissements excessifs : "pneumopathies", "otites externes (à force de se mettre la tête dans l'eau)" ou encore "gastro-entérites, parce qu'on consomme plus de fruits, de boissons très fraîches tandis que les germes se développent mieux quand il fait chaud", énumère Jean-Yves Louison. Prudence donc.
4 … vous déprimez sous le soleil
Si l'hiver fait planer la menace de la bien connue "dépression saisonnière", l'été est généralement associé aux vacances et à la bonne humeur. Il présente pourtant un risque de dépression pour le troisième âge. Sur son blog, la ministre déléguée chargée des Personnes âgées et de l'Autonomie, Michèle Delaunay, a tenu début août à soulever la question des suicides chez les seniors, dont le nombre augmente pendant les mois de juillet et août. Elle invoque "l’été où la solitude est plus grande, l’isolement de tout et de tous. L’inutilité, le vide, la révolte".
"L’été, les gens partent et il y a une désertification des quartiers. Les personnes âgées se retrouvent alors encore plus seules", explique sur Libération le professeur Philippe Pitaud, directeur de l’Institut de gérontologie sociale de Marseille et membre du collectif Combattre la solitude. "Cela correspond à une période de réminiscence des souvenirs d’enfance et des moments partagés avec leurs enfants", analyse-t-il.
5 … vous vous laissez aller
La sécurité et le bien-être passent avant le style. Alors en cas de reproche (port de la tong ou de la visière au travail, notamment), n'hésitez pas à faire valoir votre respect des recommandations gouvernementales (PDF) du plan canicule : "Portez un chapeau, des vêtements légers (coton) et amples, de préférence de couleur claire, prenez régulièrement dans la journée des douches ou des bains frais, sans vous sécher…"
Si le magazine féminin Elle avait pris le soin, dès le mois de juin, de trouver la parfaite tenue pour madame en cas de grosse chaleur, la rue montre un port pas toujours gracieux du t-shirt mouillé chez les hommes.
Si vous avez constaté les limites de votre spray déodorant, suivez le conseil d'Oliver Razemon. Sur son blog, le journaliste préconise ainsi de laisser tomber la fausse bonne idée qui consiste à aller travailler en vélo, puisqu'il fait si beau. Surtout que la RATP fait des efforts, dit-il. "Les transporteurs ont pris conscience qu'un bus ou un métro bondé, un jour de canicule, dévalorisait l'image des transports en commun", écrit-il. Quant à la vôtre (d'image), n'oubliez plus de mettre sa dégradation sur le compte de la canicule.
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