En Chine, un héros de l'anticorruption disparaît
Ancien numéro un de la police de Chongqing démis de ses fonctions récemment, maire-adjoint de la ville, ce champion de la lutte contre les triades est introuvable depuis plusieurs jours.
La mégapole chinoise de Chongqing, qui compte 30 millions d'habitants, est agitée par une mystérieuse disparition. Elle concerne l'ancien patron de la police de cette ville du sud du pays, Wang Lijun, considéré comme un héros de la lutte anticorruption.
Différentes rumeurs sur cette absence ont commencé à courir mercredi 8 février et de nombreuses spéculations continuent vendredi. FTVi revient sur cette histoire qui pourrait atteindre les plus hautes sphères du pouvoir chinois.
Le héros antitriades
A 52 ans, l'homme s'est bâti une réputation d'incorruptible et de pourfendeur de la mafia à Chongqing, un important pôle économique au cœur de la Chine. Issu de la minorité chinoise mongole, il est également le maire-adjoint de la ville.
Il s'est fait connaître grâce au combat qu'il a mené il y a deux ans contre les triades. Il a mené cette opération mains propres sous la direction du maire, qui en a largement bénéficié.
"Thérapie de type vacances"
Un communiqué du gouvernement local a annoncé mercredi que Wang Lijun avait été placé en congé maladie en raison de "surmenage et de stress psychologique immense". Il a eu droit à "une thérapie de type vacances", écrit le communiqué. Or le pouvoir communiste a déjà utilisé cet argument par le passé pour effectuer des purges.
La semaine précédente, l'homme avait été démis de ses fonctions au sein de la police de la ville pour hériter de l'éducation et de l'environnement, rapporte Le Figaro.
Passage dans un consulat américain
Deux jours avant le communiqué, Wang Lijun a passé une journée complète au consulat général des Etats-Unis à Chengdu (sud-ouest). Le ministère des Affaires étrangères chinois l'a confirmé jeudi. Il aurait cherché à obtenir l'asile politique "en échange de documents compromettants" pour le maire de Chongqing, Bo Xilai, écrit Le Monde. De son côté, Victoria Nuland, porte-parole du département d'Etat américain, a confirmé le passage de l'ancien policier mais n'a rien dit sur une éventuelle demande d'asile politique.
Luttes politiques
Wang Lijun serait victime d'une lutte de pouvoir autour de Bo Xilai. Ce dernier viserait un siège au sein du comité permanent du Politburo, le cœur du pouvoir chinois, qui compte seulement 9 membres. Le bureau doit être renouvelé fin 2012 et pour dix ans.
D'après Zhang Ming, un politologue chinois interrogé par Le Monde, Bo Xilai aurait fait trop de zèle en promouvant sa méthode mains propres. Une méthode aux techniques parfois peu reluisantes, soulignent certains commentateurs. Le maire aurait été contraint de se séparer du "super-flic" à cause de luttes au sein de son propre camp. Wang Lijun aurait alors cherché nuire à son supérieur. Dans cette hypothèse, sa disparition pourrait avoir pour but de le protéger.
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