Cinq raisons païennes de s'intéresser au conclave
L'élection du pape ne vous passionne pas ? Peut-être ne la regardez-vous pas sous l'angle qui vous convient le mieux.
Près de 4 500 journalistes accrédités, 115 challengers, 1,2 milliard de catholiques : le conclave qui débute mardi 12 mars à Rome tient en haleine croyants et non-croyants, partout dans le monde. Et puis il y a ceux qui ne voient pas l'utilité de guetter des heures durant la cheminée de la chapelle Sixtine comme si le monde s'était arrêté de tourner. Ceux qui, loin des enjeux culturels et sociétaux qu'induit un changement de souverain pontife, trouvent qu'on s'ennuie ferme devant sa télévision quand les journaux ouvrent sur cette élection dont nul ne sait rien, et dont tout le monde parle.
Francetv info a voulu leur prouver que le conclave était un évènement excitant à plus d'un titre, à l'instar des grands-messes païennes dont nous sommes friands d'habitude. Points communs.
Si vous êtes plutôt fashion week
Une tenue correcte exigée Entre les fashionistas et les papabili, les favoris au titre de pape, il y a un monde ? Pas vraiment. A Rome, tailleurs et cordonniers travaillent d'arrache-pied pour habiller les cardinaux et les évêques, en vue des cérémonies à venir. Selon Gino Pansera, tailleur pour prêtres, les cardinaux, plus coquets car plus exposés médiatiquement, seraient les plus difficiles à habiller à la veille des conclaves.
Des polémiques "Pape, s'il te plaît, ne porte pas sur toi la souffrance animale." Utiliser ou non de la fourrure divise les créateurs. Ce débat s'est invité chez Gammarelli, le tailleur des papes. Les défenseurs italiens des droits des animaux ont manifesté vendredi devant la boutique, pour protester contre l'utilisation d'hermine dans la fabrication des capes pontificales. La tenue du pape (calotte, chaussettes blanches, soutane) est confectionnée dans la même boutique depuis 1798, en trois tailles à chaque conclave.
Si vous êtes plutôt match de foot (et sport en général)
De la logistique Le fan de sport a tout intérêt à suivre de près le conclave. Et pas seulement parce qu'il y est question de fumigènes. En dépendent trois événements sportifs majeurs : le marathon de Rome et le match de football AS Roma-Parma, prévus le 17 mars, ainsi que le match de rugby Italie-Irlande la veille, dans le Tournoi des six nations. Afin de ne pas se retrouver dans une impasse logistique, le conseil municipal de Rome espère que la cérémonie d'intronisation du pape aura lieu avant le 17 mars, relaie le site du quotidien belge La Dernière Heure. Il faut donc croiser les doigts pour un conclave express.
De fervents supporters En italien, le mot tifosi désigne les supporters. Il s'applique aux fans d'un club de foot, d'un pilote de formule 1 ou d'un papabile. Observer la foule de fidèles qui assistent aux différentes messes des cardinaux les plus en vogue a ainsi permis aux journalistes de "tâter le terrain" à l'approche du conclave et de confirmer la popularité de certains favoris.
Des trublions Un striker courant nu sur la place Saint-Pierre ? Ce serait du plus mauvais effet. En revanche, un faux évêque a déjà tenté de s'incruster parmi les cardinaux à l'occasion de leurs congrégations générales, sans succès.
Si vous êtes plutôt joueur
Des paris Douze millions d'euros pourraient être joués sur les noms des futurs papes potentiels, selon le professeur Leighton Vaughan Williams, directeur de l'unité de recherche sur les paris de la Nottingham Business School, cité par Le Matin.ch. Soit "des chiffres rarement enregistrés par un événement non sportif". Sur le site de paris en ligne Paddy Power (en anglais), le cardinal italien Angelo Scola bénéficie de la meilleure cote, à 2 contre 1, suivi du Brésilien Odilo Scherer (4 contre 1) et du Ghanéen Peter Turkson, donné à 9 contre 2.
Si vous êtes plutôt téléréalité
Un huis clos Pendant la durée du conclave, les cardinaux ne sont pas autorisés à communiquer avec le monde extérieur. Les portes de la chapelle Sixtine sont verrouillées et les clés retirées jusqu'à la désignation du nouveau pape. Les journaux, les postes de radio et de télévision sont interdits. Les similitudes entre ces règles et celles de certaines émissions de téléréalité n'ont pas échappé aux internautes.
Vatican, "Le Loft", commence à 115 candidats... Tweets interdits... !Qui sera l'élu ? Pour voter : envoyez "Fumée" au 8 12 12 #conclave
— Ulysse GOSSET (@ulyssepariser) March 11, 2013
Le conclave c'est comme le Loft mais avec les meufs et les caméras en moins.
— Eric Le Blay (@E2Bdx) March 11, 2013
Du suspense Comme à la télé, les règles sont simples : chaque cardinal doit écrire lisiblement le nom de son candidat sur un bout de papier (pas son propre nom, évidemment) et le déposer dans un calice. Les 115 votent jusqu'à ce que l'un d'eux obtienne la majorité des deux tiers. De quoi entretenir un certain suspense.
Si vous êtes accro aux réseaux sociaux
De la promo en ligne Enfin, les cardinaux, souvent peu connus, bénéficient à cette occasion d'une exposition hors du commun. A la différence du conclave qui a élu Benoît XVI en 2005, l'édition 2013 est marquée par la mobilisation des internautes, tantôt pour commenter, tantôt pour promouvoir leur candidat favori. Le jeune (55 ans) archevêque de Manille (Philippines), le cardinal Luis Antonio Tagle, bénéficie ainsi d'un important soutien en ligne, rapporte France 24 : plus de 125 000 fans sur Facebook, une vidéo réalisée par ses admirateurs et des émissions sur YouTube (en anglais).
Des sites et applis dédiés Les internautes ne peuvent pas voter, mais ils peuvent prier pour l'un des cardinaux, via le site Adopt-a-cardinal (en anglais), créé par un groupe de jeunes catholiques allemands. L'initiative a déjà séduit près de 460 000 personnes. Enfin, un compte Twitter est apparu au nom de la "cheminée papale" (en anglais). Son but : informer de la couleur de la fumée qui s'en échappera à la fin de chaque scrutin (si elle est noire, il faut revoter, si elle est blanche, le nouveau pape est élu). Sinon, vous pouvez télécharger The Pope App : une application officielle et gratuite (mais en anglais) permettant de suivre en temps réel l'actualité du Saint-Siège.
Quant à la dizaine de cardinaux-twittos, ils sont sommés de laisser leurs smartphones à l'entrée de la chapelle Sixtine. Le réseau, comme les voies du Seigneur, sera impénétrable à l'intérieur du monument.
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