Climat : accord dans la douleur au sommet de Doha
Il a été adopté avec plus d'un jour de retard sur le calendrier prévu. Mais la Russie dénonce la méthode, et les Etats-Unis rejettent certains points. Francetv info revient sur cette négociation marathon.
ENVIRONNEMENT - Un accord a été signé lors de la conférence de l'ONU sur le climat, à Doha. La présidence qatarie de l'événement l'a annoncé, samedi 8 décembre, comme elle l'espérait. Mais avec plus d'un jour de retard sur le calendrier prévu. Preuve de la difficulté à accoucher de ce texte.
L'acte II du protocole de Kyoto est la pièce maîtresse de l'accord négocié par plus de 190 pays dans la capitale qatarie. Il engage l'Union européenne, l'Australie et une dizaine d'autres pays industrialisés à réduire, d'ici 2020, leurs émissions de gaz à effet de serre (GES), notamment de dioxyde de carbone (le fameux CO2). Ce chapitre aura une portée essentiellement symbolique car les pays engagés ne représentent que 15% des émissions de GES dans le monde.
La Russie dénonce la méthode
Mais tous les pays n'ont pas approuvé. La Russie a dénoncé un passage en force."C'est la première fois que je vois un tel précédent", a dénoncé le délégué russe. Alors que les négociations traînaient en longueur et avaient déjà plus d'un jour de retard sur le calendrier prévu, Abdallah al-Attiya est monté à la tribune et a adopté, en rafales, la série de textes en discussion depuis le 26 novembre. Par ailleurs, la délégation américaine a également dit "ne pas accepter" certains points dans les textes annoncés comme adoptés.
Pas de transaction sur les permis de polluer
Des blocages de dernière minute ont émergé sur la question de l'"air chaud", c'est-à-dire le surplus de quotas d'émissions de GES hérités de Kyoto 1. Il équivaut à 13 milliards de tonnes équivalent CO2. De nombreux pays, notamment en développement, s'inquiètent de l'utilisation de ces crédits qui autorisent leurs détenteurs à polluer.
Le texte présenté par le Qatar n'annule pas cet "air chaud", détenu principalement par la Russie, l'Ukraine et la Pologne. Mais l'Australie, l'Union européenne, le Japon, le Liechtenstein, Monaco, la Norvège et la Suisse se sont publiquement engagés en séance plénière à ne pas en acheter pour respecter leurs engagements de réduction d'émission de GES. Concrètement, cela signifie qu'il n'y aura pas de commerce de ces crédits jusqu'en 2020.
"Pas à la hauteur de l'enjeu"
Dans une interview au Parisien, la ministre de l'Environnement Delphine Batho dénonce "un accord pas à la hauteur de l'enjeu". "C’est une étape modeste qui peut même paraître dérisoire alors que tous les scenario les plus pessimistes des climatologues sont aujourd’hui dépassés par les faits." Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki Moon, est du même avis. Pour lui, il ne s'agit que d'une "première étape". Cet accord pose les jalons pour un "accord complet et contraignant à l'horizon 2015".
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