Cet article date de plus de douze ans.

Comment Laure Manaudou a réussi son retour

La nageuse est redevenue championne de France du 100 m dos mardi, et s'est qualifiée pour les Jeux olympiques de Londres, malgré deux ans d'arrêt. Une performance rare, mais pas inédite. Explications.

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Laure Manaudou lors du départ du 100m dos des championnats de France de natation à Dunkerque (Nord), où elle s'est qualifiée pour les JO de Londres, le 20 mars 2012.  (BAZIZ CHIBANE/SIPA)

"J'ai toujours une arrivée de merde." Voilà comment Laure Manaudou qualifie sa performance aux championnat de France de Dunkerque (Nord), mardi 20 mars, dans l'épreuve du 100 m dos. Pourtant, avec un temps de 1'0"16, elle réalise la sixième meilleure performance mondiale de l'année et se qualifie pour les Jeux olympiques de Londres. Une performance d'autant plus méritoire que la natation est l'un des sports les plus durs lorsque l'on effectue son come-back. 

Entre janvier 2009 et juin 2011, la championne olympique du 400 m à Athènes (en 2004) a totalement arrêté l'entraînement, lassée de la compétition et désireuse d'avoir un enfant. De son propre aveu, elle a repris 20 kilos. Le contrecoup de sept années de terribles séances d'entraînement de Philippe Lucas, avec 20 km à la nage parcourus quotidiennement. La sagesse populaire veut que le temps de retour au meilleur niveau est au moins égal au temps passé loin des bassins. "Pour retrouver le haut niveau, la route est longue" déclarait Brett Hawke, son entraîneur américain, en juillet 2011. Laure Manaudou, après plus de deux ans d'arrêt, a réussi son retour en un temps record. 

Elle s'est entraîné très dur

"Les deux premiers mois ont été difficiles, je pleurais dans mes lunettes. Je sortais de l’eau et je me disais : 'Si le prochain entraînement est comme ça, j’arrête'", racontait Laure Manaudou à L'Equipe, en juin 2011.

Manaudou, qui reconnaît elle-même que sa qualité première n'est pas la patience, a eu les pires difficultés à accepter d'être "à la ramasse" en compétition alors qu'elle en bavait à l'entraînement. Ainsi, aux championnats des Etats-Unis, en décembre 2011, elle s'était classé dernière du 100 m dos. Trois mois plus tard, elle tient sa revanche.

Elle a misé sur les distances courtes

Laure Manaudou a ciblé précisément son objectif, en se focalisant sur une compétition en particulier, le 100 m dos. Des ambitions à la baisse par rapport aux Jeux olympiques d'Athènes, en 2004, où elle avait obtenu des médailles sur 100 m dos, 400 m et 800 m. Mais redevenir compétitive sur des distances si importantes aurait nécessité davantage de préparation. 

En décembre, elle annonçait déjà qu'elle allait se concentrer "vers la course la plus courte. Je prends quand même davantage de plaisir sur le 100 m dos." En compétition, Manaudou a gagné près de 2 secondes sur 100 m dos entre décembre et mars. "J'ai retrouvé dans sa course des choses comme elle sait les faire", estime son ancien entraîneur, Philippe Lucas, sur Eurosport. Mais il va falloir qu'elle améliore encore significativement ses temps pour accrocher un podium à Londres cet été (aux JO de Pékin, en 2008, il fallait nager en 59"20 pour finir 3e), mais on peut déjà dire que son retour est concluant. 

Elle s'est (peut-être) inspiré de Dara Torres

Un autre immense champion a tenté un retour récemment, l'Australien Ian Thorpe. L'homme qui chausse du 54, couvert de médailles aux JO de Sydney (2000) et d'Athènes (2004), a piteusement échoué. Il faut dire, à sa décharge, que le niveau des championnats australiens dans sa catégorie (le 100 m nage libre) est autrement plus relevé que celui du 100 m dos féminin en France. Thorpe avait en face de lui le champion du monde en titre et les membres du relais australien, régulièrement médaillés. Sans parler du fait que la "Thorpille" avait raccroché le bonnet de bain depuis cinq ans... 

"Je veux continuer à nager. Je veux être compétitif à nouveau" conclut Thorpe, qui dit "ne rien exclure" pour les JO de Rio en 2016. Il aura alors 34 ans. Peut-être prendra-t-il exemple sur Laure Manaudou ou, mieux, sur l'Américaine Dara Torres, qui a eu un enfant en 2006 avant de décrocher trois médailles d'argent aux JO de Pékin en 2008, à 40 ans passés. Dara Torres envisage de se qualifier pour les JO de Londres, ce qui en ferait, à l'âge de 45 ans, le nageur (hommes et femmes confondus) le plus âgé à prendre part à une olympiade.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.