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Coupe du monde 2022 : avec le hors-jeu semi-automatique, l'arbitre de touche a-t-il encore un rôle à jouer ?

Le hors-jeu semi-automatique, utilisé à grande échelle pour la première fois lors du Mondial, va considérablement faciliter le travail des officiels sur le terrain.

Article rédigé par Denis Ménétrier, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Cyril Gringore lors d'un match de Ligue des champions entre Chelsea et le Real Madrid à Stamford Bridge, le 6 avril 2022. (ADRIAN DENNIS / AFP)

L’avenir de l’arbitre de touche est-il en péril ? Interrogé sur la question lors d’une rencontre au Centre national du football à Clairefontaine avec les officiels français présents à la Coupe du monde (20 novembre-18 décembre), Cyril Gringore, arbitre de touche membre du trio arbitral de Clément Turpin, préfère manier l’humour sur la question. "Personnellement, j’arrête ma carrière après la compétition", esquive-t-il dans un sourire.

Avant de se raviser, pour répondre à cette interrogation avec plus de sérieux : "Notre fonds de commerce n'est pas que le hors-jeu. Il y a aussi l’aide à apporter à l’arbitre qui ne se voit pas forcément parce qu’on travaille beaucoup à l’oreillette." Avec l’utilisation à grande échelle, pour la toute première fois, du hors-jeu semi-automatique, ou "SAOT" selon son acronyme anglais (Semi-Automated Offside Technology) lors du Mondial, les arbitres de touche voient arriver une technologie qui va les aider à gagner en précision et rapidité, mais qui pourrait à terme les remplacer.

En 2018, l’introduction de la VAR avait déjà considérablement changé la manière de travailler des arbitres de touche. Depuis quatre ans, "on retarde notre décision quand on pense qu’il y a hors-jeu. On doit donner, en cas de doute, l’avantage à l’attaque en laissant l’action se poursuivre, décrit Cyril Gringore. Et ensuite, on prend notre décision à la fin de l’action." Quitte à rendre frustrantes certaines phases de jeu où le hors-jeu semblait évident.

Des arbitres de touche encore essentiels pour gérer le relationnel avec les joueurs

Avant la VAR, l’entière responsabilité d’un hors-jeu sifflé ou non reposait sur ces arbitres de touche. Avec l’arbitrage vidéo, et l’introduction dorénavant du SAOT, leur rôle sur le terrain ne cesse d’évoluer. L’apparition de nouvelles technologies pourrait a priori laisser penser qu’ils ne serviraient plus qu’à indiquer dans quel sens la touche doit aller.

"Il ne faut pas restreindre le rôle de l’assistant à l’action de signaler hors-jeu ou non, ou à touche ou pas touche, assure Nicolas Danos, dernier membre du trio arbitral de Clément Turpin, qui a testé le SAOT en Ligue des champions. On est là pour intervenir, parce qu’il peut se passer des choses dans le dos de l’arbitre central. On a également un angle de vue différent de lui sur certaines situations." Une vision du jeu qui permet notamment de déterminer si un joueur remet un adversaire en position licite. Une situation que ne peut pas juger le SAOT, comme sur le but de Kylian Mbappé contre l’Espagne en finale de la Ligue des nations en octobre 2021.

Au-delà de cet aspect, les différents arbitres rencontrés à Clairefontaine et qui officieront lors de la Coupe du monde ne croient pas à la fin de l’arbitre de touche. "Que le moment du hors-jeu soit le moment le plus important pour les arbitres de touche, certes. Mais il n’y a pas que ça. Sur le bord du terrain, il y a aussi beaucoup de relationnel avec des joueurs plus proches d’eux que de l’arbitre central", note Benoît Millot, qui officiera comme arbitre VAR pendant la compétition.

Les arbitres de touche sont donc aussi là pour déminer des conflits entre les joueurs, ou en apaiser certains. Si de leurs aveux, l’apparition de la caution VAR et le geste - la main sur l’oreillette - ont globalement permis de limiter les contestations des joueurs, ces derniers continuent de remettre en question les décisions arbitrales. La présence des arbitres de touche est donc centrale.

"On a besoin des assistants et ils resteront quoi qu'il arrive"

"Et puis il y a aussi une vraie notion d’équipe arbitrale", souligne Benoît Millot. "On a un vécu d’expériences communes qui est phénoménal. Il y a des moments dans l’année où je passe plus de temps avec Cyril [Gringore] et Nicolas [Danos] qu’avec mon épouse et mes enfants", sourit Clément Turpin.

Présents aux côtés de ce dernier depuis 2016, Cyril Gringore et Nicolas Danos ne sont pas inquiets pour l’avenir du métier d’arbitre de touche. "Pour nous, c’est une aide. On ne le prend pas comme une sanction qu’il y ait la VAR et le hors-jeu semi-automatique", affirme Nicolas Danos. "On a besoin des assistants, en termes de collaboration ou autre. Ils resteront dans le jeu quelles que soient les avancées technologiques qui arriveront", assure Stéphanie Frappart, arbitre également présente au Qatar. 

En attendant les futures évolutions, arbitres assistants et centraux ont pu s’adapter au SAOT, qu’ils n’ont pas tous eu l’occasion de pratiquer, lors d’un stage à Madrid en juin dernier. Arrivés le 9 novembre à Doha, ils s’y sont également essayés lors d’un tournoi de jeunes organisé dans les conditions du Mondial. Un entraînement grandeur nature, comme les joueurs, pour être fin prêts pour la grand-messe du football mondial.

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