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Coupe du monde 2022 : comment l'affaire Byron Castillo a failli priver l'Equateur du Mondial à la dernière minute

Si elle va ouvrir le bal, lors du match inaugural face au Qatar, dimanche (17h), la sélection équatorienne a couru la menace d'une disqualification jusqu'à douze jours de son entrée en lice, à cause du certificat de naissance d'un de ses joueurs.
Article rédigé par Andréa La Perna, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Byron Castillo, sous les couleurs de l'Equateur, face à l'Arabie Saoudite, le 23 septembre 2022. (JOSE JORDAN / AFP)

Sur le terrain, "la Tri" avait fait ce qu'il fallait. Meilleur que le Pérou, le Chili ou encore la Colombie, l'Equateur avait terminé quatrième de sa campagne de qualification pour la Coupe du monde 2022, chipant le dernier billet de la zone Amérique du Sud. Mais, à mesure que les mois la rapprochait du Mondial, la certitude d'y participer s'est éloignée. Si bien qu'il a fallu attendre le 8 novembre pour que l'équipe de Gustavo Alfaro soit vraiment assurée d'être de la partie.

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A l'origine de cette crispation : la situation administrative du joueur Byron Castillo. Une polémique est née le 26 avril, lorsque le journaliste colombien Sebastian Bejarano a relayé une vidéo dans laquelle l'avocat Luigi Garcia, document à l'appui, martelait que l'international équatorien n'était pas né à Playas, en Equateur, mais en Colombie, à Tumaco. Il ne s'agissait alors pas de révélations, puisque Castillo avait déjà été visé par ces mêmes accusations en 2017. Le latéral droit avait d'ailleurs été écarté des sélections de jeunes et avait dû attendre 2021 pour faire ses débuts en équipe première.

Le Pérou et le Chili ont fait pression

La Fédération chilienne de football a alors sauté sur l'occasion pour faire valoir ses droits, en déposant une plainte devant la Fifa. Cette dernière demandait à ce que les huit matchs disputés par Byron Castillo soient transformés en défaites pour l'Equateur, ce qui aurait fait passer le Chili de la 7e à la 4e place, synonyme de qualification au Mondial.

Flairant aussi l'opportunité, la Fédération péruvienne de football s'est aussi jetée dans la brèche, demandant une exclusion pure et simple de la sélection équatorienne. De quoi, si elle avait obtenu gain de cause, permettre au Pérou, 5e et premier non-qualifié pour le Qatar, de basculer du bon côté. "En Colombie, au Venezuela et en Equateur, il y a eu un grand changement dans les règles qui font que les joueurs peuvent changer de nationalité sportive. Ce cas a pris une plus grande importance parce que deux pays pouvaient tirer profit de la situation", explique Sebastian Bejarano.

La Fifa a rejeté les deux dossiers le 10 juin, confirmant, après enquête, la qualification de "La Tri" pour le Mondial. Mais ce n'était que le début d'une longue procédure judiciaire. En appel, l'instance a confirmé l'éligibilité du joueur en septembre. Puis, lors de l'ultime recours, devant le Tribunal arbitral du sport (TAS), les fédérations chilienne et péruvienne ont essuyé un nouvel échec, à 12 jours du début du tournoi. En revanche, le TAS a reconnu l'utilisation par la Fédération équatorienne de faux documents, la condamnant à payer une amende de 100 000 francs suisse et à écoper d'un retrait de trois points lors de la prochaine campagne qualificative pour la Coupe du monde.

Byron Castillo finalement écarté de la liste

Les trois juges intervenant devant le TAS se sont dit convaincus "que la date et le lieu de naissance" figurant sur le passeport de Byron Castillo sont "incorrects" et qu'il est bien né en Colombie en 1995, infligeant à ce titre à la Fédération équatorienne de football (FEF) une double sanction. L'éligibilité du joueur à la Coupe du monde a été maintenue, mais celui qui a participé à toute la phase de préparation au Mondial - il a même affronté l'Irak en amical le 12 novembre - n'a finalement pas été retenu par le sélectionneur Gustavo Alfaro au moment de dévoiler sa liste.

"Je suis un entraîneur de football. Je ne suis pas avocat, mais j'ai parlé avec des avocats. Mon avis, c'est que Byron [Castillo] aurait dû être là, a expliqué ce dernier en conférence de presse, samedi. C'est un coup très dur. Si seulement vous aviez vu la douleur de Byron, et celle du groupe. Pour nous, c'est une motivation supplémentaire". La décision a été prise par sa Fédération pour calmer le jeu et "par peur des représailles", a-t-il ajouté.

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