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Coupe du monde 2022 : "Crunchissime", "Grandiose", la presse française encense les Bleus après leur qualification en demi-finale, les médias anglais en berne

La qualification de l'équipe de France face à l'Angleterre (2-1) en demi-finale du Mondial, samedi, a ravi la presse nationale et régionale, alors qu'outre-Manche, le coup est dur à encaisser.
Article rédigé par Apolline Merle, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Le gardien de but des Bleus Hugo Lloris et ses coéquipiers célèbrent leur victoire contre l'Angleterre après le quart de finale de la Coupe du monde, le 10 décembre 2022, au stade Al Bayt à Al Khor, au Qatar. (JEAN CATUFFE / AFP)

Il y a deux salles, deux ambiances dimanche 11 décembre dans les journaux. Après la victoire de l'équipe de France face à l'Angleterre (2-1), samedi 10 décembre, lors des quarts de finale de la Coupe du monde, la fierté nationale a envahi les pages des quotidiens français. Outre-Manche, l'atmosphère se rapproche plus d'une gueule de bois dont on n'a pas envie de se remettre. 

C'est assurément le quotidien L'Equipe qui s'est distingué avec un jeu de mots des plus croustillants, dimanche matin. Un Olivier Giroud et un Adrien Rabiot hurlant leur joie et sous-titré d'un "CRUNCHISSIME" font la une du quotidien sportif. Pour l'article de tête, le journal titre "Very good tripes", en référence à la réaction du sélectionneur Didier Deschamps après la victoire: "c’est avec le cœur et les tripes que nous avons tenu."

En réponse, le journaliste de L'Equipe Vincent Duluc leur rend un hommage appuyé. "Puisque le mérite d'une équipe ne consiste pas seulement à bien jouer, puisque le sport collectif récompense d'autres vertus, il est juste de célébrer la présence de l'équipe de France en demi-finales de la Coupe du monde comme un accomplissement immense, au regard de tout ce qui lui est tombé sur le dos, de tout ce qu'elle est allée chercher, et de la force qu'elle a su créer, jour après jour",

"Elle n'a pas été meilleure que l'Angleterre, dont elle a eu la peau, mais elle a tout donné, son énergie, son refus de la défaite, et même le bâton pour se faire battre, parfois, se montrant un demi-finaliste absolument inclassable dans l'histoire de France", poursuit-il afin de montrer l'ampleur de l'exploit. Car pour la troisième fois en quatre phases finales d'une compétition majeure, l'équipe de France a validé son billet pour le dernier carré (Euro 2016, Mondiaux 2018 et 2022). 

A la gloire des Bleus

Cette équipe de France fait l'unanimité dimanche dans la presse. "Demi-finale France-Maroc, cette coupe du monde est magique", titre en une le Journal du Dimanche. "Grandiose !", choisit quant à elle la Dépêche du Midi, avec la photo du but de la tête d'Olivier Giroud, tout en saluant un "Hugo Lloris décisif". "Qualifiés en demi-finale au terme d’un match étouffant", souligne Ouest-France. "L’équipe de France a souffert, mais elle n’a rien lâché contre l’Angleterre. Bousculés, dominés dans le jeu, les Bleus ont arraché au courage leur qualification", écrit le quotidien breton, qui ne manque pas de rappeler que "rien n’a été simple pour la bande de Didier Deschamps", samedi au stade Al-Bayt.

"Dominés, les Bleus filent à l’anglaise vers la demi-finale", titre le journaliste du Monde, Alexandre Pedro, dans son article, jouant avec efficacité sur les expressions anglaises pour saluer la prestation française. "Certains peuvent parler d’un petit miracle, de la chance du champion ou du retour de la fameuse 'chatte à Dédé', un temps égarée dans les rues de Bucarest après l’élimination précoce contre la Suisse lors du dernier Euro, en juin 2021. Les vainqueurs du soir préfèrent y voir d’autres vertus, celle d’une équipe qui plie mais ne rompt jamais", écrit-il. 

Outre-Manche, la presse panse ses plaies

Chez nos voisins anglais en revanche, pas le moindre rayon de joie. Les journaux sont en berne. Des images de déception et des joueurs et spectateurs en larmes garnissent les journaux de ce dimanche. Surtout, la tristesse du capitaine des Three Lions, Harry Kane est mise en avant dans tous les médias. "Le cœur des Lions brisé", titre The Daily Mirror, qui parle même de "cauchemar" pour Harry Kane.

Le quotidien britannique salue toutefois la performance des Tricolores et notamment du capitaine des Bleus, Hugo Lloris, bien connu en Angleterre car évoluant à Tottenham. "L'Angleterre s'est améliorée après avoir pris du retard, mais n'a pas pu initialement trouver un moyen de prendre le dessus sur Hugo Lloris, qui a contrecarré de manière impressionnante Harry Kane et Jude Bellingham au cours de la soirée", écrit The Daily Mirror. "Ils ([es Anglais] étaient timides dans les premières phases du match ; contrairement à la France, percutante", poursuit-il.

The Sun titre même "Harry's pain", ('La douleur de Harry"), "dévasté par le penalty raté" qui aurait pu permettre à son équipe de se relancer dans ce quart de finale. "Après le coup de sifflet, il s'est effondré sur la pelouse", raconte le tabloïd. "Plusieurs de ses collègues au cœur brisé se sont précipités vers lui, tandis que le sélectionneur [Gareth] Southgate, qui a manqué un penalty à l'Euro 96, l'a également serré dans ses bras et lui a adressé quelques mots", écrit-il encore. Bien loin de son enthousiasme d'avant-match avec sa publicité, aux slogans un brin provocateurs "Au revoir les Gaulois" ou encore "Allez les Rosbifs", installée dans les rues de Paris, The Sun encaisse dimanche ce "moment de désespoir".  

La douleur du penalty raté

Plus que de la douleur de son capitaine, ce penalty raté va assurément laisser une trace indélébile dans le cœur de chaque Anglais. "Le fléau des penalties manqués est revenu hanter l'Angleterre hier soir, alors que ses rêves de Coupe du monde se sont terminés dans des scènes familières de larmes et de rêves brisés", regrette The Guardian. "La piqûre de cette défaite persistera sûrement", note le quotidien tout en félicitant malgré tout la performance de son équipe. "Il y avait tellement de choses ici dont l'Angleterre pouvait être fière alors qu'elle affrontait les champions du monde pendant 90 minutes. Ils étaient audacieux, ils étaient inventifs. Ils ont avancé dans un style qui s'est débarrassé de leur conservatisme familier", malgré une "tension impossible" au cours du match. 

"Depuis le seul triomphe de l'Angleterre en Coupe du monde en 1966, leurs résultats dans les huitièmes de finale ont suivi une formule simple et répétitive : ils perdent face à la première puissance à laquelle ils sont confrontés. Et cela s'est avéré. Mais il n'y avait pas de honte dans cette défaite", analyse encore The Guardian

Même conclusion du Sunday Telegraph, mais qui tient à préciser que cette défaite était différente face à la France et pleine de regrets. "Ils n'ont pas été dominés. Ils n'ont pas reculé. Au lieu de cela, ils ont perdu une match équilibré qu'ils méritaient de gagner." Avant d'ajouter : "Ils auraient dû commettre une faute sur l'action du premier but de la France, ils auraient dû obtenir un autre penalty et ils auraient dû jouer à 11 contre 10, Theo Hernandez n'ayant pas été expulsé sur la faute amenant le deuxième penalty." 

"C'est peut-être l'histoire du football anglais, mais cela s'est avéré particulièrement difficile.", conclut-il, le cœur lourd. Pour le Daily Mail, après "les espoirs d'une nation anéantis", "l'attente de l'Angleterre pour la gloire sur la scène internationale se poursuivra". En attendant, ce sont bien les Bleus qui sont qualifiés pour les demi-finales. "Un obstacle imprévu se dresse sur leur chemin", glisse Le Monde, "le Maroc et sa défense à vous dégoûter un attaquant. Cristiano Ronaldo en pleure encore d’ailleurs." Espérons que la France évite les larmes mercredi. 

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