Coupe du monde 2022 : face à la peur de l'élimination contre l'Angleterre, l'équipe de France a pu compter sur ses patrons
Et dire qu’Olivier Giroud s’apprêtait à sortir. Quand Marcus Thuram, au bord de la pelouse du stade Al-Bayt, a vu le meilleur buteur de l’histoire des Bleus dominer Harry Maguire au duel et donner la victoire à l’équipe de France d’un coup de casque, il a gentiment retiré son chasuble et regagné le banc. Giroud vivait un match très compliqué jusqu’à une occasion repoussée de peu par le gardien anglais. Avant son but quelques secondes plus tard. "Je savais que j’allais avoir une nouvelle occasion après", savourait Giroud après le match.
Dans ce quart de finale tendue remporté par la France (2-1), face à une équipe d’Angleterre "très costaud" selon les dires de Didier Deschamps, les Bleus ont souffert. Ce groupe de joueurs qui continue de se construire et de progresser au fil des matchs a expérimenté face aux Three Lions la peur du vide. Tout proches d’une élimination, certains joueurs qui découvrent ces hauteurs ont flanché : Aurélien Tchouameni a marqué mais concédé un penalty, tout comme Théo Hernandez. Adrien Rabiot et Ousmane Dembélé ont également été moins en vue.
Dans la tempête, les cadres du groupe, qui étaient déjà présents lors du titre mondial acquis en Russie en 2018, n’ont pas coulé. À 1-1, il ne manquait finalement qu’un but de Giroud, son 53e en équipe de France, pour accompagner les bonnes performances de Hugo Lloris, Raphaël Varane et Antoine Griezmann. "J’ai des jeunes joueurs, qui manquent parfois d’expérience, mais là il y a une force collective qui se dégage depuis le départ. Ça peut faire basculer ce genre de matchs, on en a besoin", s’est félicité Deschamps.
Lloris impressionne pour sa 143e sélection
Sur la tête victorieuse de Giroud, Griezmann est à la passe sur un centre parfait, comme sur le premier but de Tchouameni. Le néo-milieu de terrain ne marque plus avec l’équipe de France mais il avale des kilomètres et des kilomètres sans perdre sa lucidité pour régaler ses coéquipiers. Après s’être éparpillé défensivement en première période contre la Pologne, son placement a été précieux pour juguler l’influence de Jude Bellingham et combler les brèches.
Comme à son habitude depuis l'arrivée au Qatar, il a mené le groupe pour aller saluer les 4 000 supporters français présents dans les tribunes. À ses côtés, Hugo Lloris, qui a jeté le ballon de joie dans le kop anglais au coup de sifflet final. Le gardien de Tottenham a pris quelques instants avant d’aller voir son ami et coéquipier en club, Harry Kane, qui a raté son deuxième penalty dans la rencontre. Même s’il a encaissé le premier, Lloris a su rentrer dans la tête du capitaine anglais en réalisant deux parades de grande classe face à lui en première période.
"Il a été extraordinaire", a souri Kingsley Coman après la rencontre. "Dans ces matchs couperets, on a besoin d’un très grand gardien. On l’a eu ce soir. Pourvu que ça dure", a de son côté jugé Adrien Rabiot. Lloris a marqué les esprits le soir où il dépasse Lilian Thuram au nombre de sélections en équipe de France. "Je suis très heureux parce que c’était une soirée très spéciale, avec la 143e face aux Anglais. Le meilleur moyen de la fêter, c’était de gagner", a expliqué un Lloris, apparu soulagé dans les couloirs du stade Al-Bayt.
"Le mental et l'expérience permettent de gérer"
De ses cages, Lloris a pu apprécier la nouvelle bonne performance de Raphaël Varane. Le défenseur mancunien, qui revenait de blessure au début du rassemblement, monte en puissance. Sa sérénité à côté d’un Dayot Upamecano qui s’est fait avoir plusieurs fois par le jeu de corps de Kane a évidemment rassuré. Tout comme ses prises de parole sur la pelouse pour encourager ses coéquipiers dans une fin de match tendue.
"La qualité ne suffit pas mais dans ce groupe, il y a aussi le mental et de l’expérience qui permettent de gérer", a assuré Deschamps. Le plan anti-Mbappé concocté par les Anglais a par ailleurs bien fonctionné, le numéro 10 des Bleus, lui aussi grand artisan du titre conquis quatre ans plus tôt mais qui n'assure pas encore ce rôle de "patron", ayant eu peu de choses à se mettre sous la dent pendant l’ensemble de la rencontre. Mais l'équipe de France a su se passer des éclairs de son homme providentiel et les autres cadres ont pris le relais et permis à tous de continuer à y croire malgré l’insistance des Anglais.
Après la rencontre, les joueurs ont célébré la victoire dans le vestiaire aux côtés de Lilian Thuram et Claude Makélélé, deux légendes de l’histoire du football français. Si les héros du soir, Lloris, Varane, Griezmann et Giroud, réalisent l’exploit de remporter un deuxième succès consécutif en Coupe du monde, ils les dépasseraient dans le panthéon du football tricolore. Mais avant cela, il reste deux matchs et un premier rendez-vous face au Maroc, mercredi prochain.
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