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Coupe du monde 2022 : un penalty raté et un bourreau nommé Uruguay... On a vécu la désillusion aux airs de déjà-vu du Ghana

La sélection africaine, qui était en position favorable en vue d'une qualification pour les huitièmes de finale, a été battue et éliminée par l'Uruguay, vendredi, douze ans après le quart de finale légendaire, perdu aux tirs au but.
Article rédigé par Andréa La Perna - De notre envoyé spécial à Doha
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3 min
Mohammed Kudus au sol lors de Ghana-Uruguay en Coupe du monde, le 2 décembre 2022, au stade Al-Janoub au Qatar. (JOSE BRETON / AFP)

"Revanche". Si les Ghanéens, coach et joueurs, refusaient d'utiliser le mot, les supporters des "Black Stars" n'avaient qu'un seul mot à la bouche avant de retrouver l'Uruguay en Coupe du monde, vendredi 2 décembre. Douze ans après le quart de finale perdu aux tirs au but avec la fameuse main de Luis Suarez au bout de la prolongation et le penalty manqué d'Asamoah Gyan, André Ayew et ses coéquipiers pouvaient faire coup double : expier le spectre de 2010 et valider leur billet pour les huitièmes de finale. Mais, la soirée a pris un nouveau tournant catastrophique pour le Ghana, battu (0-2) et éliminé du Mondial 2022.

Dans le métro et le bus menant au stade, les supporters ghanéens étaient pourtant très confiants. "Non, non, ça ne va pas se reproduire", riait un fan portant le drapeau rouge, jaune, vert du pays comme une robe. Plus tard, un quinquagénaire neutre, au premier rang du bus, se retournait vers un petit groupe de Ghanéens : "1-0 Ghana ce soir ?". "Trois ! Trois ! Trois ! 3-0 !", entonnaient en cœur ceux dont l'équipe était en position favorable avant le coup d'envoi du match car virtuellement qualifiée pour la phase finale. Seule la défaite était interdite.

Aux abords du stade, entre l'optimisme des fans du Ghana et la discrétion de ceux de l'Uruguay, bruyants uniquement lorsque les caméras se braquent vers eux, rien ne donnait l'impression que l'histoire se répéterait. D'ailleurs, un seul des protagonistes du match de 2010 était présent sur la pelouse au coup d'envoi, Luis Suarez, dont le nom a été à la fois sifflé et applaudi par la foule massée dans les gradins du stade Al-Janoub.

Un penalty manqué, Suarez décisif

Très vite, les "Black Stars" ont donné l'impression d'être sur la bonne voie. Ils ont même été récompensés d'un penalty par la VAR, le gardien uruguayen Sergio Rochet intervenant dans les pieds de Mohammed Kudus plutôt que sur le ballon. Mais l'histoire est taquine et le penalty a été manqué (21e). Il ne fait aucun doute qu'André Ayew, qui avait assisté au match de 2010 sans pouvoir y participer, avait en tête les conséquences du raté de son ancien coéquipier Asamoah Gyan lorsqu'il s'est élancé face à Rochet.

Il n'en fallait pas beaucoup plus pour que le match bascule dans l'autre sens. Les Uruguayens, qui n'avaient alors toujours pas marqué le moindre but dans cette Coupe du monde, se sont réveillés. Après avoir retardé l'échéance en empêchant le piqué de Darwin Nunez de franchir la ligne (23e), le Ghana a coulé en l'espace de six minutes. Et comme si ça ne pouvait pas se passer autrement, Luis Suarez y est allé de sa contribution. C'est son tir, dévié par le gardien ghanéen, qui est poussé au fond des filets par Giorgian de Arrascaeta (26e) et c'est lui qui sert encore ce dernier sur le but du 2-0 (32e) d'une pichenette astucieuse.

L'Uruguay douchée à distance par la Corée du Sud

En tribune de presse, plusieurs journalistes uruguayens, dont un vêtu du maillot et d'un extravagant chapeau aux couleurs de la Céleste, se sont alors levés pour célébrer en criant ce deuxième but, comme si leur équipe venait de soulever le trophée. Soixante minutes restaient à jouer, mais c'est comme si les joueurs d'Otto Addo avaient déjà reçu le coup de grâce. Le public ghanéen est aussi rentré dans le rang, ne se manifestant que lorsque Luis Suarez a reçu un carton jaune (60e).

Luis Suarez en pleurs face au Ghana lors de la Coupe du monde 2022, le 2 décembre 2022. (RAUL ARBOLEDA / AFP)

Tout le monde s'est réveillé à dix minutes de la fin du temps réglementaire, avec une fin de match passée à aller d'un but à l'autre. Il faut dire que l'Uruguay venait d'apprendre que la Corée du Sud menait 2-1 face au Portugal, dans l'autre match, et avait besoin d'un but supplémentaire pour rester en vie. Pendant que Suarez, sur le banc, mangeait le col de son maillot en pleurant, les occasions se sont succédé sans que jamais le score ne bouge.

Même si les Ghanéens n'ont pas réussi à tirer profit de la détresse des Uruguayens, ils auront en partie pris leur revanche, à en croire la ferveur de leurs supporters au coup de sifflet final, fêtant allègrement l'élimination du bourreau uruguayen malgré tout. Comme la veille, lors d'Allemagne-Costa Rica, le match a fait deux malheureux. Certes victorieuse, la Céleste quitte la compétition en même temps que le Ghana, punie à distance par des Sud-Coréens héroïques.

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