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Coupe du monde : au bord de la crise de nerfs, les joueurs brésiliens font appel à une psy

Après un huitième de finale éprouvant face au Chili, l'équipe du Brésil a appelé Regina Brandão à la rescousse. Objectif : éviter les crises de larmes pour les quarts de finale.

Article rédigé par Salomé Legrand
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
De g. à dr.,  Luis Felipe Scolari, Neymar et Thiago Silva, durent le 8e de finale contre le Chili, le 28 juin 2014, à Belo Horizonte (Brésil). (WILLIAM VOLCOV / BRAZIL PHOTO PRESS / AFP)

0-0 à la fin des prolongations. Samedi 28 juin, la qualification du Brésil face au Chili pour les quarts de finale de la Coupe du monde se joue aux tirs au but. Julio Cesar sauve finalement la Seleçao, mais quelques secondes auparavant, le gardien brésilien craque. De grosses larmes roulent jusqu'au bas de ses mâchoires carrées.

Quelque 50 mètres plus loin, le capitaine auriverde, Thiago Silva, n'en mène pas plus large. Lui aussi pleure, prostré, la tête dans les mains, dos aux tireurs, assis sur un ballon au milieu du rond central. Il refuse même de faire partie des cinq premiers à s'élancer. Et c'est Paulinho, remplaçant, qui vient réconforter celui qui, quelques jours auparavant, conseillait aux joueurs ne résistant pas à la pression de changer de branche. 

Thiago Silva (à dr.) et le coach assistant Carlos Alberto Parreira, à la fin du match Brésil-Chili, le 28 juin 2014. (GUSTAVO ANDRADE / AFP)

"Indigne d'un capitaine"

"Il ne s'est pas comporté comme un homme", aurait taclé le sélectionneur en off dans les vestiaires, jugeant le défenseur "indigne d'un capitaine", selon Sports.fr. Mais à l'entrée sur le terrain comme durant l'exécution des hymnes ou à la moindre contrariété, les occasions de voir les footballeurs brésiliens sangloter ne manquent pas. Même en cas de victoire, là où la plupart des équipes dansent de joie, la Seleçao fond en larmes. Du coup, le sélectionneur Luiz Felipe Scolari a sorti son joker. Il a fait venir Regina Brandão, une psychologue du sport avec qui il a l'habitude de travailler.

La psychologue du sport Regina Brandão, à Rio de Janeiro (Brésil), le 1er juillet 2014. (ARI FERREIRA / AGÊNCIA LANCEPRESS! / AFP)

Cette dernière assure que sa visite était prévue. Mais tout indique que celle qui a réalisé un profilage mental des joueurs avant la compétition a déboulé en urgence à Granja Comary, le camp de base des Brésiliens, lundi 1er juillet. 

"Comprendre comment chaque joueur se sent"

Regina Brandão, professeure à l'université Sao Judas Tadeu, à Sao Paulo, travaille avec Scolari depuis 1993, selon le quotidien Lance (en anglais) . En décembre 2013, le New York Times (en anglais) racontait comment elle avait aidé le coach à composer sa sélection. "Mon travail consiste à comprendre comment chaque joueur se sent et comment cela affecte son jeu", expliquait-elle au quotidien américain.

Et de noter que "culturellement", les joueurs brésiliens avaient des réactions plus extrêmes, plus "intenses" que les Portugais et les Saoudiens qu'elle a aussi sondés. Et qu'ils étaient davantage sensibles aux évènements extérieurs. D'autant que durant cette Coupe du monde, ils sont fixés par 200 millions de paires d'yeux brésiliens...

"J'ai peur que cette visite ne soit contreproductive et perçue par les joueurs comme le signal de la difficulté de l'entraîneur à maîtriser la situation", note Julien Bois, secrétaire général de la Société française de psychologie du sport, interrogé par francetv info. 

Neymar : "Cette séance m'a relaxé"

Selon ce spécialiste, sans travail spécifique et approfondi en amont, le préparateur mental dispose d'une marge de manœuvre réduite. Quand l'objectif est d'amener le joueur à identifier les "routines de performance", une poignée de jours ne suffisent pas. "Par exemple, pour les penaltys, on fait des séances où le joueur tire une fois sans course d'élan, une fois les yeux fermés, une fois après des exercices de fatigue", raconte l'enseignant-chercheur à l'université de Pau (Pyrénées-Atlantiques). L'objectif est "de repérer les bons gestes, indépendants du contexte, à systématiser".

Luiz Felipe Scolari (au c.) et Neymar à Belo Horizonte (Brésil), le 28 juillet 2014. (ADRIAN MACIAS / MEXSPORT / AFP )

"Elle peut quand même insister sur les techniques respiratoires pour se relâcher, faire de la relaxation", liste Julien Bois, qui évoque aussi "des groupes de discussions entre joueurs pour évoquer ce qui fait peur".

"Je n'avais jamais fait ça auparavant", a confié Neymar, l'attaquant star de la Seleçao, mardi 2 juillet en conférence de presse, après une séance avec la psychologue Regina Brandão. "J'aime beaucoup, je me suis senti relaxé", a-t-il détaillé, refusant de commenter plus avant le choc émotionnel qui traverse l'équipe. 

Le staff technique a quand même déchargé Thiago Silva de quelques-unes de ses responsabilités de capitaine au profit de David Luiz. Et Paulinho, fort de son expérience en Coupe des Confédérations l'an passé, pourrait réapparaître parmi les titulaires. 

"Je suis constamment en contact avec les joueurs, via WhatsApp [une application de messagerie pour smartphone]", martèle Regina Brandão, interviewée par Globo (en portugais). Et je serai là la semaine prochaine" – pour préparer le Brésil pour les demi-finales , assure la psychologue, qui pratique visiblement aussi la méthode Coué.

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