Coupe du monde au Qatar : une filiale du groupe Vinci soupçonnée d'esclavage moderne convoquée par un juge d'instruction français
La filiale qatarie, dont Vinci est actionnaire minoritaire, se voit reprocher de nombreuses pratiques douteuses vis-à-vis de ses ouvriers locaux. Ces salariés aux bas salaires et aux conditions de travail difficiles participaient notamment au chantier d'un métro.
À deux semaines du coup d'envoi de la Coupe du monde de football au Qatar, le géant français du BTP Vinci est rattrapé par des accusations d'esclavage moderne. Une filiale qatarie de Vinci Construction Grands Projets (VCGP) est convoquée mercredi 9 novembre par un juge d'instruction de Nanterre (Hauts-de-Seine) en vue d'une éventuelle mise en examen, a appris ce dimanche franceinfo de source proche du dossier confirmant une information du journal Le Parisien/Aujourd'hui en France.
La filiale qatarie, Qatari Diar Vinci Construction (QDVC), dont Vinci est actionnaire minoritaire, se voit reprocher de nombreuses pratiques douteuses vis-à-vis de ses ouvriers locaux. Des contrats incompréhensibles, des salaires trop bas et des conditions de travail très difficiles sont par exemple relevées. Ses salariés travaillaient notamment à la construction d'un métro dans l'optique de la Coupe du monde 2022.
Dans un communiqué, lundi, Vinci dit regretter que "sa filiale fasse l'objet d'une mise en examen", en anticipant une décision qui appartient au juge mercredi. L'entreprise française dit réfuter les accusations, notamment de "travail forcé" et de "traite d'êtres humains.
Une nouvelle plainte d'une ONG
L'enquête sur cette affaire avait débuté il y a sept ans, en 2015, après une plainte de l'ONG Sherpa qui lutte contre les crimes économiques. Après trois ans d'investigation, le procureur de Nanterre avait classé l'affaire sans suite mais Sherpa a déposé une nouvelle plainte auprès d'un juge d'instruction.
C'est ce magistrat de Nanterre qui a décidé de convoquer la filiale de Vinci mercredi, à dix jours du coup d'envoi de la Coupe du monde de football. Ce qui fait grincer des dents l'avocat de la société qatarie. Contacté par franceinfo, maître Jean-Pierre Versini-Campinchi dénonce une affaire qui existe seulement pour "faire le buzz".
Vinci Construction France a déjà été mis en examen en février pour "corruption privée" dans une instruction qui vise l'ex-gérante de fortune en France de l'ancien émir du Qatar. Ses filiales Petit et GTM Bâtiment ont également été mises en examen pour "corruption privée". Vinci Construction France et Petit sont également inquiétés pour "complicité de faux et usage de faux en écriture privée".
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