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Coupe du monde : entre "Koh-Lanta" et un "camp de réfugiés", le camping sordide des fans de la Belgique

Ils pensaient vivre une expérience inoubliable sur les traces de leur équipe nationale. Effectivement, ils n'oublieront pas leur séjour au Brésil de sitôt.

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Le "Devillage", le camping des supporters belges lors du Mondial au Brésil, situé à Recreio, près de Rio de Janeiro, le 20 juin 2014.  (VOISHMEL / AFP)

"Ce n'est pas un camping de luxe comme promis, c'est plus un camp de réfugiés, et je n'exagère vraiment pas", s'écrie Geerts, un supporter des Diables rouges qui paye 160 euros la nuit pour dormir au Devillage (habile jeu de mots entre "devil", "le diable" en anglais, et "village"), interrogé par 7sur7.be. A quelques heures du match qui oppose la Belgique à la Russie, dimanche 22 juin, visite guidée d'un camp de supporters que beaucoup comparent déjà à l'émission de télé-réalité Koh-Lanta.

"Ma femme a failli finir comme Claude François"

La fédération belge avait voulu frapper un grand coup en s'inspirant des campings géants où se massent les fans néerlandais à chaque grande compétition. Une fois la qualification acquise, une vidéo de présentation est rapidement mise en ligne sur Youtube. "La vidéo de présentation était très belle, j’en conviens, mais ça s’arrête là", raconte Didier Moulart, un des premiers arrivés dans le camp, situé près de Rio de Janeiro, à la Dernière Heure.

Les premiers arrivés déchantent rapidement. Faisons le tour du propriétaire. Les sanitaires et la salle de bains ? "C'est une vraie catastrophe. Il n'y a pas d'électricité. Il n'y a que deux douches pour les hommes et deux douches pour les femmes. L'eau est froide, salée. Le sol est vraiment dégueulasse. Il n'y a que deux éviers et deux toilettes pour 2 500 personnes", raconte un supporter sur la chaîne RTL-TVI. Avec un cas d'électrocution. "Ma femme a failli finir comme Claude François !", raconte Yves, sur 20minutes.fr"L'eau qui sort des robinets est salée, très sympa pour se brosser les dents", raconte un autre fan des Diables Rouges à la Dernière Heure.

"Il peut y avoir des morts"

Et les tentes ? "Quatre bâches, un tapis de sol, un lit, si on peut apeler ça un lit, un sommier en bas avec un matelas aussi dur que les tapis de gym quand on était à l'école, avec des draps et une couverture", décrit Didier à la RTBF. Et encore, Didier peut s'estimer heureux, il a eu droit à une "tente de luxe". "Je ne vois pas ce qu'elle a de luxe", s''étrangle-t-il. Même les débrouillards sont mécontents : "Je suis venu ici avec ma propre tente mais n’allez pas croire que ma facture a été moins salée pour autant, raconte Cédric. Pour un séjour du 12 au 21 en demi-pension, j’en ai eu pour 1 150 euros." Pour protéger les tentes ? Une structure métallique... qui n'inspire pas confiance aux supporters. "La structure métallique qui abrite les tentes est complètement rouillée. Si tout s'écroule, il peut y avoir des morts", décrit Geerts à 7sur7.be.

On avait aussi promis de l'électricité et du wifi aux campeurs. Mais ceux qui n'ont pas de lampe de poche et qui sont situés à "plus de 50 centimètres" de la borne wifi en seront pour leurs frais. 

"Les animaux sont mieux installés que nous"

Les supporters ne peuvent pas même se consoler avec la nourriture, "immangeable" selon les uns, "rien d'extraordinaire" pour les plus cléments. Les fûts de Jupiler sont bloqués à la douane. Pas de lait pour le café (un sacrilège en Belgique) et, pire, "du fromage hollandais rassis". Il n'y a pas que le fromage qui est hollandais : la société qui gère le camp aussi. Oranjevillage a dépêché sur place deux chefs de camp et des salariés... néerlandophones. Ce qui a le don de prodigieusement agacer les supporters belges. Beaucoup ont déjà déserté, se rabattant sur l'offre hôtelière de la région de Rio de Janeiro. Le camp, d'une capacité maximale de 2 500 personnes, n'accueillera au mieux que 600 courageux. "Les animaux sont mieux installés que nous ici", tonne un supporter, cité par la Dernière heure.

Devant la fronde, Oranjevillage et la Fédération belge ont consenti un rabais de 50 euros par jour (prix d'origine : 160 euros la nuit) pour les campeurs. Insuffisant... pour Test-Achats, l'équivalent de l'UFC Que Choisir outre-Quiévrain, qui conseille aux supporters de refuser et prendre un maximum de photos et vidéos pour porter l'affaire devant les tribunaux en Belgique. D'autant plus qu'une dizaine de supporters argentins sont installés dans le camp, et qu'eux paient 17 euros par jour. Dix fois moins que les Belges. 

Ah, au fait, le camp des supporters néerlandais est aussi géré par Oranjevillage. Et contrairement au Devillage, il affiche complet. La société va même rajouter des tentes la semaine prochaine, relève le site Nusport (en néerlandais), grâce au bon parcours de la bande à Louis Van Gaal, qualifiée pour le second tour. 

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