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Coupe du monde : le supporter Hollande en fait-il trop ?

Le chef de l'Etat a multiplié, dimanche, les commentaires sur le match de la France. Ce qui n'a pas manqué d'énerver certains téléspectateurs.

Article rédigé par Yann Thompson
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
François Hollande regarde le match France-Honduras avec des médaillés français des Jeux olympiques et paralympiques d'hiver de Sotchi, le 15 juin 2014, à l'Elysée, à Paris. (MAXPPP)

François Hollande est-il en train de devenir un président Footix ? Le chef de l'Etat a profité du premier match de l'équipe de France à la Coupe du monde, dimanche 15 juin, contre le Honduras, pour partager ses nombreuses analyses d'avant et d'après-match. Supporter "de tout cœur" avec les Bleus, pronostiqueur "confiant" en la victoire tricolore, il s'est mû, à la fin du match, en sélectionneur satisfait mais vigilant.

Forcément, il y en a que cela énerve, venant d'un président à la peine dans un pays en difficulté. Parmi les grincheux, la députée UMP des Yvelines Valérie Pécresse, qui n'a pas manqué d'y aller de son tacle.

François Hollande a-t-il vraiment raté son entrée dans la compétition ? Notre réponse en trois points.

Oui, on n'en est qu'au début

Pour afficher son soutien aux Bleus, François Hollande a sorti l'artillerie lourde. Après avoir rencontré les joueurs à Clairefontaine, fin mai, le chef de l'Etat a dit, dès jeudi, son "impatience" et sa "mobilisation" en vue du match de dimanche. Le jour J, il a pris feu : un tweet d'encouragement sur son compte personnel, une salve de vidéos sur le compte Vine de l'Elysée, une interview sur TF1 avant le coup d'envoi et une analyse de la rencontre après le coup de sifflet final.

A peine l'euphorie naît-elle autour des Bleus que le chef de l'Etat se place déjà, avec la complicité des médias, en personnage central. Il en profite pour évoquer l'"unité" de la France et vanter les mérites de la "ligne" tenue par Didier Deschamps. Une stratégie de communication qui pourrait s'avérer périlleuse, si l'équipe de France venait à sombrer lors des prochains matchs.

"En vérité, si François Hollande entend vraiment capitaliser sur l'événement, il conviendrait de lui recommander de pratiquer la discrétion qui sert l'authenticité", estime le chroniqueur Bruno Roger-Petit sur le site Le Plus du Nouvel Observateur.

Peut-être, mais tous les présidents le font

François Hollande n'est ni le premier ni le dernier président à s'exprimer sur le parcours de l'équipe de France en Coupe du monde. Souvenez-vous, en 2010, avant le premier match contre l'Uruguay, Nicolas Sarkozy avait directement appelé le sélectionneur Raymond Domenech. La France avait terminé dernière de son groupe, quelques jours plus tard, avec zéro victoire au compteur.

 

 

Même interventionnisme en 2008, avec une visite de Nicolas Sarkozy à Clairefontaine, ou en 2006, avec des conversations de Jacques Chirac avec Djibril Cissé, forfait, et avec Zinédine Zidane, après son coup de tête en finale. Qu'espèrent les présidents en montant ainsi au créneau ? Un sursaut de popularité, flagrant en cas de bon résultat des Bleus, comme le démontre le blog ElectionScope.

A l'étranger aussi, le foot est une affaire d'Etat. Après l'Euro 2012, les finalistes malheureux italiens ont été reçus par le président Giorgio Napolitano, la chancelière allemande, Angela Merkel, a été présentée comme la star de la compétition et le président de la fédération russe a démissionné en sortant d'un entretien avec Vladimir Poutine.

Non, on a déjà vu pire

Si François Hollande en a trop fait dimanche, que dire alors de ses prédécesseurs ? En 1998, quand le Premier ministre, Lionel Jospin, se comparait à "un mélange de Zidane et Jacquet", le président Jacques Chirac s'invitait dans les vestiaires des Bleus, après le quart de finale, la demi-finale et la finale. Avec un maillot à la place du costume.

En 2010, Nicolas Sarkozy n'a pas ménagé ses efforts après l'élimination de la France et le psychodrame de Knysna. Il a ainsi annulé un rendez-vous avec des ONG pour recevoir Thierry Henry, a appelé à des Etats généraux du football et bloqué le versement des primes. A l'époque, la secrétaire nationale des Verts, Cécile Duflot, avait vu rouge : "En transformant notre équipe nationale de football en affaire d'Etat, le président se garde bien d'imaginer les mesures réellement salutaires pour le pays."

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