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Croatie-Maroc : la petite finale de la Coupe du monde est-elle vraiment prise au sérieux par les sélections ?

La Croatie et le Maroc se disputent la troisième place, samedi, à 16 heures. Un match à l'intérêt souvent limité, quelques jours seulement après une grande déception.
Article rédigé par Vincent Daheron, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
L'équipe de Belgique qui célèbre sa troisième place de la Coupe du monde, à Saint-Petersbourg (Russie), le 14 juillet 2018. (OLGA MALTSEVA / AFP)

Les jambes sont lourdes et les têtes encore meurtries. Et pourtant, respectivement quatre et trois jours après leur défaite en demi-finales de la Coupe du monde 2022, la Croatie et le Maroc doivent disputer un dernier match, samedi 17 décembre (16 heures). L'enjeu, une troisième place souvent anecdotique décidée à l'issue d'une petite finale que les nations ne prennent pas toujours au sérieux.

"Pour ne pas faire de langue de bois, ce match de classement m'embête un peu, a admis sans détour le sélectionneur marocain Walid Regragui, vendredi, en conférence de presse. C'est toujours très compliqué pour les deux équipes, après une désillusion telle que perdre une demi-finale, de rejouer un match deux jours après. Pour moi, on est à la place du con quand on est troisième ou quatrième."

Un match à deux millions de dollars

L'interrogation n'est pas nouvelle et revient telle une ritournelle tous les quatre ans. "Je pense que ce match ne devrait pas avoir lieu, je le dis depuis dix ans", tançait Louis van Gaal en 2014, lorsqu'il était déjà à la tête des Pays-Bas, vainqueurs du Brésil (3-0) en petite finale. "Le match pour la troisième place est une stupidité complète. C'est la dernière chose que les joueurs veulent faire", pestait sur Twitter l'ancien international anglais Alan Shearer (63 sélections), quelques heures avant la défaite des Three Lions contre la Belgique, en 2018 (2-0).

Le match pour la troisième place est apparu pour la première fois en 1934 (Allemagne-Autriche 3-2) lors du deuxième Mondial - organisé en Italie - pour s'inspirer des Jeux olympiques en établissant un classement. A l'Euro, il a été supprimé depuis 1984 et l'introduction des demi-finales. L'intérêt est davantage pour la Fifa - qui peut monnayer un match supplémentaire pour ses droits TV, d'image et ses partenaires - que pour les sélections, même si deux millions de dollars de dotation séparent la troisième de la quatrième place (27 millions contre 25).

En vérité, les équipes en profitent pour faire tourner leur effectif. "On va tout faire pour gagner mais je pense aussi donner du temps de jeu à ceux qui n'ont pas eu leur chance dans cette compétition", prévenait d'ailleurs Walid Regragui dans la foulée de la défaite face à l'équipe de France (2-0), mercredi.

Une occasion de faire jouer les remplaçants

Le natif de Corbeil-Essonnes (Essonne) ne serait pas le premier ni certainement le dernier à ouvrir son banc de touche. Sur les dix dernières éditions, donc depuis quarante ans, une seule nation à reconduit l'intégralité de son onze de départ par rapport à la demi-finale perdue (la Bulgarie en 1994, défaite 4-0 contre la Suède). Le taux de renouvellement des sélections est de 31%, soit presque un tiers de la composition de départ.

En 1982 et 1986, la France avait décidé de faire jouer ses "coiffeurs", expression popularisée par Luis Fernandez lors de cette dernière édition. Avec sept changements dans son onze à chaque fois, l'équipe tricolore avaient perdu face à la Pologne (3-2) avant de battre la Belgique (4-2) quatre ans plus tard.

Le sélectionneur du Maroc Walid Regragui à la veille de la petite finale de la Coupe du monde contre la Croatie, à Doha (Qatar), le 16 décembre 2022. (MUSTAFA YALCIN / ANADOLU AGENCY via AFP)

Toujours est-il qu'une médaille de bronze reste en jeu. Ce serait une première pour le Maroc et le continent africain à la Coupe du monde. "Pour être positif, finir troisième, en terme d'image, ça serait magnifique : on est sur le podium du monde, reconnaît Walid Regragui. Les joueurs ont encore faim, ils ont envie de bien terminer, ils se rendent compte qu'il y a encore un match à jouer et je pense qu'ils ont bien compris que terminer à la troisième place, ça n'était pas la même chose que quatrième et que ça serait bien de ramener une médaille à la maison."

Chez les Croates, la motivation semblait encore plus présente. Le pays connaît l'importance d'une médaille de bronze, déjà glanée en 1998 (2-1 contre les Pays-Bas), sept ans après sa déclaration d'indépendance. "Le match de samedi n'est pas une petite finale pour nous, c'est une grande finale. Il y a une différence majeure entre terminer troisième ou quatrième, a insisté le sélectionneur des Vatreni, Zlatko Dalic, vendredi, en conférence de presse. Pour nous, c'est un match très important, c'est une bataille pour une médaille."

"Les huit d'entre nous qui étaient en Russie (lors de la finale perdue contre la France en 2018, ndlr) comprenons l'émotion que cela procure de remporter une médaille lors d'une Coupe du monde. C'est quelque chose qui vous suit pour le restant de votre vie. C'est une rencontre historique dont nous pourrons parler à nos enfants un jour."

Andrej Kramaric, attaquant de la Croatie

en conférence de presse

A défaut d'enjeu, le spectacle est, lui, souvent au rendez-vous. Depuis 1934, les petites finales ont procuré pas moins de 3,8 buts par match en moyenne. Une belle mise en bouche avant la grande finale du lendemain.

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