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Coupe du monde de football : entre les Bleues et le Maroc de Reynald Pedros, "une grande famille va se rencontrer"

De nombreux liens rassemblent les Bleues et l'équipe du Maroc, qui s'affrontent mardi en huitièmes de finale de la Coupe du monde.
Article rédigé par Maÿlice Lavorel, franceinfo: sport - envoyée spéciale à Sydney
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Reynald Pedros et Fatima Tagnaout célèbrent la qualification du Maroc pour les huitièmes de finale de la Coupe du monde féminine de football, le 30 juillet 2023, à Adélaïde. (BRENTON EDWARDS / AFP)

Ce n’était pas l’affiche la plus prévisible, mais elle aura une forte portée symbolique. Pas d'Allemagne ni de Colombie, la France affronte finalement le Maroc, surprenant deuxième du groupe H, en huitièmes de finale de la Coupe du monde, mardi 8 août, à Adélaïde. Le rendez-vous s’annonce spécial, tant pour l’enjeu sportif entre une sélection novice et une référence européenne, que pour les nombreux liens qui unissent les deux équipes.

L’opposition sur la pelouse du Hindmarsh Stadium aura en effet des airs de retrouvailles entre Tricolores et Marocaines. Chez les adversaires des Bleues, cinq joueuses évoluent en France, principalement en première ou en deuxième division, à Fleury, Nantes ou Metz. D’autres sont passées par les championnats ou les sélections françaises dans leur carrière. "On a toutes, je pense, soit des filles contre qui on a joué, soit avec qui on a joué, et ça va être un moment spécial pour les deux pays", s'est projeté Eugénie Le Sommer face aux médias quatre jours avant la rencontre.

Beaucoup d'anciennes coéquipières

Au stade, Léa Le Garrec croisera ainsi sa coéquipière à Fleury, Sarah Kassi. "Lorsqu’elles se sont qualifiées je lui ai envoyé un petit mot pour la féliciter. Elle a répondu dans la foulée pour me féliciter également, et on s’est dit à mardi", a-t-elle raconté avec le sourire. Ces liens se retrouvent aussi chez la plus jeune génération. "Je connais quelques joueuses du Maroc, Kenza Chapelle et Sarah Kassi, car j’étais en sélection de jeunes avec elles", a dévoilé Laurina Fazer, benjamine du groupe, qui a elle aussi envoyé un message à ses anciennes coéquipières pour les féliciter. "C’est quelque chose de grand ce qu’elles ont fait et j’étais contente pour elles. Mais sur le terrain il n’y a pas d’amies et on va tout faire pour gagner ce match", a-t-elle assuré. 

Certaines histoires sont même fortement entremêlées, comme celle de Grace Geyoro et de la buteuse et héroïne contre la Colombie, Anissa Lahmari. Proches amies, les deux joueuses ont été formées au Paris Saint-Germain, où elles sont devenues professionnelles en 2015, et où Grace Geyoro évolue toujours aujourd’hui. Mardi soir, elle devra surveiller de près son amie de toujours dans sa zone, elle aussi évoluant au milieu de terrain.

Le match aura une résonance encore plus particulière pour une autre amie proche d’Anissa Lahmari, la latérale des Bleues Sakina Karchaoui, d’origine marocaine. "C’est un plaisir de jouer contre le Maroc, ça va être ma première fois", a-t-elle savouré avec une joie non-dissimulée. La Parisienne, dont les deux parents et plusieurs frères et soeurs sont nés au Maroc, et entourée par les journalistes marocains à la fin du point presse pour tenter de décrocher quelques mots supplémentaires, a expliqué que le match serait spécial pour ses proches. "On sait la place que le Maroc a dans notre famille, au même niveau que la France, et ça va être un match plein d’émotions", a-t-elle assuré. "Mais il va falloir gagner, donc je ne leur souhaiterai pas le meilleur pour ce match-là."

"Une grande famille qui va se rencontrer"

Les histoires à raconter se prolongent aussi sur le banc. Nommé sélectionneur du Maroc en 2020, le Français Reynald Pedros a entraîné pendant deux saisons, entre 2017 et 2019, l’Olympique lyonnais et ses nombreuses internationales. "Le football est surprenant, si on m’avait dit quand il est parti de Lyon qu’on allait se retrouver en huitièmes de finale de Coupe du monde, je n’y aurais pas cru", s’est amusée Eugénie Le Sommer. "Il connaît très bien les joueuses de l’équipe de France, que ce soit les joueuses qu’il a eues ou celles qu’il a affrontées avec Lyon. Ça va être des retrouvailles, un moment spécial", a-t-elle reconnu. 

Reynald Pedros avec la Ligue des champions remportée par l'OL en mai 2018. (SIPA)

En face, le sélectionneur des Bleues, Hervé Renard, connaît également bien le Maroc, dont il a été l'entraîneur de la sélection masculine entre 2016 et 2019, avant son passage en Arabie Saoudite. Son entraîneur adjoint, David Ducci, ancien membre de la DTN rattaché au développement du football féminin dans le pays, est resté en contact avec la dizaine de joueuses actuellement dans l'effectif qu'il a supervisées : "J’ai reçu des messages des filles. On a échangé. On s’est donné rendez-vous mardi [...] Voir que j’ai eu le plaisir de travailler avec la moitié de l’effectif, c’est une fierté fantastique. De pouvoir les jouer avec mon pays, la France, c’est encore plus extraordinaire", a-t-il expliqué avec émotion."Dans les deux camps, on a l’impression d’être une grande famille qui va se rencontrer", a souri Sakina Karchaoui.

D’autant que le rendez-vous fait écho à un autre souvenir récent, la demi-finale de la Coupe du monde masculine au Qatar entre les Bleus de Didier Deschamps et les Marocains de Walid Regragui, en décembre 2022. "On a vu cette solidarité entre les deux pays, on a oublié tous nos problèmes autour et on ne s’est concentré que sur ce match. Ça a été un bonheur de partager ce moment", se souvient la Parisienne, qui ne compte pas pour autant jouer les spectatrices.

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