Coupe du monde de football : l’A-League australienne, la ligue qui unifie les championnats masculins et féminins
Même nom, mêmes couleurs et même identité visuelle. Sur les réseaux sociaux des A-Leagues, les championnats de football professionnels d’Australie, où se joue la Coupe du monde, les publications pour les équipes masculines, féminines et même les équipes nationales se mélangent. En 2021, la toute récente ligue de football australienne a choisi de rassembler ses championnats sous le même étendard, notamment pour promouvoir le football féminin.
Aujourd’hui, en Australie, l’A-League Men et l’A-League Women (sans oublier l’A-League Youth, le championnat de jeunes) se côtoient tous les week-ends de la saison, qui court d’octobre à mai. Onze clubs en commun partagent nom, écusson et maillot dans deux ligues fermées qui se terminent par des play-offs jusqu'à une grande finale. Seule différence, sur le papier, le sponsor-titre des deux championnats : le motoriste et fabricant de véhicules Isuzu UTE pour les hommes, l’organisme de prêt Liberty pour les femmes.
Un modèle qui diffère du fonctionnement en France, où les championnats masculins et féminins ne sont pas organisés de la même manière, ne comptent pas que des clubs en commun, et ne dépendent même pas de la même instance. La Ligue 1 est gérée depuis des décennies par la Ligue de football professionnelle, tandis que la D1 se dispute sous l'égide de la Fédération française de football.
"Ce n’est pas du football masculin ou féminin, c’est juste du football"
En Australie, l'organisation des championnats est intrinsèquement liée à la création de l’Australian professional league, la ligue professionnelle du pays, en 2021. L’une des premières mesures de l’organisme a été cette restructuration, pour replacer la W-League, créée en 2008, au sein de l’A-League unifiée. "Ce n’est pas du football masculin ou du football féminin, c’est juste du football", avait alors déclaré le directeur de l’APL, Danny Townsend. "Ils sont un peu main dans la main, c’est complètement différent de ce qui peut se passer en France", raconte Antoine Blanchet-Quérin, fondateur du site Outback football, spécialisé dans le football australien.
"Ils partent du principe qu’on va supporter un emblème, peu importe le genre."
Antoine Blanchet-Quérin, fondateur du site Outback footballà franceinfo: sport
L’instance a travaillé pour développer le championnat féminin selon le même modèle que le masculin. "Ils ont fait un gros boulot sur le développement de la ligue féminine. Il y a quelques années, il y avait peu d'équipes et uniquement des matchs aller, donc le championnat durait sept ou huit matchs", se souvient Margot Robinne, l'unique joueuse française de la ligue. "L’année prochaine, pour la première fois, il va y avoir douze équipes et tous les matchs aller et retour." "Quand une nouvelle franchise est créée chez les garçons, dans le cahier des charges il faut qu’une nouvelle équipe féminine soit créée", approfondit Antoine Blanchet-Quérin.
En termes d’informations et de communication, tous les contenus sont désormais rassemblés au même endroit, sur un site internet commun. "Il n’y a plus besoin d’aller chercher les infos. Tu vas sur le portail de l’A-League, tu as des contenus sur les filles et sur les garçons", assure Margot Robinne. L’évolution a aussi permis d’assurer une meilleure exposition des rencontres féminines, avec une diffusion de tous les matchs en streaming et certains directement à la télé.
Encore des défis à relever
Pour approfondir l’idée d’égalité, la Ligue a aussi décidé de lancer, il y a deux ans, le Championship Club, un championnat combiné des deux sections de chaque club. "Ils prennent le nombre de points cumulés pour créer un championnat mixte et à la remise des trophées, ce sont les deux capitaines qui viennent le soulever", explique Antoine Blanchet-Quérin. Cette saison, c’est l’équipe de Melbourne qui s’est imposée avec 85 points.
Le changement d’identité a permis de mettre plus en lumière le football féminin australien, même si de nombreux défis subsistent encore. "Les mêmes problèmes continuent de se poser, sur la programmation des matchs, les rencontres pendant l’été, dans des conditions climatiques difficiles...", abonde Angela Christian-Wilkes, rédactrice spécialisée dans le football féminin australien. Elle explique que de nombreux supporters attendent de nouvelles annonces concrètes pour poursuivre le développement du football féminin.
Car sur le terrain, les réalités économiques ne sont pas non plus égalitaires. "Il reste cette différence que la section masculine a beaucoup plus de moyens. On ne va pas se le cacher, c’est partout pareil", note Margot Robinne. Mais pour la joueuse française, les effets de la nouvelle A-League se verront "sans doute plus sur le long terme".
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