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Coupe du monde de football : pourquoi la hiérarchie mondiale est-elle bien différente de celle des équipes masculines ?

Dans un football pratiqué par les femmes en plein essor, le Brésil, l'Italie, l'Argentine ne font pas partie des nations majeures, contrairement aux Etats-Unis et à la Suède.
Article rédigé par franceinfo: sport, Loris Belin
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
Les joueuses de l'équipe de France Amel Majri, Eugénie Le Sommer et Grace Geyoro avant le match contre la Colombie, le 7 avril 2023. (THIERRY LARRET / MAXPPP)

Les tenantes du titre américaines ont débuté la Coupe du monde de football, samedi 22 juillet, par un net succès contre le Viêt Nam (3-0). Transposée au masculin, cette phrase relèverait de la fiction. Quand Team USA est le mastodonte du ballon rond féminin depuis la première édition du Mondial en 1991, la sélection masculine évolue à pas plutôt feutrés à l'échelon mondial. L'exemple états-unien est l'illustration presque parfaite de la hiérarchie dans le football pratiqué par les femmes, et de son parallèle très approximatif avec celle du sexe opposé.

Si la sélection féminine des Etats-Unis a remporté quatre des huit Coupes du monde disputées dans l'histoire, dont les deux dernières éditions en 2015 et 2019, chez les hommes, elle n'a plus atteint les quarts de finale depuis 2002, pour une seule présence dans le dernier carré lors du Mondial inaugural de 1930.

L'exemple du Brésil, référence sportive ou sexiste

Un vrai grand écart, presque aussi révélateur, est observable quand on jette un œil sur la nation la plus titrée du football masculin : le Brésil. Auréolée de ses cinq étoiles sur son maillot, la Seleção reste encore fanny chez les féminines. Quand le pays carioca portait Pelé en véritable idole du peuple entre les années 50 et 70, les femmes, elles, étaient hors-la-loi s'il leur venait l'idée de fouler une pelouse.

Le décret-loi 3199, appliqué entre 1941 et 1979, a qualifié certaines disciplines comme le football, le rugby ou encore l'haltérophilie comme "incompatibles avec la nature féminine". Cette disposition a marqué la société brésilienne et il a fallu bien des années après son abrogation pour que la professionnalisation du football soit bien vue. Et ce, en dépit d'une popularité rare de ce sport, et d'infrastructures déjà existantes.

Plus largement, l'Amérique du Sud presque toute entière constitue un paradoxe, là où le football est fréquemment l'égal d'une religion. Si l'Argentine de Lionel Messi a conquis le titre au Qatar en décembre dernier, l'Albiceleste féminine n'a jamais gagné le moindre match en Coupe du monde, décrochant ses premiers points avec deux nuls lors du Mondial 2019 après avoir cumulé six défaites lors de ses deux autres participations en 2003 et 2007. L'Uruguay, ses deux Coupes du monde et ses 14 participations chez les hommes, attend encore de voir sa sélection féminine disputer son premier match au Mondial.

Le phénomène n'est pas circonscrit à l'Amérique du Sud. L'Italie et ses quatre titres chez les hommes, n'est qu'une modeste sélection féminine, absente de la Coupe du monde entre 1999 et 2019. Les Pays-Bas et l'Espagne font encore figure de sélections féminines émergentes, avec deux participations seulement lors des deux dernières éditions.

Les précurseurs scandinaves

A l'inverse, les nations féminines scandinaves sont des références mondiales du football. La Suède, 23e au classement FIFA masculin, figure sur le podium de l'échiquier féminin. Le pays s'était fait précurseur en instaurant un programme gouvernemental de "sport pour tous", faisant la part belle à l'égalité en 1969, et donc au football pratiqué par les femmes. En 1980, on compte environ une licenciée pour cinq hommes pratiquant le football. Quinze ans plus tard, il y avait plus de licenciées dans un club de football qu'en France, dans un pays pourtant 6,5 fois moins peuplé.

Au plus haut niveau, cette culture sportive ancrée de bonne heure et les investissements consentis - ainsi que le retard d'autres pays - ont propulsé la Suède ou encore la Norvège parmi le haut du plateau féminin. Comme les Etats-Unis donc, le Canada (7e nation chez les femmes au classement Fifa, 45e chez les hommes), la Chine (14e chez les femmes, 79e chez les hommes) ou le Japon, sacré en 2011 chez les femmes, mais qui n'a jamais dépassé les huitièmes de finale chez les hommes.

Les grands pays de football tous genres confondus font presque figure d'exception. L'Allemagne, deuxième nation la plus titrée chez les hommes comme les femmes, ou la France en font partie. Reste aux Bleues d'Hervé Renard de suivre le sillon tracé par les bandes d'Aimé Jacquet et Didier Deschamps, et se hisser au sommet pour la première fois.

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