RECIT. Coupe du monde 2018 : des doutes face à l'Australie à la victoire contre la Croatie, la folle épopée des Bleus
Heureux ? La France a vaincu les montagnes russes, après 90 dernières minutes éprouvantes lors de la finale de la Coupe du monde contre la Croatie (4-2). Les Bleus décrochent la Lune et une deuxième étoile, vingt ans après l’exploit de leurs aïeux en 1998. Peu de supporters envisageaient un tel épilogue en début de compétition, après une entame laborieuse lors des matchs de poules. Franceinfo revient sur les sept étapes de cette nouvelle page glorieuse du sport français.
France-Australie : assistance électronique au démarrage
Les Bleus frôlent le faux départ d'entrée. Pas assez concentrés ? Deux jours avant la rencontre inaugurale, Antoine Griezmann annonce la reconduction de son contrat à l'Atlético Madrid dans une émission diffusée en Espagne. Mais la communication fait tache en plein rassemblement : Didier Deschamps lui-même n'était pas au courant. Des dirigeants du club espagnol entrent dans l'hôtel d'Istra comme dans un moulin, pour faire signer les contrats de Grizou et Lucas Hernandez. Au passage, ils enrôlent même Thomas Lemar.
Les débuts sont poussifs face aux "Socceroos". Antoine Griezmann ouvre le score sur penalty, mais les Bleus sont conscients d'être dans le dur. Pendant de longues secondes, ils se rassemblent tous en cercle au milieu du terrain, histoire de se motiver.
On se dit qu’il faut faire les efforts et qu’on joue, tout simplement.
Las. Les Kangourous bondissent sur la première occasion et égalisent après une main de Samuel Umtiti dans la surface – un épisode que l’intéressé prendra avec sourire et légèreté sur Instagram, rapporte 20 minutes. Par bonheur, Paul Pogba libère les siens en toute fin de rencontre, mais la Fifa attribuera finalement le but au défenseur australien, qui marque contre son camp. Une nouvelle fois, la technologie est venue au secours de Tricolores bien pâles. A défaut de faire des étincelles, les Bleus défrichent le terrain du progrès technique.
Pas de quoi endormir la presse, toutefois, qui tombe à bras raccourcis sur les Bleus. Grizou est élu homme du match après avoir été remplacé dès la 66e minute. L'intéressé lui-même n'est pas dupe : “Moi je l’aurais donné à NG [N’Golo Kanté] ou à Lucas [Hernandez].” Les trois attaquants titulaires (Antoine Griezmann, Kylian Mbappé et Ousmane Dembélé) ont été incapables de combiner ensemble. Le lendemain du match, Didier Deschamps recadre Mbappé, car le joueur néglige ses missions défensives. "Est-ce ainsi que joue un favori pour le titre de champion du monde ?”, persifle le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung. Les Bleus sont bien arrivés en Russie, mais pour le reste…
France-Australie : 2-1 – Kazan, Kazan Arena, samedi 16 juin. Buts pour la France : Griezmann (58e), Behich (80e csc). But pour l'Australie : Jedinak (62e).
France-Pérou : coup de rouge pour les Bleus
Drapeaux, maillots, écharpes... Jeudi 21 juin, les tribunes du stade d’Iekaterinbourg sont rouges, comme la place moscovite. Si le tableau d’affichage indique que c'est la France qui reçoit, c’est le Pérou qui joue à domicile. Ils sont 15 ou 20 000 à avoir franchi l’océan pour participer à la première Coupe du monde du pays depuis trente-six ans. En face, les Français ne sont que quelques milliers, dispersés dans les tribunes, petits points bleus dans la marée rouge.
Au pays, c’est la folie. Des bagarres éclatent dans les rues de Lima pour une sombre affaire de pénurie de vignettes Panini, le package avion + ticket le moins cher coûte l’équivalent d’un an de salaire, mais tous ont voulu être là. Le plus mordu des fans a même décidé de prendre 24 kilos pour bénéficier d'un siège réservé aux personnes en surpoids et ainsi être mieux placé. “Certains ne se nourrissent que de cookies, d’autres dorment à même le sol, certains ont même fait 32 heures de train pour se rendre à Iekaterinbourg parce que c’était gratuit”, raconte un prof d’anglais péruvien au Guardian (en anglais).
C’est l’été à Iekaterinbourg, mais ça n’empêche pas la météo d’être capricieuse : une averse givrée s’abat sur les spectateurs à quelques minutes du coup d’envoi. Les Péruviens, blancs et rouges de pied en cap, chantent et dansent dans la tribune temporaire du stade, un vertigineux échafaudage de 40 mètres de haut ouverte aux quatre vents. Les Français se ratatinent, noyés dans la masse. Deux fois lors du match, de timides “allez les Bleus” percent le mur du son andin. Avant d’être aussitôt recouverts par le “Si, se puede” (“Oui, c’est possible”) véritable hymne de la Blanquirroja. C’est ainsi, la Russie fait moins rêver que le Brésil, et jamais le contingent tricolore ne dépassera les quelques milliers de fans.
Mais dans les tribunes comme sur le terrain, il y a du progrès par rapport au match initial face à l’Australie. Timide, certes. Mais Didier Deschamps a revu sa copie et prend le pari de rebâtir son équipe autour de Griezmann.
Antoine, c’est notre leader d’attaque et il le restera.
Le sélectionneur sait ce qu’il lui doit à l’Euro 2016. Le joueur de l’Atlético est fatigué, moins décisif et moins influent dans le jeu. “Il doit faire plus”, souligne DD.
N’empêche, le onze de Didier Deschamps est plus cohérent, au moins pendant les 45 premières minutes, où Kylian Mbappé marque le but vainqueur d’un plat du pied à un mètre du but vide. Le second acte est plus laborieux. Les Bleus gèrent et la furia péruvienne est un peu éventée, comme l’énergie des supporters qui ont passé deux jours dans un train. Les Péruviens ont beau avoir gagné, et de loin, la bataille des tribunes, ce sont eux qui vont quitter les premiers la compétition.
France-Pérou : 1-0 – Iekaterinbourg, Iekaterinbourg Arena, jeudi 21 juin. But pour la France : Mbappé (34e).
France-Danemark : voyage au bout de l'ennui
"Ce n’est pas le match de l’année." L’euphémisme est signé Didier Deschamps sur TF1 à l’issue de la rencontre, mardi 26 juin. Si le sélectionneur sait manier l’art de la litote, il maîtrise aussi la gestion de match : pour finir premier, le Danemark devait gagner. Les partenaires de Christian Eriksen ayant renoncé à attaquer, Deschamps a intimé à ses hommes de laisser tourner le chrono, quitte à frustrer les spectateurs. L’un d'eux se lamentera dans L’Equipe (article abonnés) avoir lâché "10 000 euros pour voir ce match". Ça fait cher la purge. Antoine Griezmann n’en a cure : "Ils voulaient assurer le nul, on n’allait pas se fatiguer à presser sur la fin."
Le premier 0-0 du tournoi, le match avec le moins de tirs tentés, et comme (rare) motif de satisfaction, le premier centre réussi de l’équipe de France signé Benjamin Mendy après 50 minutes de jeu. Didier Deschamps dira à la presse avoir compté "sept occasions" pour ses hommes – on les cherche toujours. Encéphalogramme plat dans les tribunes, où nombre de spectateurs (des locaux, on suppose) ont pris la poudre d’escampette dix minutes avant la fin. Une fois n’est pas coutume, les absents ont eu raison.
Seul l’avant-match de ce France-Danemark aura échauffé les esprits. Fin mai, dans une interview au quotidien danois Jyllands-Posten, le coach Åge Hareide avait sorti le lance-flammes : "Les grandes nations présentes à la Coupe du monde sont les meilleures. Mais pas la France. Je ne crois pas en cette équipe. (…) Il faut qu'on leur donne du fil à retordre.” Offensif dans les journaux, mais beaucoup moins sur le terrain. En France, on ronchonne devant la piètre qualité du spectacle.
On retient la première place. Vous, vous vouliez voir du spectacle.
Les membres du fan-club du gardien marseillais, dont c’est le premier match dans une grande compétition, sont les seuls à s’attarder dans le stade et parviennent à échanger avec leur héros, qui a passé une soirée tranquille.
Au Danemark, on se gargarise de ce qui est qualifié de "succès" par le tabloïd danois Ekstra Bladet. Mine de rien, ce non-match des remplaçants alignés par Deschamps ôte une belle épine du pied au sélectionneur. Aucun d’eux n’a suffisamment bien joué pour espérer une place de titulaire dans les matchs à élimination directe, quand les choses sérieuses commencent et qu'il n’est plus question de gérer ni l'effectif, ni le résultat.
France-Danemark : 0-0 – Moscou, stade Loujniki, mardi 26 juin.
France-Argentine : rodéo chez les gauchos
Plein phares sur Lionel Messi avant la rencontre. La presse fait gentiment chauffer le moteur. "No pasara" ("Il ne passera pas"), prévient L’Equipe. "Pasara" ("il passera"), répond le quotidien argentin Olé. Après une phase de poules chaotique, l’Argentine a frôlé la scission interne. Le sélectionneur Jorge Sampaoli semble déjà sur une voie de garage – il se murmure même que les joueurs influents ont préféré reprendre les commandes –, mais Didier Deschamps reste aux aguets.
Les Bleus quittent l’hôtel Mirage de Kazan avec la sérieuse envie de doubler l’Albiceleste. Le lendemain, la vitesse doit être plafonnée en France à 80 km/h sur les routes secondaires, alors les Bleus en profitent et se lancent dans un rodéo effréné au milieu des gauchos argentins. Kylian Mbappé est flashé à 32,4km/h, mais ce sont les Argentins qui paient la contravention, avec un penalty transformé par Antoine Griezmann. Deux buts argentins plus tard, Benjamin Pavard répond avec une merveille de frappe téléguidée, l’un des plus beaux buts du Mondial.
J'aime bien faire des ciseaux, mais contre l'Australie j'avais mis un drop, un pigeon. Et à l'entraînement, j'avais tué un autre pigeon.
A fond, à fond, à fond… Les Français ont raison d'avoir pris l'autoroute. Kylian Mbappé affole à nouveau les radars lors de deux raids victorieux face à des défenseurs vieillissants qui peinent à passer la seconde. Les proches des Bleus exultent dans les gradins, mais leur joie est vite interrompue par des gobelets de bière lancés par des supporters argentins. Malgré un dernier but dans les arrêts de jeu, l’Albiceleste est battue. Et tant pis pour Lionel Messi, capitaine abandonné d’une sélection à la dérive. Blaise Matuidi, lui, est rattrapé par la patrouille et écope d'un nouveau carton jaune qui le prive de demi-finale.
"Les défenseurs argentins n’allaient pas vite et nous, on a des fusées", résume Lucas Hernandez. A commencer par Kylian Mbappé : deux buts, un penalty provoqué… Le prodige du PSG gagne un surnom, "37" (sa vitesse initialement calculée avant d'être corrigée) et de flatteuses comparaisons avec Ronaldo ou Pelé. Avec ce match plein de rythme et de panache, les Bleus ont enfin montré ce qu'ils avaient sous le capot. De bon augure avant d’affronter la très solide équipe de l'Uruguay.
France-Argentine : 4-3 – Kazan, Kazan Arena, samedi 30 juin. Buts pour la France : Griezmann (13e), Pavard (57e), Mbappé (64e et 68e). Buts pour l'Argentine : Di María (41e), Mercado (48e), Agüero (90+3e).
France-Uruguay : assurance Lloris
Quarante et unième minute du quart de finale de la Coupe du monde. La France mène 1-0 depuis vingt minutes, sur une tête rageuse de Raphaël Varane. Coup franc pour l’Uruguay aux trente mètres. Bentancur pour le frapper. La balle file vers le point de penalty. Le défenseur uruguayen Cáceres s’élève, et décoche une tête rageuse au ras du poteau d’Hugo Lloris. Les supporters des Bleus retiennent leur respiration. Le temps s'arrête.
Car l’étoile du gardien tricolore a pâli en un an. Hugo Lloris s’est signalé en bleu par une boulette face à la Suède lors des qualifications pour le Mondial russe, et une sortie peu inspirée face aux Etats-Unis en amical. En club, ce n'est guère mieux, avec quelques bourdes inhabituelles à Tottenham. L'humoriste Nicolas Canteloup en a fait sa tête de turc dans ses chroniques matinales sur Europe 1 : "Lloris, fais attention avec ton bol de Benco, prends-le à deux mains ! [bruit de verre brisé] Et voilà, je te l’avais dit !" La presse s’interroge à mots couverts : "Faut-il s’inquiéter ?" ou "Lloris nourrit le débat".
Un homme n'a jamais douté, c'est Didier Deschamps. Il a toujours confié le brassard à ce faux taiseux quand il était sur le terrain pour ne jamais le lui retirer, contrairement à Laurent Blanc, qui avait hésité sur l'identité de son capitaine jusqu'au début de l'Euro 2012. Un Deschamps qui avait accédé à la demande de Lloris de laisser jouer son suppléant, Steve Mandanda, contre le Danemark lors du dernier match de poules, comme gage de paix sociale dans le groupe. Une superbe récompense pour le gardien de l'OM, qui n'avait jamais disputé de rencontre dans un grand tournoi.
Juste avant le début de la compétition, le 11 juin, le sélectionneur est donc monté au front pour le défendre.
<span>Gardien, c’est un poste ingrat. Il est souvent sujet à critique. On est un peu plus pointé du doigt qu’un joueur, qui lui peut avoir le droit à l’erreur. Il vaut mieux que ça arrive avant, que pendant.</span>
Dans la moiteur de Nijni-Novgorod, le capitaine tient bon la barre, et réalise une magnifique horizontale sur la tête de Cáceres. Franck Fife, photographe à l’AFP, l’immortalise grâce à son appareil placé derrière les buts, déclenché à distance par une pédale. "Ce genre de cliché n’arrive vraiment pas souvent, explique l’intéressé au Figaro. Que ça traduise l’importance du match, le côté spectaculaire de l’action, c’est assez rare".
L’Uruguay ne le sait pas encore, mais la Celeste vient de laisser passer sa chance. Jamais plus les partenaires de Luis Suárez n’inquiéteront la défense française. Paradoxalement, ce n'est pas ce moment de grâce qui a marqué les internautes : quand on cherche les vidéos du match sur YouTube, arrive en premier le moment où Lloris manque d'avaler une libellule imprudente. Preuve au passage que rien ne pouvait passer ce jour-là.
France-Uruguay : 2-0 – Nijni Novgorod, stade de Nijni Novgorod, vendredi 6 juillet. Buts pour la France : Varane (40e), Griezmann (61e).
France-Belgique : les retrouvailles
La demi-finale a des airs de fête de famille. Sylvain Ripoll, l’un des quatre espions français missionnés en Russie pour observer le jeu adverse, est allé observer les cousins belges contre le Brésil. Vingt ans après la victoire des Bleus en 1998, Thierry Henry a troqué le bleu pour le rouge comme deuxième adjoint de Roberto Martínez. Ce petit tour de passe-passe motive Olivier Giroud, qui entend bien "montrer à Titi qu’il a choisi le mauvais camp".
Guy Roux, Jean-Pierre Papin, Emmanuel Macron et un invité surprise de 12 ans tout ébaubi d’être là… Tout le monde a répondu à l'invitation. Le plan de table est serré, mais la fédération française trouve encore une place pour Pamela Anderson, compagne d'Adil Rami.
Un brin taquine, la Fifa a désigné un arbitre uruguayen après avoir choisi un Argentin en quart. Le repas est copieux, mais les Belges ont de l'appétit et monopolisent le ballon. Pour autant, les Français ne perdent pas leurs bonnes habitudes. Hugo Lloris est impérial, N’Golo Kanté omniprésent, Raphaël Varane impeccable… Mais c'est bien Samuel Umtiti qui délivre les siens d’une tête rageuse (52e), avant d'improviser un déhanché aux allures de défilé de mode. Le ton monte et la Belgique fait entrer tous ses attaquants disponibles pour le dessert, mais en vain. La France va disputer la troisième finale de Coupe du monde de son histoire.
Il y avait onze chiens sur le terrain.
Les Diables rouges sont vexés après le coup de sifflet final. "Je ne dirais pas que l'équipe en face était meilleure que nous", lâche Thibaut Courtois avec amertume, quand son compère Eden Hazard estime que "la France ne pratique peut-être pas le plus beau jeu". Un coup d’œil aux statistiques, pourtant, donne du poids au match des Bleus : 17 occasion contre 7 pour les Belges, 19 tirs contre 9, 51 duels remportés contre 41… Didier Deschamps a bel et bien remporté la bataille du milieu de terrain. La France célèbre ses héros à coups de klaxon et de drapeaux, et les Champs-Elysées jubilent. Il flotte en France comme un parfum de juillet 1998.
On dit parfois que la meilleure défense, c'est l'attaque. Buteurs dans les trois dernières rencontres, Benjamin Pavard, Raphaël Varane et Samuel Umtiti ont prouvé que l'inverse est tout aussi vrai. Les retrouvailles ont été indigestes pour les Belges, mais impossible de rester fâchés. Nos cousins honorent donc leurs engagements. Pendant toute une journée, les usagers d'une station de métro bruxelloise ont enduré Tous ensemble de Johnny Hallyday, la chanson officielle de l'équipe de France pour la Coupe du monde 2002. La faute à un pari perdu avec la RATP, qui s'était elle engagée à renommer "Saint-Hazard" la station Saint-Lazare en cas de victoire belge. Sans rancune ?
France-Belgique : 1-0 – Saint-Pétersbourg, stade de Saint-Pétersbourg, mardi 10 juillet. But pour la France : Umtiti (51e).
France-Croatie : le capitaine Modric et la marée croate
On avait prédit aux Bleus la pire des tempêtes avant le match. En ce jour de finale, et malgré les mauvaises prévisions météo, des centaines de milliers de Français sortent la marinière dans les quelque 230 fan zones déployées sur le territoire. L’ambiance est survoltée et, trois heures avant le début de la rencontre, le site de la tour Eiffel est déjà plein. "Les joueurs français vont bien, ils sont décontractés et sereins", promet Noël Le Graët, président de la Fédération française de football. Mais les premières minutes du match lui donnent tort. Crispés par l’enjeu, les hommes de Didier Deschamps prennent la marée face à l’équipage du capitaine, Luka Modric.
Antoine Griezmann permet toutefois aux Bleus de garder le cap avec un coup franc détourné par Mario Mandzukic et inscrit un penalty accordé après un énième recours à la VAR. Ivan Perisic avait certes égalisé entre-temps, mais les Français font le dos rond jusqu’à la mi-temps. Bringuebalés dans la houle, les joueurs arrivent à bon port. Sauve qui peut. Et puis Paul Pogba corse l’addition à l’heure de jeu après un raid de Kylian Mbappé. Six minutes plus tard, le mousse des Bleus prend du grade avec une frappe de vingt mètres qui coule la Croatie. On oubliera l’abandon coupable du capitaine Hugo Lloris, qui a tenté – et manqué – un crochet sur Mario Mandzukic (4-2). La France est championne du monde pour la deuxième fois de son histoire. Un exploit considérable.
"On est fiers d’être Français, fier d’être Bleus, savoure Didier Deschamps, ivre de bonheur. Et, comme le dit, notre président, vive la République !" Message reçu par l’équipage au coup de sifflet final. Éreinté par les critiques lors des derniers mois, le sélectionneur lévite dans le ciel moscovite, balancé par un trampoline de bras. Puis un à un, les joueurs français grimpent sur le podium, sous une pluie diluvienne. Trempés mais heureux, ils soulèvent le trophée d’une vie en présence d’Emmanuel Macron, tandis que Vladimir Poutine s’abrite sous un parapluie. L’horizon des Bleus, lui, s’annonce radieux. La France a jeté l’ancre sur le toit du monde pour une escale de quatre ans.
Au même moment, des millions de Français chavirent de bonheur au pays. La nuit sera longue en attendant le retour des héros. Sept matchs et sept nuances de Bleus. Que cette odyssée fut belle.
France-Croatie : 4-2 – Moscou, stade Loujkniki, dimanche 15 juillet. Buts pour la France : Mandzukic (18e csc), Griezmann (38e), Pogba (59e), Mbappé (65e). Buts pour la Croatie : Perisic (28e), Mandzukic (69e).