Argentine-France : Kolo Muani, Thuram, Coman, Camavinga... Après le néant, comment les remplaçants ont fait surgir l'espoir
Deux minutes qui ont tout changé. Apathique et submergée, l'équipe de France a fini par se révolter au moment où on ne l'attendait plus. En marquant deux buts coup sur coup, à la 81e et à la 82e minutes, elle a jeté un froid glacial dans les tribunes jusque-là brûlantes du stade Lusail, vibrant pour la sélection argentine. Si les Bleus ne sont pas allés jusqu'à mettre la main sur le trophée, finalement battus aux tirs au but (3-3, 4-2 t.a.b), dimanche 18 décembre, ce moment a été le point de départ de l'un des matchs les plus fous de l'histoire et surtout le moyen d'éviter une défaite qui aurait été aussi honteuse que logique.
Le tournant aura été une percée de Randal Kolo Muani, fauché dans la surface par Nicolas Otamendi alors qu'il avançait dangereusement vers le but adverse. La juste récompense d'une entrée pleine d'envie. Celui qui a remplacé un Ousmane Dembélé fantomatique dès la 41e minute a mordu dans tous les ballons, même quand il était le seul à le faire. Le buteur de la demi-finale face au Maroc a tout simplement bouclé la rencontre avec le plus haut total de duels (22) et de duels gagnés (13), Argentins et Français confondus.
Maturation accélérée
Un autre joueur qui n'était pas dans la liste des 25 initiale de Didier Deschamps a pris le relais, 1 minute et 37 secondes après la conversion du pénalty par Kylian Mbappé : Marcus Thuram. Lui aussi entré juste avant la pause, le fils de Lilian, champion du monde 24 ans plus tôt, a servi le but du 2-2 à Mbappé, encore en charge de la finition. A cet instant, le match a basculé dans l'irrationnel, l'équipe de France se retrouvant avec l'ascendant psychologique après n'avoir quasiment rien montré, même s'il y avait un léger mieux depuis dix minutes.
Un second souffle venait tout juste d'être trouvé, dans le sillage des entrées d'Eduardo Camavinga et de Kingsley Coman (71e). Les deux joueurs ont amené de la verticalité et de la justesse technique dans un secteur martyrisé par des Argentins bien plus affamés. A eux quatre, ils ont changé le visage de l'équipe et de la finale, passant tout proche d'un exploit inattendu puisque Randal Kolo Muani a vu sa balle de match stoppée par le pied d'Emiliano Martinez. "On manquait de fraîcheur. Je ne nous voyais pas y arriver. Les entrants ont changé pas mal de choses", a reconnu sans trop s'épancher Didier Deschamps en conférence d'après-match, la mine déconfite.
A froid, il pourra se dire qu'il avait vu juste dans l'analyse de la défaite contre la Tunisie en phase de groupes. "Cela leur servira. ça permet à tous ceux qui sont là de toucher du doigt le haut niveau", avait-il expliqué au terme d'un match qui l'avait vu procéder à un grand remaniement dans sa composition d'équipe, alignant neuf joueurs différents du match précédent. Que ce soit Thuram, Coman, Kolo Muani, Camavinga, Disasi, Fofana ou Konaté, aucun de ces joueurs entrés en jeu dimanche, n'a plus de 26 ans.
"Je crois que ce tournoi peut servir pour l’équipe de France, avec un passage de témoins entre une génération qui arrive dans la dernière phase de sa carrière et une nouvelle génération de joueurs avec en tête Kylian, qui a montré un fort leadership durant ce tournoi et encore plus pendant cette finale", a analysé Hugo Lloris après la rencontre. Aussi cruelle qu'elle soit, cette finale perdue est une expérience inestimable pour continuer à forger cette jeunesse qui sera arrivée à pleine maturité d'ici l'Euro 2024.
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