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Coupe du monde 2022 : un premier mondial en été... dans l'hémisphère sud !

Si cette Coupe du monde au Qatar se déroule pour les européens en hiver, c'est l'inverse pour les habitants de l'hémisphère sud. Et pour eux aussi, c'est une première. Chaque jour, Jean-Marc Four donne un coup de projecteur sur les liens entre politique et ballon rond.
Article rédigé par franceinfo - Jean-Marc-Four
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Une foule rassemblée à Buenos Aires pour célébrer la victoire de l'Argentine contre la Croatie, le 13 décembre 2022. (ALEJO MANUEL AVILA/ LE PICTORIUM / MAXPPP)

La France grelotte (en tout cas le nord de la France) et on entend certains dire : c'est quand même bizarre une Coupe du monde l'hiver. Pas évident de faire la fête par 0 °C. Et bien inversons la perspective, retournons la mappemonde : imaginez que dans l'hémisphère Sud, c'est comme ça depuis la création du Mondial il y a presque un siècle ! Pour les pays du sud, et notamment leurs places fortes d'Amérique latine, le Brésil ou l'Argentine, la Coupe du monde de foot est traditionnellement associée à l'hiver. 

L'été au Brésil ou en Argentine 

C'est donc la première fois que les Brésiliens ou les Argentins découvrent ce qu'est une Coupe du monde pendant l'été pour eux. Même lorsque la compétition a été organisée dans l'hémisphère Sud, au Chili en 1962, en Uruguay en 1930, au Brésil en 1950 et en 2014, en Argentine en 1978, en Afrique du Sud en 2010, elle s'est toujours déroulée en juin ou en juillet, régulièrement dans la pluie ou le froid.

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Je me souviens par exemple d'avoir couvert le Mondial en Afrique du Sud en 2010, et le matin il faisait zéro degré à Johannesburg ! Et là tout d'un coup, les Argentins, qui sont donc en finale, peuvent passer la nuit dans la rue à faire la fête. Il faisait 20 degrés la nuit cette semaine, 30 degrés le jour. C'est le début de l'été là-bas. Après la demi-finale, les Argentins ont enfin connu ce que les Européens connaissent depuis le début : profiter pleinement d'une ambiance de liesse. Et ils ne s'en sont pas privés ces derniers jours, d'autant que ces succès de l'équipe Albiceleste interviennent dans un climat social tendu, avec une inflation très forte dans le pays (100%) !

Ces Coupes du monde toujours en juin et en juillet jusqu'à présent, c'était un diktat européen ! La conséquence du poids de la fédération européenne, l'UEFA, au sein de la FIFA. Une Coupe du monde en juin ou en juillet, c'est la garantie de retombées économiques plus fortes en Europe, parce qu'on est en été.  Et c'est aussi la garantie d'avoir auparavant fait tourner jusqu'au bout toutes les compétitions européennes, championnats nationaux, Ligue des champions, etc. Qui sont devenus autant de machines à cash. Donc oui un diktat du Nord au Sud : le Mondial de foot, c'est quand ça nous arrange nous, au Nord. Pas quand ça arrangerait les pays du Sud. Très politique donc. 

Des joueurs plus frais psychologiquement

Ce choix du calendrier n'était néanmoins pas délibéré au départ, mais juste une conséquence de la désignation du Qatar et du climat sur place ! Et pour cause, Impossible de faire la Coupe du monde dans le désert pendant les mois les plus chauds. Autant la désignation du Qatar comme pays hôte reste un choix controversé, autant cette conséquence calendaire, une Coupe du monde en novembre décembre, fait plutôt des adeptes. D'ailleurs, Arsène Wenger, qui est désormais directeur du développement de la Fifa, en tire un bilan positif. C'est plus logique, dit-il, d'organiser désormais la compétition à cette période de l'année, si elle doit avoir lieu au Sud.

Dans de nombreux pays africains, cette période de l'année correspond aussi à la saison sèche. Et puis, un autre fait, purement sportif, saute aux yeux : les joueurs sont plus frais psychologiquement à cette période de l'année, parce qu'ils ont accumulé moins de matchs.
Et on mesure bien là que ce n'était pas nécessairement une logique sportive mais bien politique et économique qui présidait, jusqu'à présent, au choix de la période juin juillet.

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