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Football : l'entrée d'un stade interdit en Iran à des femmes qui avaient acheté des billets

Deux mille spectatrices n'ont pas pu entrer dans le stade Imam Reza de Mashhad, mardi 29 mars, lors du match entre l'Iran et le Liban.

Article rédigé par franceinfo: sport avec AFP
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 2 min
Les spectateurs d'Iran-Liban dans la tribune de l'Imam Reza Stadium, à Mashhad, le 29 mars 2022. (FARSHAD ABBASI / AFP)

L'Iran a de nouveau refusé à des femmes l'entrée d'un stade de football pour assister au match entre leur équipe nationale et celle du Liban, ont rapporté des médias iraniens mercredi. Le match, comptant pour les qualifications pour la Coupe du monde 2022 et remporté par les Iraniens (2-0), s'est déroulé mardi 29 mars, au stade Imam Reza de la ville de Mashhad, dans le nord-est du pays.

"Environ 2000 femmes iraniennes, qui avaient acheté des billets pour le match Iran-Liban, étaient présentes dans le périmètre du stade Imam Reza, mais n'ont pas pu entrer dans le stade", a indiqué l'agence de presse ISNA. Elles auraient dû représenter une bonne partie du public car 12 500 billets avaient été endus.

"Je m'excuse que beaucoup de gens n'aient pas pu entrer dans le stade et regarder le match de football entre les équipes nationales d'Iran et du Liban", a déclaré Mohsen Davari, gouverneur de Mashhad, à la télévision publique iranienne IRIB. "Malheureusement, il n'a pas été possible à un grand nombre de personnes à l'extérieur d'entrer dans le stade", a-t-il ajouté.

Un retour après quarante ans d'exclusion

Face au tollé qu'a suscité cet incident, le président iranien Ebrahim Raissi a ordonné au ministre de l'Intérieur Ahmad Vahidi de suivre cette affaire. Le capitaine de la "Team Melli", Alireza Jahanbakhsh, a déclaré mardi : "Je ne pense pas que quelque chose se serait passé si les femmes étaient venues au stade, et cela peut au contraire favoriser notre culture". Pour sa part, le procureur général iranien Mohammad Jafar Montazeri a jugé mercredi à la radio que "si les conditions permettaient la vente de billet aux femmes, il fallait leur trouver un endroit adéquat".

Les religieux, qui jouent un rôle majeur dans la prise de décision, soutiennent que les femmes doivent être protégées de l'atmosphère masculine et de la vue des hommes en tenue de sport, et dont le corps est donc partiellement visible. 

Les femmes iraniennes avaient été autorisées à assister, en janvier dernier, à un match de football de l'équipe nationale pour la première fois en près de trois ans. Un événement car, depuis 40 ans, la république islamique interdisait généralement aux spectatrices d'assister à des matchs de football. 

La FIFA veut des explications

La FIFA, qui avait ordonné à l'Iran en septembre 2019 d'autoriser l'accès des femmes aux stades sans restriction, a fait part de son "inquiétude" au sujet de l'incident de Mashhad, et "demande à la Fédération iranienne de football plus d'informations à ce sujet".

La directive de l'instance mondiale en 2019, qui menaçait l'Iran de suspension, était intervenue après la mort d'une supportrice qui s'était immolée par le feu de peur d'être emprisonnée pour avoir tenté d'assister à un match. Sa mort avait déclenché un tollé et beaucoup avaient appelé à ce que l'Iran soit interdit de compétition.

"La position de la FIFA concernant la présence des femmes lors des matches de football en Iran est claire : des progrès historiques ont été réalisés - comme l'illustre l'étape importante d'octobre 2019, lorsque des femmes ont été autorisées à entrer dans le stade pour la première fois en 40 ans", a poursuivi l'organisation. "La Fifa compte les voir se poursuivre, car il ne peut y avoir de retour en arrière", ont-ils conclu.

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