Football : le jour où Franz Beckenbauer a joué le "match du siècle" avec le bras en écharpe

"Der Kaiser" est mort. Franz Beckenbauer, la légende allemande du football, est mort, lundi 8 janvier. Notamment double Ballon d'or (1972 et 1976) et vainqueur de deux Coupes du monde, en tant que joueur en 1974, et comme sélectionneur en 1990, il laisse derrière lui un palmarès dont peu de footballeurs peuvent se targuer. Mais l'image la plus marquante de sa carrière a été capturée un soir de défaite, lorsque le 17 juin 1970, il a participé à l'un des plus grands matchs de l'histoire du football avec le bras en écharpe.

Ce jour-là, l'Allemagne de l'Ouest affronte l'Italie pour une place en finale de la Coupe du monde 1970. Finaliste sortante, la RFA compte parmi ses têtes d'affiche deux joueurs de 24 ans : le serial buteur Gerd Müller, et Franz Beckenbauer, en patron du milieu. Malgré sa jeunesse, ce dernier en est déjà à son deuxième Mondial, quatre ans après la finale de l'édition 1966, perdue face à l'Angleterre de Bobby Charlton.

Quasiment une heure de jeu avec la clavicule cassée

Devant les 102 000 spectateurs de l'Azteca (à Mexico) et sous une chaleur étouffante, l'ambition d'un deuxième sacre allemand en Coupe du monde prend un coup après seulement sept minutes de jeu. Bien aidé par un contre favorable, Roberto Boninsegna ouvre le score pour l'Italie d'une frappe puissante à l'entrée de la surface. Après la stupeur, les minutes s'égrènent. Vient la mi-temps, puis le second acte. L'Allemagne est menée depuis plus d'une heure de jeu et se dirige vers la sortie. Et les choses se compliquent un peu plus lorsque Franz Beckenbauer reste au sol après un choc avec un Italien. 

"A ce moment-là, ma vision est devenue noire. Une douleur violente et lancinante à l'épaule. [Pierluigi] Cera m'avait couché", racontera plus tard l'intéressé dans son livre Mes adversaires - mes amis. La clavicule droite de l'Allemand est cassée. Il reste alors vingt minutes à disputer dans le temps réglementaire et Helmut Schön, le sélectionneur de la RFA, a déjà effectué ses deux changements. Beckenbauer refuse de laisser ses coéquipiers jouer en infériorité numérique et l'Allemagne continue de pousser. A la dernière minute du temps réglementaire, Karl-Heinz Schnellinger surgit au point de pénalty pour arracher la prolongation et faire basculer la rencontre dans l'irrationnel.

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1-1. La rencontre repart pour 30 minutes supplémentaires. Franz Beckenbauer revient sur la pelouse avec le bras en écharpe, collé contre le torse. L'image restera gravée dans la mémoire des spectateurs et téléspectateurs de l'époque, d'autant que la rencontre s'emballe. L'Allemagne prend l'avantage très rapidement grâce à Gerd Müller (94e). Puis l'Italie égalise et repasse devant (Burgnich 98e, puis Riva 104e). Pas question pour l'Allemagne d'abdiquer. A dix minutes de la fin du match, Gerd Müller ramène son équipe à 3-3 (110e).

Toujours sur le terrain, Franz Beckenbauer ne brille pas mais s'arrache pour donner tout ce qu'il peut depuis un bon moment. Malheureusement pour lui, il ne peut qu'assister, impuissant, au but du 4-3 de l'Italie, inscrit sur l'engagement et signé Rivera (111e). Les Allemands s'inclinent finalement, mais cela n'empêchera pas "Der Kaizer" de marquer l'histoire. "Il a montré son caractère et pouvait probablement jouer aussi bien avec un bras que la plupart des gens le pourraient avec deux", avait dit de lui l'Anglais Geoff Hurst, l'ennemi juré des Allemands lors de la finale de 1966, à Supersport (vidéo en anglais).