Cet article date de plus de dix ans.

Les dix actions qui ont marqué l’histoire de la Coupe du monde

De la première bicyclette au coup de tête de Zinedine Zidane en passant par la "main de Dieu", retour sur dix gestes passés à la postérité.

Article rédigé par Boris Jullien
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 8 min
Diego Maradona inscrit un but contesté "un peu de la tête", "un peu de la main de Dieu" contre l'Angleterre en 1986, lors de la Coupe du monde au Mexique. (SVEN SIMON / DPA / AFP)

Le football passe à l'action. Du 12 juin au 13 juillet, les 32 plus grandes équipes et les meilleurs joueurs s'affrontent pour tenter de remporter ce Mondial organisé au Brésil. Dribbles sulfureux, gestes fous et coups de vice magnifiques rythmeront, à coup sûr, la compétition, comme ils l'ont toujours fait. Francetv info liste dix actions rentrées dans l'Histoire du foot.

1938 : l'art de la bicyclette selon Leônidas da Silva

Le 12 juin 1938, Leônidas da Silva entre dans la légende. Le célèbre attaquant brésilien de l'entre-deux-guerres invente le retourné acrobatique lors de la Coupe du monde organisée en France. Autrement dit, une "bicyclette". Le public du Parc Lescure à Bordeaux (renommé stade Chaban-Delmas en 2001) découvre ce geste spectaculaire et inédit lors du quart de finale face à la Tchécoslovaquie. "Cet homme est un véritable élastique", écrit, à l'époque, Raymond Thourmagem, journaliste à Paris Matchcité par le site de la Fifa.

Ironie de l'histoire, Leônidas da Silva, remporte le Soulier d'Or lors de ce Mondial (le titre de meilleur joueur du tournoi) après avoir marqué un but... sans chaussure. Sur la frappe du Brésilien, qui offre la victoire à son équipe contre la Pologne en 8e de finale, sa basket reste empêtrée dans la boue de la pelouse strasbourgeoise.

1950 : le Maracana réduit au silence

Un drame national. Le 16 juillet 1950, le stade Maracana de Rio de Janeiro accueille la finale de la Coupe du monde. Le Brésil affronte l’Uruguay. A la 79e minute de jeu, Alcides Ghiggia, attaquant de la Céleste, récupère la balle, la passe à Julio Perez qui lui redonne. Un autre coéquipier appelle le ballon. Le gardien brésilien anticipe un centre, mais Alcides Ghiggia frappe. But ! Silence total. Les 200 000 personnes qui assistent à la rencontre sont pétrifiées. L’Uruguay mène 2-1 et soulève, quelques minutes plus tard, le trophée Jules Rimet. Depuis, le fantôme du Maracana hante le Brésil. Perdre la Coupe du monde à domicile, un cauchemar. "Seules trois personnes ont fait taire le Maracana : Frank Sinatra, Jean-Paul II et moi", plastronne Alcides Ghiggia, héros de cet épisode appelé Maracanaçao, dans la vidéo ci-dessous.

1962 : Un pugilat à Santiago

Tacles, coups de poing, et même... crachats. Si le match de poule du Mondial 1962 entre le Chili, pays hôte de la compétition, et l'Italie est resté dans les annales, ce n'est pas pour la qualité du jeu produit. La police a dû intervenir deux fois sur la pelouse de Santiago pour séparer les joueurs et faire appliquer les décisions de l'arbitre Ken Aston. Pourtant, cet Anglais "avait la réputation de diriger ses matches d'une main de fer", rappelle Peter Seddon dans son livre, L'Etonnante Saga du Mondial, dont les bonnes feuilles ont été publiées sur lequipe.fr. Mais, de son propre aveu, ce 2 juin 1962, l'homme en noir était "seul contre vingt-deux joueurs" bien décidés à pourrir la rencontre. En cause ? La publication par presse interposée de propos désobligeants. Au départ, un journaliste transalpin avait écrit à propos du pays hôte de cette Coupe du monde : "Le Chili est un pays corrompu affligé de tous les maux : malnutrition, analphabétisme, prostitution ouverte et misère générale."

1970 : l’arrêt de lèse-majesté de Gordon Banks

La parade de Gordon Banks est considérée comme l'une des plus belles de l'histoire du football. Ce jour de juin 1970 au Mexique, en match de poules contre le Brésil, le portier anglais empêche le roi Pelé de s'illustrer grâce à un arrêt réflexe sorti de nulle part. Le cuir, qui se dirige droit au fond des filets, après une tête de la star brésilienne, est déviée et passe finalement au-dessus de la lucarne droite des cages du gardien. "J'ai marqué un but, mais Banks l'a arrêté", confiera Pelé après la rencontre.


1982 : l'"attentat" de Schumacher sur Battiston

Depuis ce choc à l'entrée de la surface de réparation un soir de juillet 1982, Harald Schumacher est fréquemment surnommé "le boucher de Séville". Son crime : une sortie musclée sur Patrick Battiston, lors de la demi-finale du Mondial espagnol opposant la France à l'Allemagne. L'international français est immédiatement évacué à l'hôpital avec une mâchoire fracturée et un traumatisme crânien. "Je ne souhaitais pas le blesser. Mais je ferais la même sortie si l'action devait se reproduire. C'était le seul moyen d'avoir la balle", s'est justifié le gardien de but allemand dans Le Figaro, en février 2012. Et Harald Schumacher de continuer : "À l'issue du match, un journaliste m'a intercepté pour m'informer que Battiston avait perdu deux dents. J'étais soulagé, car j'avais peur que cela soit beaucoup plus grave. Je lui ai alors répondu : 'S'il n'y a que ça, je lui payerai les frais de dentiste.' Cette déclaration était maladroite, mais elle n'avait rien de cynique."

1986 : Maradona et la "main de Dieu" 

Le 22 juin 1986, Diego Maradona a inscrit deux buts, pour finalement l'emporter contre l'Angleterre (2-1) en quart de finale du Mondial mexicain. L'Argentin marque d'abord "un peu de la tête" et "un peu par la main de Dieu". Sur l'action, Peter Shilton, le gardien anglais, saute pour dégager la balle. Maradona est trop court pour espérer atteindre le ballon de la tête. Il tend alors son bras, dévie le cuir du poing pour ouvrir le score... et prie ensuite pour que l'arbitre n'ait rien vu. "Dans ces moments-là, on espère simplement que le coup franc sera sifflé, que le score restera à 0-0 et que le match reprendra normalement", se souvient Peter Shilton, interrogé par le site de la Fifa.

"Psychologiquement, nous étions au fond du trou. Nous étions conscients d'être menés au score suite à une injustice, à cause d'un but qui n'aurait jamais dû être validé", souffle aujourd'hui le gardien malheureux. Sonnés, les Anglais vont concéder un second but. A la régulière, celui-ci. Le "but du siècle", affirment même certains. Un exploit individuel qui fera entrer un peu plus Maradona dans la légende. 

1994 : l'erreur fatale d'Andrés Escobar

Une élimination en Coupe du monde, ce n'est pas la mort ? En Colombie, oui. Le défenseur Andrés Escobar, coupable d'avoir marqué contre son camp lors du deuxième match de son équipe contre les Etats-Unis (2-1), s'est fait assassiner quelques jours après la compétition, comme le raconte So Foot. Lors de ce Mondial américain, la Colombie suscite pas mal d'attentes et d'espoir. Mais l'équipe est éliminée en poules, notamment en raison de la maladresse d'Andrés Escobar.

Le 2 juillet, dix jours après la fin du tournoi pour la Colombie, le joueur est apostrophé à la sortie d'une boîte de nuit. Le garde du corps de deux barons de la drogue vide alors son chargeur sur le défenseur, en criant : "Buuuuuuuuuuuuut !" Le crime est "sans doute l'œuvre d'un des syndicats de jeu de hasard ou des narcotrafiquants qui avaient parié de grosses sommes d'argent sur la qualification de la Colombie pour le deuxième tour, mais le procès n'est pas parvenu à le prouver formellement", écrit sofoot.com.

1998 : Un dribble beau comme un crapaud 

Cuauhtémoc Blanco, ou comment se sortir d'une situation mal embarquée. Contre la Corée du Sud, le Mexicain se retrouve bloqué par deux défenseurs dans le coin gauche du terrain. Sur un éclair de génie, l'attaquant coince le ballon entre ses deux pieds et se libère de ses geôliers en sautant au-dessus de leurs jambes. Ce geste, effectué lors d'un match du premier tour du Mondial français, ne portera pas son patronyme, comme pour l'Algérien Rabah Madjer ou le Tchécoslovaque Antonin Panenka, mais le nom de "coup du crapaud".

La France, elle, retiendra surtout le 3-0 contre le Brésil en finale. Une rencontre marquée par la sortie spectaculaire de Barthez sur Ronaldo, les deux buts sur corner de Zinedine Zidanela contre-attaque conclue par Emmanuel Petit et les commentaires de Thierry Roland et Jean-Michel Larqué. 

2006 : le coup de tête de Zinedine Zidane

Le 9 juillet 2006, à Berlin, Zinedine Zidane quitte définitivement les terrains sur un coup de tête. Littéralement. En finale du Mondial allemand, il frappe de son crâne chauve le torse de Marco Materazzi, le défenseur grande gueule de l'Italie. Le numéro 10 français, héros national depuis 1998, prend sa retraite sur une expulsion en prolongations. Sans leur chef d'orchestre, les Français s'inclinent, butant sur Gianluigi Buffon lors de la séance de tirs au but (1-1, 5-3). L'épilogue aurait-il été différent avec Zinedine Zidane ? C'est ce que pense le défenseur tricolore Lilian Thuram, qui en voudrait encore au meneur de jeu d'être sorti de ses gonds (et de la finale).

2010 : Luis Suarez joue à l'ange gardien

Pendant un instant, il fait mine d'être innocent. Mais Luis Suarez le sait : l'attaquant de l'Uruguay a sciemment utilisé, sur la dernière occasion du match et alors que le score est de 1-1, ses deux mains pour arrêter sur la ligne de but le ballon propulsé par la tête du Ghanéen Dominic Adiyiah. Carton rouge logique et expulsion. Mais Suarez n'a donné à son équipe qu'un court sursis, à la 120e minute de cet incroyable quart de finale du Mondial sud-africain. Car avec ce pénalty, Gyan Asamoah a la balle de match au bout du pied. C'est manqué. Sur le bord du terrain, Suarez exulte. Il a raison : ses coéquipiers finissent par se qualifier en demi-finale au terme de la séance de tirs au but. L'action provoque tout de même quelques remous. Certains lui reprochent d'avoir triché, d'avoir tronqué la partie. Lui n'y voit rien de mal. Son capitaine, Diego Forlan, non plus : "C'est incroyable, affirme-t-il après la rencontre. Plutôt que de marquer un but, cette fois, il en a arrêté un."


Bonus : et en 2014 ?

La Coupe des confédérations est souvent considérée comme une répétition générale un an avant le Mondial. L'année dernière, la finale oppose l'Espagne au Brésil, les deux favoris de la compétition en somme. Résultat : 3-0 pour le Brésil. D'après Vincente Del Bosque, le sélectionneur espagnol, la Roja a encaissé le premier but quand le stade a continué de chanter, en chœur, l'Hino Nacional Brasileiro, l'hymne carioca, après que les musiciens se sont arrêtés. "C'est devenu un rituel, et je peux te dire que si les supporters chantent l'hymne national de cette manière à chacun de nos matchs, on partira avec un but d'avance sur nos adversaires à chaque coup d'envoi", prédit Thiago Silva, le défenseur brésilien du PSG dans So Foot. Alors, le douzième homme, auteur de l'action décisive de ce Mondial ?

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.