Coupe du monde 2022 : Przemysław Frankowski, jamais sans un bout de Pologne
À Lens, il y a deux manières de se faire adopter par les fans. La première, c'est d'être Polonais et la seconde, de briller dans le derby du Nord. Przemysław Frankowski en a fait l'expérience à l'été 2021, à peine un mois après ses débuts chez les Sang et Or, lorsqu'il a offert la première victoire du RC Lens face à Lille depuis 15 ans (1-0).
Il faut dire qu'il y avait de l'attente autour de lui. Dans un bassin minier historiquement marqué par l'arrivée d'une importante main d'oeuvre polonaise dans les années 1920, le public commençait à s'impatienter. Depuis 2005 et le départ de Jacek Bąk, plus aucun Polonais n'avait revêtu les couleurs du club. Mais pour celui que l'on surnomme "Frankie", raviver cette flamme endormie n'a pas été un énorme défi. Sans le vouloir, ses plans de carrière lui ont permis d'en faire sa spécialité.
Ambassadeur polonais à Chicago
Frankowski a fait ses gammes au Lechia Gdańsk sur la rive polonaise de la mer Baltique. Mais c'est à l'autre bout du pays, au Jagiellonia Białystok, que le futur Lensois s'est fait connaître. Début 2019, l'ailier, alors âgé de 23 ans est à un tournant de sa carrière. Deux offres se présentent à lui : une en Russie et l'autre à Chicago. À première vue, l'option MLS ne semblait pas la plus logique, d'autant qu'il venait de faire ses débuts en sélection. Mais Chicago compte une communauté de 800 000 Polonais, soit la plus importante du monde derrière Varsovie. Un élément décisif.
Le directeur financier du Chicago Fire Pawel Szynalik a fait le déplacement en Pologne pour convaincre Frankowski. "Faire signer un Polonais, c'était la cerise sur le gâteau pour nous. On a dîné au restaurant préféré de Frankie avec sa femme et son agent, se souvient le dirigeant, lui aussi né en Pologne et arrivé jeune aux Etats-Unis. Pour lui, le plus important c'était que sa famille soit à l'aise, loin du pays. On a beaucoup parlé de la vie à Chicago. Ici, il y a beaucoup de magasins polonais, des églises polonaises, des docteurs polonophones... Tout ce dont Frankie, sa femme et leur jeune fils pouvaient avoir besoin." Convaincu, le joueur débarque dans l'Illinois, réalise des débuts prometteurs avec le Fire et se rapproche de ses compatriotes, loin du pays.
"Au fil des matchs, on voyait de plus en plus de rouge et de blanc, de drapeaux et de Polonais dans le stade. Frankie adorait passer du temps après les rencontres avec eux. D'ailleurs, en dehors du terrain, il était souvent invité par des associations à des événements liés à la communauté polonaise."
Pawel Szynalik, directeur financier du Chicago Fire et ami de Przemysław Frankowskià franceinfo: sport
Au vu de son intégration, le départ de Frankowski pour Lens à l'été 2021 a donc laissé un grand vide de l'autre côté de l'Atlantique. "Je pense que la spécificité lensoise avec l'immigration polonaise a pesé dans son choix", juge Pawel Szynalik.
Premier de cordée dans le Nord
À Lens justement, l'arrivée d'un Polonais était souhaitée depuis un moment. "Après des décennies 2000 et 2010 pas très glorieuses sportivement, les dirigeants ont donné la consigne de recruter des joueurs polonais pour renouer avec l'ADN du club et redonner de l'engouement au projet", atteste David Derieux, journaliste et co-auteur du livre "RC Lens : Secrets de transferts".
Pas étonnant donc qu'après la réussite de Frankowski l'an passé, Adam Buksa et Łukasz Poręba, deux autres joueurs venant de Pologne, aient suivi en juillet dernier. "Tous les supporters de Lens ont admiré des joueurs polonais par le passé, raconte l'auteur. En les recrutant, le club se fait plaisir et fait plaisir à ses supporters." Preuve ultime que Frankowski a ravivé le feu polonais dans l'Artois, il a récemment été jury, avec Buksa et Poręba, d'un concours de desserts polonais dans un centre commercial. À lui désormais de distribuer des pralines à Robert Lewandowski pour permettre à sa patrie de briller au Qatar.
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