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Vidéo L'arbitrage vidéo dans le foot, un système à mettre hors-jeu ?

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Durée de la vidéo : 3 min
La VAR, l'enfer du foot
La VAR, l'enfer du foot La VAR, l'enfer du foot
Article rédigé par Benoît Jourdain
France Télévisions

La VAR, l'arbitrage par assistance vidéo, se démocratise sur certaines pelouses d'Europe. Ce système, censé gommer les injustices, est pourtant loin de faire l'unanimité. Un journaliste spécialisé, un ancien arbitre et un joueur de Ligue 1 nous éclairent.

Instaurée par la Fifa depuis 2016 et le match amical France-Italie, la VAR (pour "Video Assistant Referee", en français "arbitrage par assistance vidéo") sera utilisée pour la finale de la Coupe de France entre le PSG et Les Herbiers, le 8 mai, et surtout lors de la prochaine Coupe du monde en Russie. Mais il y a un hic : pour l'instant, cette technologie n'est pas infaillible. Ce système, censé mettre un terme aux polémiques liées aux décisions arbitrales, n'a pas gommé les contestations.

Une fiabilité remise en cause

Premier grief retenu par les anti-VAR, la fiabilité. "En France, comme en Europe, partout où elle est essayée, on ne peut pas conclure aujourd’hui que la VAR est efficace à 100%", affirme Pierre Maturana, rédacteur en chef du magazine So Foot. Lors de la finale de Coupe de la Ligue entre le PSG et Monaco (3-0), son utilisation avait été critiquée par les 22 acteurs, rapporte L'Equipe.

Pour Saïd Ennjimi, ancien arbitre international, la vidéo "doit être utilisée sur des faits binaires" : but marqué ou pas et éventuellement la signalisation du hors-jeu. En revanche, son utilisation dans la surface de réparation laisse "circonspect" celui qui est aussi consultant pour la chaîne L'Equipe. Pour Romain Thomas, défenseur à Angers (Ligue 1), c'est justement dans cette surface que la vidéo est "indispensable". Pourtant, des exemples récents montrent que cette utilisation de la vidéo ne règle pas tout. 

Pierre Maturana et Saïd Ennjimi citent la demi-finale de Ligue des Champions entre le Real Madrid et la Juventus. Le penalty accordé aux Madrilènes dans les ultimes minutes de la rencontre a fait couler beaucoup d'encre. Pour cette compétition, l'assistance vidéo n'était pas utilisée, mais les images de la faute du joueur de la Juventus n'ont rien réglé. "Certains disent 'il y a faute', donc ça se siffle, d'autres disent 'il n’y a pas faute, donc ça ne se siffle pas' et enfin certains disent 'il y a faute, mais ça ne se siffle pas parce que ce n’est pas le bon moment de siffler'", enumère Pierre Maturana pour mieux mettre en évidence les failles.

Vers un foot froid, mais impartial ?

L'assistance vidéo a été imposée en Italie et au Portugal et testée en France et en Belgique. Elle sera en vigueur lors du Mondial, sans que les joueurs n'aient eu leur mot à dire -ce que regrettent unanimement l'arbitre, le journaliste et le joueur interrogés par franceinfo. Cela n'empêche pas Romain Thomas d'être complètement favorable à la vidéo. Les matchs à enjeux de fin de saison, l'argent qui circule dans le football... Il y a désormais trop à perdre pour les clubs et les joueurs, selon lui.

Il faut mettre fin à l'injustice dans le foot.

Romain Thomas, joueur d'Angers

Franceinfo

Et tant pis si l'émotion et l'adrénaline doivent en pâtir. Romain Thomas est prêt "à attendre" pour célébrer un but. Pourtant, ce laps de temps où joueurs et public patientent en attendant une décision prise par un arbitre, dans un car-régie en dehors du stade, est une des dérives que redoutent Saïd Ennjimi et Pierre Maturana. "Si on n’est pas précautionneux sur l’utilisation de la vidéo, on risque de tuer l’émotion", prévient l'ancien arbitre.

C’est un foot qui se 'football américanise' un peu... Un match de football américain, c'est sympa, mais ça dure huit heures.

Pierre Maturana, rédacteur en chef de "So Foot"

Franceinfo

La Coupe du monde qui se profile fera office de test à l'échelle mondiale. Les trois hommes sont partagés sur les conséquences d'éventuels couacs lors de la compétition. Pour Pierre Maturana, cela ne changera rien, la Fifa étant décidée à l'imposer. Saïd Ennjimi, lui, est moins catégorique et redoute que des erreurs n'enterrent le système "alors que la vidéo est un bon principe". Romain Thomas, lui, est convaincu que la VAR va fonctionner et se généraliser. Trois hommes spécialistes du ballon rond et trois façons de voir un système qui ne fait pas l'unanimité.

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