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VRAI OU FAKE : Les journalistes peuvent-ils enquêter sur les chantiers de la Coupe du monde au Qatar ?

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22 - SJT VOUF NICO QATAR JOURNALISTES
22 - SJT VOUF NICO QATAR JOURNALISTES 22 - SJT VOUF NICO QATAR JOURNALISTES (franceinfo)
Article rédigé par franceinfo - N. Carvahlo, H. Desmarest
France Télévisions
Le Qatar s'apprête à accueillir des médias du monde entier, mais est-il possible de braquer les projecteurs ailleurs que sur les stades de la Coupe du monde ? Plusieurs journalistes ayant enquêté dans la zone industrielle de Doha nous racontent la difficulté de travailler sur place et les risques encourus.

Une équipe de France 2 redouble de prudence. Quelques semaines plus tôt, l'un des reporters s'était déjà rendu sur place incognito et n'a même pas pu prendre une photo de la zone industrielle où sont logés les ouvriers, dans de mauvaises conditions. Il a réussi à s'enfuir, avant que la police n'arrive. Pour enquêter dans l'Émirat, il faut donc se faire le plus discret possible.

L'équipe de "Complément d'enquête" a par exemple travaillé dans ce pays en toute confidentialité. L'auteur de l'enquête est entré dans le pays en tant que simple touriste, sans autorisation de tournage. "À partir du moment où tu te déclares en tant que journaliste au Qatar, tu dois fournir un plan de tournage, tu dois dire chaque personne que tu vas rencontrer, chaque lieu où tu veux aller, et si tu sors de ce plan de tournage, tu peux être arrêté et expulsé", indique Pierre-Stéphane Fort, journaliste-réalisateur indépendant.

Interdiction absolue d'aller interroger les ouvriers

Quelques jours après la diffusion de son émission, un nouveau document est publié sur le site qatari de la Coupe du monde. Il faut désormais le signer pour obtenir un permis de tournage officiel au Qatar. Les journalistes doivent s'engager à ne pas filmer "les propriétés résidentielles, les entreprises privées et les zones industrielles". En clair, interdiction absolue d'aller interroger les ouvriers. Pas de reportage sur ces fameux chantiers de la Coupe du monde, dénoncés par les ONG.

Un journaliste norvégien, Halvar Ekeland, avait bien un permis de tournage et un visa officiel. Il a rencontré des responsables du mondial, mais aussi des travailleurs précaires. Il a été arrêté et détenu pendant 32 heures l'an dernier. Le Qatar accueille les journalistes étrangers à bras ouverts, mais tant qu'ils se contentent de parler de football.

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