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54 artistes africains pour le droit à l'énergie: "Lumières d'Afriques" à Abidjan

L'exposition Lumières d'Afriques qui réunit pour la première fois 54 artistes des 54 pays d'Afrique pour alerter le monde sur le droit fondamental des Africains à l'énergie au 21e siècle, a entamé son tour du monde à la Fondation Donwahi d'Abidjan, première étape de sa tournée africaine.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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L'exposition "Lumières d'Afrique" à Abidjan (26 avril 2016)
 (Issouf Sanogo / AFP)

C'est "un point de départ pour la mobilisation internationale derrière la création de ce réseau d'accès à l'énergie (...) des peuples africains au 21e siècle", assure à l'AFP Mathias Leridon, président de African Artist for Development (AAD), initiateur du projet. Il y voit "une première dans l'histoire  de l'art".
 
"On voulait qu'un artiste de chaque pays du continent puisse s'exprimer. Ils avaient toute la liberté pour s'exprimer autour de la lumière électrique, l'énergie, la lumière intérieure", explique le directeur artistique de AAD,  Jean-Michel Champeau.
 
Un artiste a donc été approché dans chacun des 54 pays du continent pour une "commande". Certains étaient déjà connus, d'autres sont encore en quête de reconnaissance.
 
L'exposition Lumières d'Afriques, qui a été inaugurée au Théâtre national de Chaillot à Paris en 2015 avant de voyager, est ainsi composée de vidéos, de peintures, de sculptures, de photographies... Mais le tout forme une "seule oeuvre", insiste Jean-Michel Champeau.

A Abidjan, dans le cadre de l'exposition "Lumières d'Afriques", une ampoule en forme de cercueil du Ghanéen Paa Joe
 (Issouf Sanogo / AFP)


Après Abidjan, l’exposition sera à Dakar

Après Abidjan, où elle est arrivée fin avril et s'affiche jusqu'au 6 juin, l'exposition s'installera à Dakar vers la fin de l'année.
 
"Lumières d'Afrique est une notion très importante pour notre continent. Il est important de pouvoir avoir plus de lumière tant physique que supra-physique", explique l'artiste Paul Sika, représentant de la Côte d'Ivoire. Dans son oeuvre "Glôglô gospel", on peut voir un homme en train de prêcher  l'évangile dans un ghetto.
 
Glôglô est un mot nouchi, argot ivoirien qui signifie en fait ghetto, "lieu difficile à vivre donc l'évangile dans le glôglô représente cette lumière que nous avons dans un environnement très difficile à vivre", explique-t-il.

Des quartiers à la lumière des phares de voitures

Avec "Délestage", Abdoulaye Barry, artiste photographe tchadien, présente des personnes plongées dans l'obscurité dans un quartier de N'Djamena pour "montrer la difficulté que ces populations traversent sans la lumière".
 
"J'ai sillonné le quartier avec mon appareil. En fait, c'est un quartier qui est tout noir. La seule source de lumière que j'aie croisée était celle des phares des voitures ou des motos", a-t-il déploré. Certaines grandes capitales et villes africaines font face à des coupures d'électricité au quotidien. Les artistes ont exprimé cette réalité de différentes manières selon leur art et leur sensibilité. Le Ghanéen Paa Joe a ainsi réalisé un cercueil en forme d'ampoule. La plasticienne mauritanienne Amy Sow estime que "la femme pour moi, c'est la lumière". Son oeuvre représente donc des visages de femmes.
 
"Ces artistes ont tout simplement démontré qu'avant tout ils sont Africains et partagent les mêmes réalités que nous", commente Elie Touré, un visiteur.

600 millions d’Africains privés d’électricité

L'électricité demeure un défi majeur en Afrique, plus de 600 millions d'Africains n'y ont pas accès, un "paradoxe", selon Mathias Leridon, par rapport aux sources d'énergie propres dont regorge l'Afrique.
 
En septembre 2015, la Banque africaine de développement (BAD), qui co-organise cette exposition, a dévoilé à Abidjan, son "Nouveau pacte pour l'énergie en Afrique", une initiative qui vise à combler le déficit énergétique du continent d'ici 2025.
 
Lumières d'Afrique a été présentée durant trois semaines à Paris avant l'ouverture de la Cop 21. En France, l'exposition a accueilli un public nombreux, composé notamment d'Africains vivant en France, d'où l'intérêt de la présenter sur le continent, a confié un des organisateurs. Ce succès auprès de la diaspora africaine, selon le photographe tchadien Abdoulaye Barry est dû au fait que "ce sont des paroles qui reflètent l'Afrique  d'aujourd'hui".
 
Pour lui, elle aura forcément un impact sur les politiques et les bailleurs de fonds. "Tous ces artistes ont amené leur point de vue et je pense que cela  ne peut pas passer inaperçu. "

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