À Carcassonne, des dessins d’époque témoignent des conditions de vie des prisonniers militaires de la Seconde Guerre mondiale
350 créations ont ressurgi du passé sur les murs de La Maison des Mémoires à Carcassonne. L’exposition est baptisée Emb Art Belés - Destin des œuvres de prisonniers de guerre. Un jeu de mots avec "barbelés" qui invite le visiteur à découvrir le quotidien de ces soldats derrière ces clôtures.
"Un art figuratif sans pathos"
C’est une vie d’ennui et de labeur que près d’1 600 000 militaires français, retenus en Allemagne, ont vécu. Les dessins exposés montrent des soldats qui travaillent dans les champs, jouent aux cartes ou aux échecs, roulent des cigarettes ou encore font leur toilette. "C’est un art extrêmement figuratif. Je n'ai pas trouvé de peintures abstraites. C'est aussi un art dénué de tout pathos", précise Véronique Moulinié, anthropologue et directrice de recherches au CNRS.
L’exposition présente aussi de nombreux portraits et fait un focus sur quatre artistes d’Occitanie de l’époque : Louis Cazals, Laurent Escap, Marcel Delaris et Georges Pacouil. Pour eux, continuer à créer est un espace de liberté.
"C'est rendre justice à ces prisonniers"
Amateurs d’art, les Allemands favorisaient la création artistique et autorisaient l’exposition de ces œuvres dans les camps. Mais tout était contrôlé. Pour être exposés, les dessins devaient avoir été validés par les autorités militaires allemandes. Les œuvres retenues étaient tamponnées en rouge avec cette inscription "gepruft", ce qui veut dire "vérifié" en français.
Le public peut voir quelques originaux mais la Maison des Mémoires a préféré montrer majoritairement des copies. "Pourquoi ? Parce que le but (est) de présenter les œuvres telles qu’elles étaient exposées dans les camps. C’est-à-dire sur fond noir, accrochées, simplement piquées sur les supports. Aucun original ne peut, aujourd’hui, subir un pareil sort", explique Véronique Moulinié.
De précieux documents désormais préservés mais longtemps ignorés alors qu’ils présentent à la fois une valeur artistique et un intérêt historique. "C’est rendre justice à ces prisonniers (...) Ce sujet concerne aussi beaucoup de personnes parce que tout le monde dans sa famille a eu un prisonnier", affirme Virginie Soulier, maître de conférences à l'université Via Domitia de Perpignan. L’exposition est à découvrir jusqu’au 24 février 2024.
Exposition Emb Art Belés - Destin des œuvres de prisonniers de guerre (1939-1945)- La Maison des Mémoires à Carcassonne, 53 Rue de Verdun, jusqu’au 24 février 2024
Du mardi au samedi de 10 h à 13 h et de 14 h à 18 h, sauf jours fériés
Entrée libre
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.