A Compiègne, le bel envol de l'exposition organisée dans l'ancienne maison d'arrêt
Les heures sont comptées avant que cette exposition qui aura duré deux semaines ne referme ses portes. Elle a attiré de très nombreux visiteurs (en moyenne 200 personnes par jour) et ses organisateurs sont les premiers surpris de son succès qui n'a, malgré tout, rien d’étonnant. Inaccessibles au grand public, les prisons restent des univers particuliers, qui suscitent autant la peur que la fascination.
Une page d'histoire
Construite en 1867 sur une parcelle de 4250m², au centre de Compiègne, la maison d’arrêt comptait 25 cellules. Elle a hébergé jusqu’à 130 détenus au lieu des 76 prévus initialement. Des détenus auteurs de délits mineurs, incarcérés pour des peines courtes (moins de deux ans) ou des personnes en attente de jugement. Désaffectés depuis 2015, les lieux ont servi de décor pour des tournages (dernièrement, celui de Mélanie Laurent pour son film Sulak, inspiré de la vie de Bruno, un braqueur considéré comme un "Arsène Lupin du XXe siècle").
En 2021, l’ancienne prison de 2500 m² a été vendue aux enchères et rachetée par Antoine et Marie-Anne Logier. Malgré sa future transformation en lieu de résidence, le bâtiment devrait conserver en principe sa façade mais l'intérieur sera repensé.
Trois artistes exposent leurs œuvres : déjà auteur d'un travail autour des portes de prison, le photographe Alban Eyssette-Brizault a cette fois tourné son oeil vers les oiseaux, la prière et l’enfance ; la sculptrice Pauline Ohrel travaille le bronze, le béton, la terre et le plâtre mais aussi le fil de fer qui donne lieu à de grands oiseaux métalliques ; et l’artiste peintre Ostiane de Saint Julien qui a travaillé sur le thème de l'eau et qui est à l'origine de ce projet artistique.
Respecter le lieu
Certaines des œuvres exposées existaient déjà, d’autres ont été créées pour l’occasion. Avant de se lancer, les artistes ont visité les lieux en avril dernier, avant de choisir les espaces qu’ils pensaient le mieux convenir à leurs créations. Toutes s’articulent autour du thème de l’envol. Celui de l’esprit, celui des corps, celui de l’enfant qui quitte le nid... De quoi inspirer les trois artistes qui ont essayé de trouver un équilibre.
Nous voulions respecter ce lieu et que les œuvres lui fassent écho.
Philippine Lamycommissaire d’exposition
Emotions à fleur de mur
Le parcours, qui s’étend sur deux niveaux, se calque sur celui d’un prisonnier, alternant passage dans des cellules et dans des espaces communs. Des lieux qui inspirent une forme de respect, peut-être parce qu’on perçoit la solitude, la souffrance, la tristesse, l’attente... Autant d'émotions qui traversent chaque être humain, mais que l’enfermement démultiplie. Elles sont d’autant plus perceptibles que des dessins et des messages laissés par les détenus sont encore visibles sur les murs, créant un écho intattendu avec les œuvres. Face à ces pages d'histoires intimes et collectives inscrites sur le béton, on se dit qu'il faudrait en garder une trace visuelle avant qu'elles ne soient définitivement effacées.
Exposition L'Envol, jusqu’au 24 septembre à la maison d'arrêt de Compiègne - 3, avenue de la Résistance, dimanche de midi à 19h. ENTREE GRATUITE.
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