À Giverny, comment "l'audace" de l'art japonais s'est invité dans le jardin de l'impressionnisme
L'influence de l'art japonais sur les courants impressionnistes et post-impressionnistes est exposée à Giverny, dans l'Eure, au fil de 130 œuvres : des tableaux des plus grands artistes de l’époque et les estampes japonaises qu’ils ont collectionnées.
À Giverny (Eure), le Musée des impressionnismes consacre, jusqu'au 15 juillet, une exposition à l’influence de l’art japonais sur les peintres impressionnistes et post-impressionnistes. Quelque 130 œuvres ont été réunies : des tableaux des plus grands noms de l’époque et des estampes japonaises qu’ils ont collectionnées.
Passion, collection et création
À partir de 1870, l’art japonais est à la mode en Occident. "C'est un déferlement, un engouement fou", indique Marina Feretti, commissaire de l’exposition. Je pense qu'il n'y a pas un atelier d'artiste, où ne se trouve pas un paravent japonais ou des estampes japonaises. Il n'y a pas une maison bourgeoise qui n'a pas ses estampes."
L’engouement va gagner les peintres. Certains représentent leurs modèles en geishas, vêtues de kimonos et entourées d’objets d’art décoratif japonais. D’autres, comme Pissarro ou Gauguin réalisent des éventails peints, des accessoires dont ils font de véritables œuvres d’art.
#CeJourLa Henri Guérard, peintre, graveur, lithographe et imprimeur français, est mort le 25 mars 1897. Notre #exposition #JaponismesImpressionnismes vous présentera, dès le 30 mars, cet éventail de sa création.
— Musée des impressionnismes Giverny (@mdig27620) 25 mars 2018
"Oiseaux sur une branche au clair de lune", n. d. © @GalerieBeres pic.twitter.com/ls7eMHHyCi
Leur passion pour le Japon conduit les peintres à collectionner les estampes. L’exposition en présente quelques dizaines issues des collections personnelles des artistes, précieuses comme celles d’Hokusai qui appartenaient à Claude Monet, mais aussi bon marché, comme des crépons achetés par le peintre Paul Ranson.
Ce sont des estampes de type populaire, imprimées sur du papier crépon et qui sont d'une vivacité de couleurs inouïe.
Marina Ferretti, commissaire de l'exposition Japonismes/Impressionnismesà franceinfo
Les artistes, poursuit Marina Ferretti, étaient alors fascinés par "l'audace de ces couleurs pures, sans mélanges, avec des contrastes violents" qui donnent une grande force à ces estampes.
Après la collection, vient la pratique de l’estampe : Edouard Manet, Edgar Degas et Mary Cassatt sont les premiers à s’y essayer. Les artistes vont ensuite appliquer à leur peinture les leçons de l’art japonais, comme on le voit dans la dernière salle de l’exposition : de Monet à Maurice Denis, de Van Gogh à Pierre Bonnard, en passant par Georges Seurat avec son tableau Le Bec du Hoc, la représentation d'un paysage normand.
L'œuvre, indique la commissaire de l'exposition, est inspirée très directement d'une première version de La Vague d'Hokusai.
Dans le tableau de Seurat, l'espace s'exprime en deux plans. "Au premier plan, le rocher qui surgit, au deuxième plan, la mer et le ciel, sans aucun effet de perspective entre les deux, décrypte Marina Ferretti. C'est une manière très japonisante de concevoir l'espace. Et de la même manière, il a peint lui-même les couleurs de la bordure de sa toile, un peu comme les Japonais, extrêmement attentifs à l'encadrement et à tout ce qui relève du décor."
La visite s’achève avec cinq tableaux de Claude Monet. Comme les maîtres de l’estampe, il célébra la nature en la laissant envahir ses toiles.
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