À Nice, le musée Matisse fait dialoguer l’œuvre de l'artiste américaine Shirley Jaffe avec celle du chef de file du fauvisme
Avant et après Matisse est la première rétrospective consacrée à la grande peintre américaine Shirley Jaffe. Cette femme au caractère revêche et très secret est une référence de la peinture abstraite du tournant des XXe et XXe siècles. Née en 1923 dans le New Jersey, cette artiste en liberté aura peint jusqu'à son dernier souffle à 92 ans à Paris.
Quand elle débarque dans la capitale dans les années 1950, elle n'a que 26 ans. Mais ses premiers tableaux révèlent une étonnante précocité. Ses compositions sont colorées et abstraites comme cet Arcueil Yellow. "Elle arrive en France en connaissant l'art français et paradoxalement, elle connaît assez mal l'art de ses contemporains américains", souligne Frédéric Paul, le commissaire de l'exposition Avant et après Matisse. En effet, Shirley Jaffe a toujours affirmé avoir découvert Pierre Bonnard à New York puis Jackson Pollock et Andy Warhol à Paris.
L'influence de Matisse
De ses débuts expressionnistes abstraits, suivi de deux ruptures radicales qui l'ont conduit à l'abandon de la gestualité à la fin des années 1960 jusqu'aux grandes toiles qui caractérisaient sa maturité par leurs formes libres et unies, l'exposition suit la chronologie de son travail d'artiste. Car au fil des ans, le style de son art a évolué vers l'abstraction géométrique et les aplats de couleurs, plus clairs, aux angles géométriques. Lorsqu'elle découvre les grandes "gouaches découpées" de Matisse au musée des Arts décoratifs en 1961 à Paris, c'est un choc esthétique. Dès lors, le peintre français aura un fort impact sur sa vision de la peinture. La comparaison s’est toujours imposée entre les tableaux de maturité de l’Américaine et les derniers travaux en papiers gouachés découpés d’Henri Matisse.
Shirley Jaffe, l'architecte du chaos construit
Tout semble posé dans les toiles de Shirley Jaffe, mais en réalité tout est mouvement. Elle est l'architecte du déséquilibre ordonné à l'image de Boulevard Montparnasse. Cette œuvre exposée au premier étage du musée Matisse retranscrit ce chaos qu'elle avait observé sur le chantier de la gare Montparnasse, située tout près de son atelier parisien. Une autre de ses toiles, Blue around the center, témoigne de la singularité de l'artiste, de sa façon d'ordonner ses motifs "À vrai dire, il s'appellerait Blue around the center parce qu'aucun de ces bleus n'est identique à l'autre. Le centre est axé par ces éléments bleus qui sont distribués tout autour de la toile", précise Frédéric Paul, le commissaire de l'exposition.
L'exposition dévoile aussi les précieuses notes d'atelier de l'artiste et des archives inédites.
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