À Rouen, une exposition pour honorer la mémoire des réfugiés espagnols qui ont fui la guerre civile
La bibliothèque Simone-de-Beauvoir à Rouen accueille la nouvelle exposition de la photographe rouennaise Lydie Turco. Stratégie de l’effacement évoque l'histoire méconnue des réfugiés espagnols qui ont fui le régime franquiste. À la fin des années 1930, plus de 450 000 républicains espagnols sont arrivés dans des conditions très précaires en France.
Lydie Turco a rassemblé des images d'archives et est retournée sur les lieux où se trouvaient les camps de réfugiés, pour photographier ce qu'il en restait. Dans l'exposition, elle a disposé côte à côte des photos d'archives et celles prises récemment. "Les photos numériques en couleur apportent un contraste et elles permettent vraiment d'inscrire les lieux dans le présent, ou du moins la trace qui reste de ces lieux d'hébergement. Par exemple, la prison d'Aubusson, elle a été rasée et maintenant, c'est la cité internationale de la tapisserie", raconte la photographe.
Des photographies pour se souvenir
Si son exposition s'intitule Stratégie de l’effacement, c'est pour rappeler à quel point cette partie de l’histoire de France a été très peu mise en avant. C'est pourquoi, Lydie Turco, dont l'arrière-grand-père était espagnol, a souhaité se souvenir et immortaliser l'histoire de ces réfugiés.
Elle a donc rencontré des descendants de familles ayant vécu dans des camps de réfugiés et a retranscrit leur récit sur des panneaux d'affichage. À travers ces témoignages, on comprend que les conditions d’accueil étaient précaires : "De la paille répandue sur le sol, des femmes épuisées, des petits blottis dans des coins, sans air, sans lumière et des femmes âgées couchées toute la journée. Tous vivent dans une promiscuité absolue", raconte l'un des témoignages que lit Lydie Turco.
Pour ses recherches, Lydie Turco a également travaillé avec une historienne pour raconter au mieux la situation politique de cette période. "À l'époque, les autorités françaises ont été dépassées par le nombre de réfugiés. Il y avait aussi des logiques policières. Dans certains décrets, il était écrit : mettre en place l'accueil de réfugiés indésirables, parce que forcément, c'était majoritairement des communistes ou des anarchistes", explique-t-elle. Après Rouen, l’exposition va tourner pendant trois ou quatre ans en France et en Espagne.
Bibliothèque Simone-de-Beauvoir à Rouen. Entrée gratuite. Jusqu'au 31 mars 2023. Plus d'informations sur le site de la bibliothèque.
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