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"À toi de faire ma mignonne" : la nouvelle exposition de Sophie Calle au Musée Picasso

Le musée Picasso a proposé à Sophie Calle de s'approprier le musée pour célébrer à sa façon le cinquantenaire de la disparition de l'artiste. Un parti pris qui risque de dérouter plus d'un visiteur.
Article rédigé par Anne Chépeau
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le Guernica composite de Sophie Calle, réalisé à partir d'œuvres qui se trouvaient sur les murs de sa maison. (ANNE CHÉPEAU / RADIO FRANCE)

Jusqu'au 7 janvier 2024, le musée Picasso se retrouve investi des oeuvres de l'artiste contemporaine Sophie Calle. Elle a d'ailleurs longtemps hésité avant de dire oui à la proposition d'exposition du musée : "Autant, j'avais peur de me confronter à Picasso, mais par contre de me confronter à son absence, même si elle est très présente, à son fantôme, et à des Picasso qui sont invisibles, c'est quelque chose que je pouvais envisager."

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En effet, il n'y a pas de confrontation directe entre les œuvres de Sophie Calle et les tableaux de Picasso, qui ont été décrochés des salles où ils sont habituellement présentés, à quelques exceptions près nous raconte l'artiste : "Par ses œuvres, il est extrêmement peu présent puisqu'il y en a cinq qui sont cachées derrière des voiles. Il y a aussi trois autoportraits, devant lesquels j'ai mis le titre de l'exposition, qui est "À toi de faire ma mignonne" le nom d’un polar de Peter Cheyney, pour m'imaginer Picasso me laissant le champ libre. Enfin, il y a le tableau, la Célestine, que j'ai décrit comme un lot de consolation pour ceux qui m'en voudraient d'avoir mis les Picassos au sous-sol."

La Célestine, une des rares œuvres de Picasso présente dans l'exposition de Sophie Calle. (ANNE CHÉPEAU / RADIO FRANCE)

Pendant la durée de l'exposition, c'est effectivement au sous-sol du musée que les visiteurs peuvent retrouver une sélection de 70 œuvres du peintre. Sophie Calle, qui occupe les quatre autres niveaux, invente sa version composite de Guernica, joue ainsi sur l'absence en exposant des photos prises pendant le confinement de tableaux de Picasso recouverts de papier kraft et donc devenus invisibles.

Pas de tableaux de Picasso, mais des sujets communs

Elle explore des thèmes qui les rapprochent comme la mort et s'interroge ainsi sur le devenir du contenu de sa propre maison à son décès. "J'ai décidé d'exprimer ma hantise d'une vente comme je n'ai pas d'héritier et j'ai donc demandé au commissaire-priseur de l'Hôtel Drouot de mettre en scène ce cauchemar en faisant l'inventaire de tout ce que je possède."

Vêtements, objets et meubles, presque tout le contenu de la maison de Sophie Calle est exposé au Musée Picasso. (ANNE CHÉPEAU / RADIO FRANCE)

"Ces objets sont exposés hors contexte. C'est-à-dire qu'ils ont perdu un petit peu leur relation à moi, et la relation que peuvent avoir des objets entre eux dans une maison. Il y a de tout, ce que j'ai sur mes murs, mes vêtements, mes objets, des choses un peu précieuses, et puis des petits riens", explique Sophie Calle.

Sa voix commente chaque lot retraçant l'histoire d'un objet ou d'une lettre. L'artiste se livre sans détour et non sans humour. Elle n'hésite pas également à présenter une quarantaine de projets inachevés, censurés, abandonnés, car sans intérêt, ou des projets qu'elle espère un jour aboutir.

Reste à savoir si les visiteurs venus au musée pour admirer des œuvres de Picasso se passionneront pour la vie de Sophie Calle qui est à découvrir dans l'expo "À toi de faire ma mignonne" à Paris au Musée Picasso jusqu'au 7 janvier 2024.

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