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Affaire Benjamin Griveaux : qui est Piotr Pavlenski, l'artiste russe controversé à l'origine des vidéos à caractère sexuel ?

Piotr Pavlenski, 39 ans, dit pratiquer "l'art politique" contre "l'individu réduit à l'état de bétail par l'Etat, la propagande et les instruments du pouvoir".
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
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L'artiste russe Piotr Pavlensky dans son cabinet d'avocat à Paris, le 14 février 2020. (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

Piotr Pavlenski, jugé mercredi 28 juin pour avoir diffusé des vidéos qui ont fait chuter l'ex-candidat à la mairie de Paris Benjamin Griveaux, est un artiste contestataire connu pour ses "performances" politiques choc, réfugié en France après avoir fui la Russie. Crâne rasé, joues creusées, Piotr Pavlenski, 39 ans, dit pratiquer "l'art politique" contre "l'individu réduit à l'état de bétail par l'Etat, la propagande et les instruments du pouvoir". "C'est le dernier venu de 'l'actionnisme' russe qui est né sous Boris Eltsine et dont le membre le plus connu et le meilleur est Oleg Kulik", explique Andreï Erofeev, critique d'art moscovite réputé. 

"Peu intéressante sur le plan artistique, son action se résume à la contestation politique, très directe et spectaculaire. Le public russe l'a aimé pour sa très grande audace"

Andreï Erofeev, critique d'art moscovite

à l'AFP

"Hypocrisie dégoûtante" 

C'est par la politique que Piotr Pavlenski a fait parler de lui en Russie dès 2012 et qu'il est entré avec fracas dans l'actualité française en 2020, mettant en ligne les vidéos à caractère sexuel qui ont dynamité les dernières municipales parisiennes et entraîné le retrait de la candidature de Benjamin Griveaux, l'un des lieutenants d'Emmanuel Macron.

L'intéressé a revendiqué leur publication afin de "dénoncer l'hypocrisie dégoûtante" de l'ex-candidat LREM, qui "a utilisé sa famille en se présentant en icône pour tous les pères et maris de Paris". "J'espère que je pourrai continuer" ce projet de vidéos pornographiques visant "des fonctionnaires, des politiciens, des représentants du pouvoir", déclarait-il en février 2020.

"Du vandalisme et non de l'art"

Diplômé de l'Académie d'art et d'industrie de Saint-Pétersbourg, où il est né, et père de deux enfants, il vit avec peu de ressources et squattait régulièrement des maisons vides, il y a encore quelques mois, dans le quartier de la Mouzaïa à Paris. Il a déjà eu affaire à la justice française quand il a incendié, en octobre 2017, la façade d'une succursale de la Banque de France, place de la Bastille, un contre-sens historique selon lui.

"Du vandalisme et non de l'art", estime le directeur de la rédaction de Beaux-Arts Magazine, Fabrice Bousteau. Plusieurs sources du milieu de l'art contemporain français le considèrent d'ailleurs comme un "activiste politique" n'ayant exposé aucune oeuvre, seul ou collectivement, ni réalisé de performances pour des institutions muséales ou des galeries en France. Après un procès agité en janvier 2019, qu'il avait utilisé comme une tribune pour proclamer "vive les 'gilets jaunes' !", il avait été condamné à trois ans de prison dont un ferme.

Lèvres cousues, testicules cloués 

Sa première vie russe a été émaillée de "performances" choc virant souvent à l'auto-mutilation : peau des testicules clouée sur les pavés de la place Rouge, bout d'oreille coupé ou lèvres cousues en soutien au groupe contestataire Pussy Riot. Ce sont ces actions médiatisées qui l'ont fait connaître à partir de 2012 en Russie, peu après les Pussy Riot, dont des membres avaient été incarcérées pour avoir chanté une prière punk dans une cathédrale à Moscou.

"S'en est suivie l'action sur la place Rouge, au moment où les manifestations de protestations contre le pouvoir étaient fortes après la réélection de Poutine", dit à l'AFP une source du milieu de l'art contemporain russe, sous couvert d'anonymat. En novembre 2015, il avait incendié l'une des portes de la Loubianka, siège de l'ancien KGB puis du FSB, en plein coeur de Moscou. Après sept mois de détention provisoire, il était condamné à une simple amende, dans une décision d'une rare clémence pour la justice russe.

Asile en France

Si certains militants de l'opposition russe ont défendu ses actions coup de poing et ses prises de position comme une forme d'art engagé, d'autres, comme l'écrivaine et défenseure réputée des droits humains Lioudmila Alexeïeva, ont condamné des actes "idiots". Affirmant vouloir échapper à "dix ans de camp" alors qu'il était accusé de "violences à caractère sexuel" - qu'il conteste - sur une actrice d'un théâtre moscovite, Piotr Pavlenski a obtenu, avec sa compagne d'alors Oksana Chalyguina, l'asile en France en mai 2017. Une faveur qu'il estimait sans condition: "On ne m'a pas accordé (l'asile) à condition que je cesse l'art politique", avait-il précisé lors de son procès de janvier 2019.

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