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Un portrait osé fâche le président sud-africain

L' œuvre "The Spear" détourne les symboles du parti du président et joue avec les canons du réalisme socialiste. Jacob Zuma y est représenté inspiré, le sexe en évidence. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le tableau "The Spear" de l'artiste sud-africain Brett Murray, exposé à Johannesbourg, le 18 mai 2012.  (ALEXANDER JOE / AFP)

"Ne voyez pas le fantasme de l'homme, mais plutôt le délire de l'artiste", disait Thierry Lhermitte dans une scène du Père Noël est une ordure. Un tableau du président sud-africain, Jacob Zuma, semble correspondre à cette approche artistique particulière.

Représenté à la manière de Lénine, le chef d'Etat y est en plus gratifié d'un sexe très en évidence. L'œuvre, The Spear (la lance, en anglais), a déclenché la colère du pouvoir, qui a exigé son décrochage vendredi 18 mai. Le portrait est la pièce centrale de l'exposition du plasticien sud-africain Brett Murray, présentée jusqu'au 16 juin par la Goodman Gallery, une galerie privée de Johannesburg. 

Une attaque à la dignité du président 

Officiellement, son titre fait allusion à l'arme traditionnelle des guerriers zoulous et à la lance qui figure sur le logo du parti du Congrès national africain (ANC), le parti de Jacob Zuma. Mais le tableau fait directement référence à la vie sexuelle débridée du président, qui a actuellement quatre femmes et 21 enfants, certains nés hors mariage. 

La présidence n'a pas manqué de réagir : "Nous sommes stupéfaits de la manière grossière et blessante avec laquelle cet artiste dénigre la personne et la fonction du président de la République d'Afrique du Sud." 

"L'image et la dignité de notre président (...) est abîmée par cette soi-disant œuvre d'art", s'est pour sa part insurgé le parti. "Nous avons demandé à nos avocats de saisir les tribunaux pour contraindre Brett Murray et la Goodman Gallery de décrocher le portrait et de le retirer de son site internet, et aussi de détruire tout le matériel promotionnel", a-t-il ajouté. 

"Censure"

La Goodman Gallery, qui n'attendait pas pareille publicité, a catégoriquement refusé de décrocher The Spear. "Nous pensons que ça serait de la censure d'enlever la peinture", a expliqué Lara Koseff, sa porte-parole. Professeur de droit constitutionnel et blogueur, Pierre de Vos a indiqué quant à lui que "dans une démocratie, les tribunaux ordonnent rarement la censure d'une œuvre d'art, même si cette œuvre d'art se moque du président et de ses habitudes de Don Juan patriarcal".

Par ailleurs, le tableau a plu :  il a été vendu 12 900 euros à un collectionneur allemand.

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