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Bagdad: un gymnase de Le Corbusier a survécu à la guerre

Un gymnase commandé à Le Corbusier en 1957 par l’Irak et achevé sous Saddam Hussein dans les années 1980 est en train d’être restauré à Bagdad
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Le gymnase de Bagdad dessiné par Le Corbusier (12 avril 2012)
 (Sabah / Arar)

L’Irak essaie aujourd’hui, avec l’aide de la France, de rendre ses lettres de noblesses à ce monumental vaisseau amiral de béton qui a étonnamment bien résisté aux années de guerres et de bouleversements.

Le Gymnase de Bagdad, situé dans l’est de la capitale irakienne, n’est qu’un élément de la vaste Cité olympique projetée par un pays alors ouvert sur le monde, qui espérait accueillir les JO de 1960. Le Corbusier, considéré comme un des plus grands architectes du XXe siècle, était alors au sommet de sa gloire.

Le projet est resté dans les placards pendant plus de vingt ans
La révolution de 1958 a mis le projet en sommeil. C’est Saddam Hussein qui l’a réveillé en 1980. Il a été achevé deux ans plus tard, bien après la mort de son concepteur, décédé en 1965.

Charles-Edouard Jeanneret, dit LeCorbusier, s'était fortement impliqué dans le projet de Bagdad, pour lequel il avait "signé personnellement quelque 500 croquis", souligne Mina Marefat, historienne de l'architecture et spécialiste de Le Corbusier basée à Washington. "Le plus étonnant à propos de l'oeuvre de Le Corbusier à Bagdad est qu'elle ait reçu si peu d'attention de la part des spécialistes", souligne-t-elle.

Le Gymnase de Bagdad, dessiné par Le Corbusier (12 avril 2012)
 (Sabah Arar / AFP)

Une fois bâti, le Gymnase a accueilli des "générations de sportifs irakiens", basketteurs, volleyeurs et gymnastes et nombre de compétitions internationales, note son actuel directeur, Wasfi al-Kinani. "Pour le sport  irakien, c'est un héritage historique, un symbole", souligne-t-il.

En 2003-2004, le gymnase a été occupé par l'armée américaine. Quand elle est partie, le sport a repris en pointillés à cause des violences confessionnelles qui déchirent le pays.

Les spécialistes occidentaux ignoraient tout du gymnase. C’est une chercheuse française, Caecilia Pieri, qui l’a découvert en 2005. Elle s’est aperçue que la Fondation Le Corbusier ne savait même pas si cette œuvre posthume avait été construite conformément aux plans.

Une chercheuse française révèle l'oeuvre au monde
Après plusieurs visites à Bagdad, la chercheuse est revenue en 2011 avec le vice-président de la fondation Jacques Sbriglio. Un projet franco-irakien de publication et de colloque sur le gymnase est alors né. Il réunit la Fondation Le Corbusier, l’Institut français du Proche-Orient, l’Université de Bagdad, l’Unesco et l’ambassade de France.

"Après tous (les) bouleversements, on assiste à la renaissance d'un mouvement de conscience autour du patrimoine moderne, et il peut en entraîner d'autres du même genre, susciter un élan vertueux pour d'autres bâtiments modernes  importants", se réjouit Caecilia Pieri.

La rénovation en cours du gymnase tend à s’éloigner de la vision du maître : les gradins se sont couverts de sièges de couleurs vives, des faux plafonds bloquent la lumière zénithale dans les vestiaires. Mais la ligne générale de l'édifice, avec ses courbes caractéristique, et la façade extérieure lui restent fidèles, avec les symboles fétiches de Le Corbusier gravés dans le béton, ainsi que son credo « Là où naît l’ordre naît le bien-être ».

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