Chef d'oeuvre d'architecture industrielle, le viaduc de Millau a 10 ans
A cinq kilomètres du centre ville de Millau vers le soleil couchant, sa ligne barre l'horizon sur 2,5 km d'un trait étonnamment fin, à peine souligné par ses haubans, à une hauteur toujours record de 270 mètres au-dessus des gorges du Tarn.
La prouesse technique, qui a permis de construire l'ouvrage du Britannique Norman Foster en trois ans, "a braqué les regards du monde sur Millau et nous a donné une notoriété mondiale et une image high-tech", explique Gérard Prêtre, président de la communauté de communes de Millau-Grands Causses. Il a démultiplié le nombre des touristes, et a permis aux entreprises locales de s'ouvrir sur le monde grâce à l'autoroute A75 de Paris-Clermont-Méditerranée, qui voit passer au viaduc 4,8 millions d'automobilistes par an.
Une prouesse technique
Soutenu par 7 piles, dont la plus grande mesure 242 mètres, il est surmonté de pylônes multihaubanés dont le plus haut culmine à 343 mètres au-dessus du Tarn, dépassant ainsi la Tour Eiffel, autre chef d'oeuvre d'architecture industrielle.
Le viaduc est né du débat lancé à la fin des années 1980 sur le meilleur moyen de franchir le Tarn près de Millau pour créer un maillon essentiel de cette autoroute A75. Le projet de viaduc surplombant les deux Causses a été choisi en 1996, de préférence à un pont moins haut et moins long, qui aurait nécessité le percement de tunnels dans une zone truffée de nappes phréatiques et de lacs souterrains, ce qui aurait couté encore bien plus cher. Le budget total de l'ouvrage a été évalué à 394 millions d'euros lors de l'ouverture. La réalisation et l'exploitation en ont été confiés au groupe Eiffage et il est géré jusqu'en 2079 par la Compagnie Eiffage du Viaduc de Millau (CEVM).
Deuxième site le plus visité de Midi-Pyrénées après Lourdes
L'afflux de millions de visiteurs qui a accompagné la phase de construction est largement retombé mais Millau est toujours "le deuxième site le plus visité de Midi-Pyrénées après Lourdes", avec 1 million de personnes par an attirées par le viaduc ou s'arrêtant pour le voir, estiment les responsables locaux du tourisme, la Chambre de commerce de l'Aveyron et l'exploitant, la Compagnie Eiffage du viaduc de Millau (CEVM).
"La renommée du viaduc attire désormais à Millau Chinois, Japonais ou Américains, conduits par les grands tour-operateurs, alors que les gorges du Tarn ne séduisaient en 2001 que les amoureux de nature français, néerlandais et allemands", déclare Laetitia Raisin, une responsable de l'office de tourisme. "Grâce au viaduc, les autocaristes ont inscrit Millau à leurs circuits en Aveyron au même titre que Roquefort, les gorges du Tarn ou les ensembles architecturaux des Templiers et Hospitaliers", explique-t-elle. "On voit même apparaître un tourisme culturel haut de gamme combinant Albi (au patrimoine mondial de l'Unesco), Rodez et son musée Soulages et le viaduc de Millau", ajoute Laetitia Raisin.
Du tourisme à l'industrie
Au-delà du tourisme, le viaduc a désenclavé la sous-préfecture où s'entassaient, contraints et forcés, les automobilistes de la route nationale les jours de grande transhumance. Il a constitué "un ballon d'oxygène pour toute l'économie locale", estime le président de la CCI de l'Aveyron, Manuel Cantos. Gérard Prêtre est fier de la zone d'activité qu'il a développée aux abords du péage et baptisée "Millau-Viaduc" : elle regroupe 40 entreprises et 450 emplois, "dont la moitié de créations nettes".
"Les entreprises vivotaient dans Millau. en les faisant monter sur le plateau à l'entrée de l'autoroute, on a permis à ces entreprises souvent liées au bâtiment de s'ouvrir des marchés de Nice à Bordeaux". Les collectivités ont donné un coup de pouce à l'activité en finançant les bâtiments des nouveaux implantés. De son côté, la CEVM a apporté 6 millions d'euros en 10 ans pour soutenir les projets d'aménagement, indique le directeur général de la CEVM, Emmanuel Cachot. Le viaduc ne constitue pas une panacée, reconnaissent les responsables économiques. Le chômage a comme ailleurs progressé depuis cinq ans, mais pour Manuel Cantos comme pour Gérard Prêtre, il a permis de "limiter la casse".
Le 10e anniversaire sera ponctué dimanche d'un feu d'artifice tiré aux abords du viaduc.
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