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Dans l'ex-bassin minier, la piscine publique de Bruay-la-Buissière joyau de l'Art déco

C'est l'une des rares piscines de son genre encore ouverte à la baignade en France.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
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La piscine extérieure de Bruay-la-Buissière, joyau de l'Art déco, est une des dernières de son genre toujours ouverte au public.  (DENIS CHARLET / AFP)

"Ville de Bruay, école de natation", peut-on lire sur le fronton de l'entrée triomphante aux deux colonnes cannelées de cette piscine inspirée des paquebots transatlantiques d'avant-guerre. Style monumental, structures en béton armé, surfaces planes, lignes droites, épurées et symétriques : la piscine publique de Bruay-la-Buissière, dans le Pas-de-Calais, joyau de l'Art déco au coeur de l'ex-bassin minier, est l'une des rares piscines du genre en France encore ouverte à la baignade.

Les usagers prennent un bain dans la piscine de Bruay-la-Buissière, près de Béthune, dans le nord de la France.  (DENIS CHARLET / AFP)

Avec ses deux candélabres sur l'avant, la piscine Roger Salengro, conçue pour les mineurs par l'architecte local Paul Hanote dans une approche "fonctionnaliste" et "hygiéniste", a été inaugurée en 1936 sous le Front populaire, en plein avènement du sport, des loisirs et des congés payés. Elle fait partie d'un ensemble, "le stade-parc", avec parc et stade d'athlétisme. "C'est un cadre exceptionnel, un peu de vacances dans une ville minière... Ca contraste !", sourit Marie-Christine, une habituée de cette piscine majestueuse ouverte de mai à septembre.

Un espace de loisir pour les travailleurs des mines


A sa construction, elle traduisait la volonté de la municipalité socialiste d'alors de "construire un espace dédié aux loisirs", dans lequel les mineurs pouvaient "venir se détendre" lors de leur "temps libre" et "apprendre à nager", relate Cindy Malassingne, guide à l'office de tourisme de Béthune-Bruay. Inscrite depuis 1997 à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques, cette piscine, dont l'entrée coûte au maximum 3,40 euros, a vocation depuis son origine à accueillir un public "le plus large possible".

Vue générale de la piscine de Bruay-la-Buissière (Pas-de-Calais). (DENIS CHARLET / AFP)

Installée au milieu des corons, elle a en effet été créée avec une "dimension sociale", sous "l'impulsion" de Léo Lagrange et "en réaction au sport élitiste avec la naissance du sport de masse", relate Christine Bongart, chargée de la protection des monuments historiques à la Direction régionale des affaires culturelles des Hauts-de-France. Souvent, "il a été reproché à l'Art déco d'être fait pour le grand bourgeois, mais il a pratiquement été conçu pour M. Tout-le-monde, le Français des couches populaires", affirme Emmanuel Bréon, conservateur et expert du mouvement artistique.

Style paquebot

Pour cette piscine de style "paquebot", courant "tardif" de l'Art déco, l'architecte s'est inspiré des grands navires: "les 246 cabines autour du bassin font penser à celles des grands transatlantiques, les oculus aux hublots, la chaufferie cubique aux grandes cheminées, les solariums aux bastingages", note Cindy Malassingne. "Le style paquebot, c'est permettre sur des petites surfaces de faire du grand", résume Emmanuel Bréon. Avec ses deux bassins symétriques de 33 m de long, sa pataugeoire en demi-cercle, ses plongeoirs, ses gradins et ses solariums, la piscine, d'une capacité d'accueil d'environ 700 personnes, s'inscrit aussi dans le "courant hygiéniste", avec une "nouveauté", les "pédiluves": "les utilisateurs ont l'obligation d'y passer pour éviter la propagation des maladies", explique Cindy Malassingne.

La piscine Roger Salengro, conçue  par l'architecte local Paul Hanote a été inaugurée en 1936 sous le Front populaire, en plein avènement du sport, des loisirs et des congés payés. (DENIS CHARLET / AFP)

Gérée par la Communauté d'agglomération de Béthune-Bruay, la piscine Roger Salengro, du nom du ministre de l'Intérieur du gouvernement de Léon Blum, "est tout à fait dans l'esprit Front Populaire" et cette idée de "vouloir développer la culture pour tous", de "permettre à chacun d'avoir une hygiène de vie" et de "se détendre", explique Emmanuel Bréon.  Elle répond ainsi aux préoccupations de l'époque : les "loisirs" et la "santé publique", ajoute-t-il, vantant un "très bel exemple" de l'architecture des années 30. Lors de la Première Guerre mondiale, la région des Hauts-de-France a été dévastée et "les reconstructions se sont alors faites dans ce nouveau style que les Français ont créé et qui va faire fureur dans le monde entier", explique Emmanuel Bréon. Après guerre, "on a envie de modernité, d'aération, d'épiderme blanc, pas de surcharge... l'Art déco va naître".

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