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Disparition de Régis Neyret, le journaliste qui a sauvé le Vieux Lyon des bulldozers

On lui doit la préservation du quartier du Vieux-Lyon et de son style Renaissance, le journaliste lyonnais Régis Neyret disparait à l'âge de 92 ans.

Article rédigé par Jean-François Lixon
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Régis Neyret en 2003 devant le qaurtier Saint-Georges, l'un des trois du Vieux Lyon (MAXPPP)

Avec du recul, Lyon et ses habitants se disent qu'ils l'ont échappé belle. Le décès à 92 ans du journaliste Régis Neyret leur rappelle qu'il s'en est fallu de peu pour que le magnifique et aujourd'hui très touristique quartier du Vieux Lyon, sur la rive droite de la Saône, ne soit rasé pour être remplacé par une autoroute et que ses bâtiments Moyen-Âge et Renaissance ne fassent place à des immeubles du style "front de Seine" à Paris.

La disparition de Régis Neyret
La disparition de Régis Neyret La disparition de Régis Neyret

Quartier  insalubre et mal famé

Quand le nouveau maire de Lyon, Louis Pradel, prend en charge la gestion de la Capitale des Gaules en 1957, un projet datant de son prédécesseur Edouard Herriot dort dans les tiroirs. Il s'agit de débarrasser la ville d'un de ses quartiers les plus vieux et mal famés, celui qui court entre Saint-Paul, Saint-Jean et Saint-Georges, au long de la rive droite de la Saône. Les bâtiments sont alors noirs de crasse, mal entretenus, insalubres et les petites rues reliées entre elles par les fameuses traboules lyonnaises sont hantées par la délinquance, voire la prostitution. Les édiles y voient donc l'occasion de donner un coup de jeune à la ville tout en éradiquant une pustule malséante.

En rasant le quartier, hormis la cathédrale Saint-Jean, bien sûr, et quelques bâtiments alentours, ils feraient place à une voie rapide à l'assaut de la colline de Fourvière, les bâtiments anciens s'affaçant au profit de rectangles de béton et de verre.

Dès 1946, une association qui sera présidée à partir de 1961 par Régis Neyret s'est préoccupée de l'avenir de ce quartier. "Renaissance du Vieux-Lyon" défend une réhabilitation générale. Derrière la déchéance apparente des bâtiments se cache une exceptionnelle richesse médiévale et Renaissance qui mérite d'être mise en valeur. Il faut remarquer la pertinence de ce regard porté, à l'origine, par un groupe d'étudiants amoureux de leur ville. 

L'un des bâtiments du XIIe siècle composant le Vieux Lyon (ISA HARSIN/SIPA)

Premier secteur sauvegardé par André Malraux

En 1962, le quartier devient le premier secteur sauvegardé par André Malraux, le premier ministre de la Culture. Terminés les projets de voie rapide et de destruction. Dès lors, les trente hectares et cinq cents immeubles que compte le Vieux Lyon sont sauvés. Musées, boutiques (pas de chaînes de vêtements), restaurants, hôtels de prestige, terrasses le quartier est, après Venise, le deuxième secteur renaissance préservé.

Loin d'être soi-même un musée, le Vieux-Lyon est aussi un lieu de vie où habitent sept mille personnes. Inscrit sur la liste du patrimone mondial de l'Humanité par l'Unesco en 1998, le Vieux Lyon s'est mué de coupe-gorge à passage obligé pour toute visite touristique de Lyon. C'est en grande partie à Régis Neyret et à ses amis que la ville le doit. Ils n'ont rien pu faire, en revanche, contre le projet abouti de Louis "zizi" Pradel de faire passer l'autoroute par la ville en creusant le tunnel sous Fourvière et en barrant la presqu'île de Lyon par l'horrible complexe de Perrache.

Régis Neyret, en plus de ses activités au sein de "Renaissance du Vieux Lyon" était journaliste, auteur de guides touristiques, et surtout un homme d'une grande humanité doué d'un humour qui n'avait pas fléchi avec l'âge.

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