Cet article date de plus de cinq ans.

Flèche de Notre-Dame : "le dernier état fait tellement partie de l’histoire qu’on peut difficilement l’effacer"

Selon Mathieu Lours, historien spécialiste de l’architecture des cathédrales, la flèche de la cathédrale Notre-Dame de Paris doit être reconstruite à l'identique.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La flèche de la cathédrale de Notre-Dame de Paris s'effondre, détruite dans un incendie, le 15 avril 2019. (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

"La doctrine la plus raisonnable serait de reconstruire la flèche à l’identique parce qu’on connaît très bien son dernier état", a jugé mercredi 17 avril sur franceinfo Mathieu Lours, historien spécialiste de l’architecture des cathédrales, et auteur d’un Dictionnaire des cathédrales, après l'incendie de Notre-Dame de Paris. Selon l’historien, "le dernier état connu est tellement connu, fait tellement parti de l’histoire de la cathédrale et est tellement l’œuvre d’un architecte de génie, Eugène Viollet-le-Duc, qu’on peut difficilement l’effacer." 

franceinfo : Edouard Philippe dit que l’objectif de la reconstruction est de "doter Notre-Dame d’une nouvelle flèche adaptée aux techniques de notre époque". Qu’est-ce que ça veut dire ?

Mathieu Lours : Il laisse ouvertes deux possibilités : la première, ce serait une reconstruction à l’identique mais pas avec les mêmes matériaux qu’au 19e parce que nous sommes au 21e siècle. L’autre idée qu’il laisse ouverte, c’est l’idée d’une flèche qui soit une création du 21e siècle. Parce que les deux choses sont possibles. Dans l’histoire des cathédrales, on a d’abord eu l’idée qu’on pouvait créer, l’idée, qu’on adaptait une cathédrale à son temps. Depuis le 19e siècle, on les a ‘patrimonialisé’ et on a essayé de récupérer lors des restaurations le dernier état connu. Là, on va voir ce que les architectes disent de ce débat qui est déjà très ancien.

On a du mal à imaginer quelque chose d’ultra-moderne sur Notre-Dame de Paris...

C’est pourtant ce qui s’est passé dans de nombreuses cathédrales qui ont une partie romane et une partie gothique. La doctrine la plus raisonnable serait de reconstruire à l’identique parce qu’on connait très bien son dernier état. Mais on peut discuter de la structure à lui donner.

La flèche qui s’est effondrée n’est d’ailleurs pas la flèche d’origine…

Non, c’est le dernier état connu. La flèche qui a été abattue en 1792, on pourrait effectivement la rétablir. On a des gravures, des peintures qui nous permettent de la connaître. Mais le dernier état connu est tellement connu et fait tellement parti de l’histoire de la cathédrale et est tellement l’œuvre d’un architecte de génie, Eugène Viollet-le-Duc, qu’on peut difficilement l’effacer. 

Est-ce que quelque-chose de trop moderne ne choquerait pas sur Notre-Dame de Paris ?

Ça choquerait mais le choc esthétique est aussi une manière de faire du beau. Donc il faut voir ce que les architectes vont proposer. Je pense que celui qui reconstruira Notre-Dame de Paris va faire date tout autant que Viollet-le-Duc et que les architectes du 12e et 13e siècle.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.